
Élisabeth Vigée Le Brun est devenue, dès 1778, la portraitiste officielle de Marie- Antoinette, elle a peint de nombreux tableaux de la Souveraine. Une de ses œuvres la plus célèbre est : « Marie-Antoinette à la rose »➊. Ce tableau, réalisé en 1783, met en évidence la grâce de la Reine 1. Il fait suite à une œuvre similaire, « Marie-Antoinette en gaulle »➋, réalisée quelques mois auparavant. Cette représentation avait choqué, du fait du port d'une robe de gaulle, un accoutrement considéré comme une tenue d'intérieur et jugée négligée par la cour 1-2. De ce fait, cette toile fut rapidement mise à l'index.
L'analyse de la face de la Reine, met en lumière plusieurs éléments, présents dans les deux toiles de Vigée Le Brun. Tout d'abord les yeux de Marie-Antoinette sont de couleur bleue, couleur qui a suscité bien des polémiques, certains considérant qu'il s'agissait d'un bleu vif tandis que d'autres, mettaient l'accent sur une couleur plus proche du gris 3-4. La lèvre inférieure est tombante, ce qui doit être mis en relation avec ses origines. Étant descendante des Habsbourg, il s'agirait donc d'un héritage de la maison autrichienne. Même si sa bouche est de petite taille, elle avait la lèvre inférieure « un peu forte », c'est-à-dire épaisse, tombante et avancée selon la Baronne d'Oberkirch 5.

Pour rehausser la beauté de ses lèvres, Marie-Antoinette avait recours à un rouge à lèvre, dénomination apparue au XVIIème siècle. Dès 1720, le rouge à lèvre est devenu très populaire, phénomène à mettre en relation avec le développement de soins dentaires quasi-inexistants auparavant. Même si cette nouvelle mode avait pour but de réhausser l'éclat de la bouche et accroître la blancheur des dents, il ne faut pas oublier que certains rouges à lèvres contenant du mercure ou du plomb étaient toxiques 6. Les pommettes de la Souveraine ne sont pas rouges du fait d'une rosacée, cette couleur est due au fait qu'elles sont mises en valeur par un fard qui leur donne cette coloration 3-4. Cependant, et contrairement à certaines dames de la cour, elle n'était pas partisane des joues rouges, qui étaient très prisées, la Souveraine préférait une légère touche de blush de couleur rose 4.
Marie-Antoinette avait un visage éclatant, sa fraîcheur et son charme étaient souvent relatés. La blancheur de son teint était favorisée par le recours à certains agents cosmétiques comme l'eau d'ange, dont la Reine raffolait, élaborée par Fargeon, son parfumeur 7. Cette eau contient du santal citrin, de l'iris, de la cannelle, de l'écorce de citron, de la muscade, de l'eau de myrte, de l'eau de rose, de la civette et du musc 8. Il est important de souligner que les dames de la cour, souhaitaient avoir un teint blafard, qui était un critère de jeunesse et de beauté. Pour parvenir à ce résultat, ces dernières absorbaient des tablettes d'arsenic qui contribuaient à développer une anémie. Cela réduisait leur espérance de vie, mais permettait d'avoir les faveurs des courtisans 8-9.
Enfin, la Reine avait les cheveux noirs et blonds, avec une implantation assez haute. Une alopécie post-partum était la cause de cette finesse 4.
Auteurs
Pierre FRANCES
Médecin généraliste
1 rue Saint Jean Baptiste
66650 Banyuls-sur-Mer
Carla BERNAL
Externe
34000 Montpellier
Guilhem DABOSI
Externe
34000 Montpellier
Sami MANJAOUI
Interne en médecine générale
34000 Montpellier
Bibliographie
1 ● Élisabeth Vigée Le Brun de G. Haroche-Bouzinac
Ed. Gallimard 2015.
2 ● Vigée-Lebrun et Marie Antoinette de C. Berly
Ed. Art Lys 2015.
3 ● Marie-Antoinette de CE. Vial Ed. Perrin 2024.
4 ● C'était Marie Antoinette de E. Lever Ed. Fayard 2006.
5 ● Mémoires de la Baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 Ed. Mercure de France 2021.
6 ● La folle histoire du rouge à lèvres de R. Kahn, C. Fort
Ed. Herscher 2023.
7 ● Jean-Louis Fargeon, parfumeur de Marie-Antoinette de E. de Feydeau
Ed. Perrin 2005.
8 ● L'eau de rose de Marie-Antoinette et autres parfums voluptueux de l'Histoire de E. de Feydeau Ed. Prisma 2017.
9 ● Mémoires du Duc de Luynes sur la cour de Louis XV (1735-1758) de CP. d'Albert Luynes Ed Hachette 2014