Ton premier jour d’interne mes débuts en tant qu’interne de psychiatrie

Publié le 26 May 2022 à 14:56

  
TON PREMIER JOUR D’INTERNE

Novembre est la période du changement d’année de D.E.S. C’est aussi à ce moment que les nouveauxinternes font leurs premiers pas.
La psychiatrie est une spécialité qui n’est abordée que superficiellement lors de l’externat. Le néo-internea encore beaucoup à apprendre, il fait ses premiers pas, avec plus ou moins d’appréhension. Il découvre parfois un milieu particulier, avec des patients aux parcours tout aussi particuliers.

Et vous, vous souvenez-vous de vos débuts ?
Le nouveau bureau de l’AFFEP s’est prêté au jeu !

Novembre 2014, 1er jour d’interne. Après 1heure 15 de voiture, arrivée sur mon lieu de stage. Le lieu ne m’était pas inconnu car j’étais venue quelques jours auparavant me présenter au chef de service, mais, j’appréhendais quand même cette première journée (devais je commencer tout de suite les entretiens ? seule ? ou avec des infirmiers ? quel patient ?...). Cette appréhension s’est vite dissipée grâce à la bonne ambiance et au dynamisme au sein du service Avec le soutien de l’équipe, la pédagogie du chef, j’ai pu rapidement trouver ma place et m’autonomiser progressivement. Je n’aurai pu rêver meilleur premier semestre et je ne remercierais jamais assez l’ensemble de l’équipe de Maubeuge et les patients que j’ai croisé !

Présidente
Audrey FONTAINE
Interne à Lille

Mon premier jour d’interne ? C'est le jour où je suis rentrée en prison, et de mon plein gré !
(Enfin, c’était plutôt le deuxième jour. Car après l’accueil des internes de la rentrée on était allés acheter des plantes pour l’internat en bons internes de psy qui se respectent).
Je me souviens de ma première prescription, effectuée dans les règles de l’art AMM, après avoir épluché le Vidal, c’était… du Xanax ! 2 ans plus tard cette époque des débuts paraît bien lointaine.
Un médecin m’avait dit au début du semestre “Bienvenue, et attention car travailler ici c’est contagieux”. Je crois aujourd'hui qu’elle avait raison, je vais sûrement récidiver !

Vice-presidente
Clementine HENRY
Interne à Montepellier

De ma perspective, faire ses premiers pas d’interne en psychiatrie c’est l’apprentissage d’une nouvelle façon de marcher. Ça commence par réapprendre à faire des entretiens médicaux. Je n’avais jamais conduit d’entretiens psychiatriques avant le début de mon internat, ce qui a été pour moi le premier challenge. Ici, pas de règle absolue hormis qu’il faut être souple et adapter sa propre dynamique au patient et à sa pathologie. Autant dire qu’après des conseils riches en images de certains professeurs que j’avais pu avoir (« conduire un entretien c’est comme explorer une chambre sombre avec sa lampe torche », « c’est comme tailler un sculpter un bloc de pierre avec son marteau et son burin », « comme faire un combat de judo »), j’avais la tête remplie de métaphores mais je ne savais toujours pas ce que j’allais dire au patient. Bien que je comprenne désormais le message, pour mon premier vol en solo je suis resté extrêmement scolaire face à ma première patiente délirante chronique qui, si je me souviens bien, voulais interrompre ses traitements médicamenteux pour tenter d’introduire une monothérapie en balnéo !
Bref, à toi jeune interne, garde en tête ces mots savants : « tu ne sais rien Jean Neige ».

Secretaire
Hugo TURBÉ
Interne à Lyon

Alors, je tenais à vous faire dédramatiser la première garde. Personnellement, j’ai toujours voulu faire de la psy et ce fut une vraie déception, quand j’ai appris, le premier jour de stage, qu’il fallait gérer le somatique pendant les gardes. Les chefs, très rassurants, nous expliquent qu’elles sont plutôt tranquilles sur l’hôpital avec la confirmation des internes passant en garde la première semaine.
 Et là, arrive ma garde… avec une patiente en arrêt cardio-respiratoire, qui est décédée ; un malaise où du coup, paniquée j’appelle les urgences somatiques qui m’envoient bien balader ; une colique néphrétique et plein d’autres dont, à 3h du matin, alors qu’il fallait juste faire l’examen d’entrée en CI, une magnifique tachycardie jonctionnelle qui a vite dégénéré. Et là j’ai découvert que : quand tu as un souci, le SAMU est ton ami !!!
Bref, vous l’aurez compris, ça n’aurait pas pu être pire mais du coup ça m’a permis de comprendre que l’essentiel c’est de faire de son mieux et de passer la main quand tu as un doute. L'avantage pour les gardes suivantes, c’est que je n’avais plus aucune pression, elles ne pouvaient pas être pires !
Sur ce, je souhaite à nos nouveaux internes une bonne première garde en espérant que le chat noir soit... votre co-interne.
Et si c’est vous, n’oubliez pas que le seul objectif de la garde est de survivre jusqu’au lendemain !

Trésorière
Caroline BEVALOT
Interne à Lyon

Deuxième semestre, plusieurs gardes derrière moi et un peu plus d’assurance. Je commence ma garde, un samedi matin à 9h, sous la chaleur déjà écrasante de ce mois de septembre.
A peine ma blouse enfilée, le téléphone sonne. « Pouvez-vous venir ?
Une patiente a fait un malaise, on lui a pris les constantes, sa tension baisse, et elle est dyspnéique ».
Je me dirige donc rapidement vers le service, après avoir reconnu le nom d’une patiente que je connaissais. J’arrive. Effectivement, la dame n’est pas bien, perd connaissance toutes les trois minutes, a une tension en-dessous des normes. Dans son dossier, je vois qu’elle a une maladie de Takayasu, une insuffisance rénale, une hyponatrémie. Je me dis que je vais demander un avis SAMU. En attendant je demande aux infirmiers de la perfuser…
J’attends le SAMU. Un peu stressée. Même si la tension se normalise petit à petit. J’entends quelqu’un entrer dans le poste de soins.
Un homme sans blouse s’approche de moi et me demande ce qui se passe. Il me dit vaguement quelque chose, mais je ne mets pas de nom sur son visage.
L’adrénaline jouant (peut-être est-ce un patient ? Ou un intrus entré là parce qu’il a vu de la lumière ?), je lui demande de manière quelque peu abrupte : « Mais vous êtes qui Monsieur?».
En rigolant, il me répond : « Je suis Nicolas P., chef de ce service ». (Et oui le samedi dans certains services, il y a des chefs d’astreinte…).
Je m’excuse alors de ma méprise, lui expliquant que je suis un peu stressée. Il rit et me dit qu’il aurait dû effectivement porter une blouse.
Le SAMU arrive, la patiente est mieux, mais est malgré tout transférée aux urgences au vu du contexte

Coordination Nationale
Anaïs CARRÉ
Interne à Paris

Mon premier stage était dans un service de secteur fermé dans un hôpital psychiatrique. Je n'avais jamais fait de stage en psychiatrie hormis aux urgences, je suis donc arrivée avec tous les préjugés sur la psychiatrie que l'on peut entendre dans la société.
Au bout d'à peine 30min, toute l'équipe a couru pour entraver un patient qui s'agitait, tout cela dans les cris. (Pour l'anecdote, il avait eu une relation sexuelle avec une patiente maniaque++ la nuit d'avant et l'entretien où il s'est fait reprendre sur son comportement s'est mal passé).
Quand ma chef m'a dit "olala tu vas avoir une mauvaise image de la psychiatrie, c'est pas comme ça tous les jours", j'étais très étonnée car je pensais que ce serait pourtant comme ça la plupart du temps ! Et puis, par la suite, j'ai compris qu'en fait il y avait beaucoup moins de violence dans les services de psy que tout ce que j'avais imaginé par les situations auxquelles j’avais assisté aux urgences !

Coordination Syndicale
Albane PELLUET
Interne à Grenoble

J’ai eu la chance de commencer mon internat à Compiègne, dans l’Oise, dans un service qui prend grand soin des internes. Un médecin psychiatre de l’unité dans laquelle je débutais me fait visiter les différentes structures avec lesquelles j’allais pouvoir travailler, comme le CMP.
C’est là-bas, au CMP, que j’ai rencontré pour la première fois le Dr Filipo, ancien chef de pôle ayant de longues années d’expériences derrière lui.
D’habitude d’un calme impressionnant, je l’ai vu ce jour-là en colère, le visage rouge et le ton ferme. Il était au téléphone et tenatait de protéger son équipe infirmière qui risquait de se disloquer. On voyait que cela lui tenait à coeur et qu’il se jetait corps et âme dans la bataille.
En raccrochant son téléphone, il me salue, me souhaite la bienvenue et me dit ceci : « Etre psychiatre ce n’est pas seulement être un bon clinicien. Le fait aussi de savoir défendre et protéger son équipe et ne pas oublier qu’on est garant de l’institution dans laquelle on travaille ».
C’était, dès mon 1er jour d’internat, un très bel exemple de ses propos.

Déléguée EFPT
Laura KREMERS
Interne à Amiens

31 octobre 2015. Je décide de m'installer à l'internat la veille du début de stage, m'attendant à y rencontrer mes futurs co-internes et à pouvoir décompresser un peu.
Au lieu de ça, je me retrouve plongée dans un mauvais film d'horreur : en plein milieu de la campagne, j'entre dans un hôpital dont l'allée est interminable et brumeuse, des corbeaux rôdent autour d'une chapelle en ruine, je rejoins un internat caché au fond d'un bois. Le carrelage en damier rappelle la déco de Shining. Il n'y a personne, les autres internes arriveront demain. Happy Halloween et bon courage à tous, n'ayez pas peur !

Déléguée EFPT
Valentine GALANTAI
Interne à Nantes

Mon premier chef de service (ou maître selon l’expression consacrée) me relatait souvent cette anecdote d’un patient qui, en parlant de son traitement, lui avait dit qu’il était comme un radiateur, tant qu’il était allumé, il ne s’apercevait pas qu’il était là, mais c’est lorsque qu’il manquait qu’il se souvenait de son utilité. Cette anecdote m’a longtemps hanté et me hante toujours.
Et ce n’est que l’hiver suivant n’ayant malheureusement pas de chauffage dans mon logement, et me rappelant de ces sages paroles, que j’ai décidé de dormir avec des chaussettes.

Déléguée EFPT
Charles SO
Interne à Tours

Veille du premier jour d’interne. Dimanche soir, nuit tombée, 100 km de chez moi, un brouillard à couper au couteau… Nouvelle ville, nouveau CH. La peur de l’inconnu. L’angoisse des nouvelles responsabilités. La  crainte de l’hypothétique erreur médicale.
Une seule connaissance, connaissance de 30 minutes au moment des choix. Mais c’est mon seul point d’ancrage, mon seul invariant, elle l’est toujours.
Puis finalement, premier jour. Rencontre avec mon chef. Je ne comprends pas ce qu’il dit, son vocabulaire analytique et phénoménologique, je me demande si un jour je pourrais déchiffrer. J’acquiesce sans comprendre. Rencontre avec les équipes, froideur niveau zéro absolu.
Première garde – blanche – je suis reconnaissant. Premier livre de psychiatrie générale, anxiolytique puissance mille. Finalement, j’en garde de très bons souvenirs. La route est longue, pleine de rebondissements, riche en émotions.

Webmaster
Thomas BARBARIN
Interne à Dijon

Dans sa pratique d’interne au quotidien, on effectue plusieurs tâches de manière naturelle : prescrire des traitements, mener des entretiens… qu’on en oublie ses propres interrogations de néo-interne : « Comment savoir quel médicament prescrire ? », « Comment avoir autant de répartie lors des entretiens avec les patients ? Que leur dire ? ». Ma 1ère journée d’interne a été… ma 1ère journée de Faisant Fonction d’Interne, l’été de ma D4. Face à mes interrogations, ma médecin sénior m’avait alors donné un conseil dont j’essaie toujours de me souvenir lorsque je doute de moi : « En psychiatrie, il y a autant de prises en charge que de psychiatres. Aucune n’est plus valable que l’autre, tant qu’il existe une certaine logique et cohérence. Quoi que tu fasses, ce sera toujours une bonne prise en charge. Reste fidèle à toi-même. ».
A mesurer bien évidemment !

Communication
Mélanie TRICHANH
interne à Dijon

Vous-êtes vous déjà posé cette question fondamentale pour notre pratique quotidienne :
Combien de psychiatres faut-il pour changer une ampoule ?
Un seul, mais il faut que l'ampoule ait vraiment envie de changer

Webmaster
Pablo CARRILLO
Interne à Lyon

Propos recueillis par
Mélanie TRICHANH
Dijon

Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°21

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