Actualités : Service de santé des armées-Quand médecine et armér ne font qu’un

Publié le 18 août 2025 à 14:39
Article paru dans la revue « ISNI / ISNI » / ISNI N°34

Cyril est interne en médecine générale au sein du Service de Santé des Armées.

Il se définit autant interne en médecine que militaire et vice-versa. Un cursus très exigeant et méconnu qu'il souhaite mettre davantage en lumière.

Capitaine et docteur. C'est le double titre qui l'attend. Pour le moment, Cyril est plus humblement Lieutenant et interne en médecine, deux fonctions indissociables à ses yeux. Une double carrière peu connue des civils. « L'école de Santé des Armées (ESA) fait partie des grandes écoles de La Défense, comme le sont l'École Polytechnique, Saint Cyr ou Navale mais ces dernières sont bien plus connues », fait-il remarquer.

Lui-même a découvert ce cursus un peu par hasard… Certes, il souhaitait depuis longtemps devenir médecin mais c'est un ami étudiant, réserviste pendant l'été, qui le motive à le rejoindre et à découvrir l'univers militaire. Il fait la connaissance d'un capitaine médecin, qui lui confirme son choix d'être médecin et militaire. « Cela correspondait à mes valeurs et alliait mes passions : la médecine, le sport et la découverte d'autres horizons. ». Cyril est aussi attiré par la polyvalence des missions sur le terrain et la diversité des formations médicales et militaires qui peuvent enrichir sa carrière. « Nous pouvons être un jour sur le terrain puis être de retour en caserne, partir en Guyane quelques mois après, …». Il nuance tout de suite ses propos : « nous ne choisissons pas nos missions, nous sommes au service de la France. Cela implique que ce n'est pas notre volonté qui prime, c'est celui de l'intérêt de la France ».

Côté formation, une fois médecin, il peut suivre d'autres formations et changer de corps. Actuellement incorporé à l'armée de Terre, Cyril n'exclut pas un jour de passer la formation pour être médecin aéronautique dans l'armée de l'air ou celle de la marine.

Nous vivons tous ensemble 24/24
Le concours d'entrée de l'école de Santé des Armées (ESA) est très exigeant. Au niveau Bac, seuls 120 étudiants sont admis pour environ 1800 candidats. Autre porte d'entrée tout autant sélective : le concours dit collatéral réservé aux étudiants ayant validé leur première année de médecine. À ce concours « nous devons être meilleurs que le dernier pris du classement civil », précise Cyril. L'ESA fait partie des Écoles Militaires de Santé de Lyon-Bron (EMSLB) avec l'École du personnel paramédical des armées (EPPA). Un vaste « campus » qui réunit plus de 1000 élèves avec toutes les infrastructures nécessaires à leur double formation. Côté médecine, les aspirants médecins suivent « les mêmes cours, le même concours et les mêmes examens que ceux du civil, précise Cyril. La seule différence, c'est notre statut militaire ». Il insiste sur l'esprit de corps au sein des promotions aux « petits » effectifs de 90 à 130 externes et des avantages de ce cursus : « pendant l'externat, nous sommes logés, ce qui signifie que nous vivons tous ensemble, 24/24, unis par les mêmes valeurs… Forcément, ça rapproche ! ». Des promos qui se serrent les coudes face à leur parcours intensif. Car leur statut militaire implique 1800 heures supplémentaires de formation, réparties tout au long de leur parcours en médecine, notamment sur les temps des vacances étudiantes. En effet, au-delà de leur expertise médicale, les futurs médecins militaires « doivent être compétents sur le plan militaire, le grade engageant des responsabilités envers nos soldats », souligne Cyril. Des heures de formations dont il parle avec passion. Il est déjà parti en stage en Guyane, a effectué un commando et fait FFI dans un hôpital militaire en Afrique sans oublier sa mission Résilience dans le cadre du Covid-19 au sein de l'Élément Militaire de Réanimation à Mulhouse. Une juste continuité dans son engagement.

« Au plus près, au plus vite, au mieux »

Aux ECN, 20 % des internes militaires optent pour une spécialité (chirurgie, cardiologie, anesthésie-réanimation, ophtalmologie, dermatologie, etc.), les autres pour la médecine générale, « la médecine des forces », comme l'a fait Cyril. Avec, là encore, une spécificité : le médecin généraliste est aussi médecin du travail.

« Nos journées sont consacrées aux consultations mais aussi aux visites médicales d'aptitude avant une mission par exemple et à la prévention, explique le jeune Lieutenant. Ce dernier point est moins connu alors qu'il est essentiel pour la sécurité du soldat mais aussi pour la sécurité d'un exercice ou d'une opération ».

Celles et ceux qui choisissent la voix de la médecine militaire sont aussi attirés par les opérations extérieures, ou OPEX dans le jargon militaire, interventions des forces militaires françaises en dehors du territoire national. En OPEX, le médecin commande son équipe d'infirmiers et auxiliaires médicaux. Tous ont un rôle bien défini dans la chaîne santé, très structurée (lire encadré)

« Assurer les soins des militaires blessés au plus près, au plus vite, au mieux, c'est la doctrine du service de Santé des Armées », explique Cyril. Et d'ajouter : « c'est le damage contrôle qui garantit les meilleures chances de survie et le minimum de séquelles. ». En cas de blessé, lors d'un exercice ou en mission, le SSA accompagne le militaire jusqu'à sa récupération complète au sein d'un des huit hôpitaux d'instruction des armées (HIA) de France. C'est dans ces hôpitaux qu'exercent les médecins spécialistes militaires, sans oublier l'activité de recherche de l'Institut de Recherche Bio Médicale des Armées (IRBMA). Un service de santé diversifié et pluriel.

En savoir plus sur
https://www.defense.gouv.fr/sante

La chaîne de santé en opération extérieure
Le SSA est présent sur les théâtres d'opérations extérieures comme en métropole. Il accompagne ses hommes de la blessure jusqu'à la réhabilitation et à la réinsertion.

Pour une meilleure efficacité, plusieurs types de structures assurent le suivi médical des blessés tout au long de la chaîne santé, du « rôle 1 » au « rôle 4 ».

1.   Au sein même des unités de combat sont présentes des équipes sanitaires composées de médecins et de personnels paramédicaux formés à la prise en charge de polytraumatisés (rôle 1). Ils disposent de moyens mobiles, adaptés et performants, servis par des personnels habitués à l'urgence et entraînés aux conditions les plus difficiles.

2.   Des structures hospitalières légères (rôle 2) sont placées au plus près des unités de combat et permettent le traitement des extrêmes urgences par des anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens entraînés à agir dans des situations extrêmes.

3.   Les évacuations sanitaires précoces et systématiques, fer de lance du soutien médical français, prévoient l'acheminement des blessés vers les hôpitaux plus importants, comportant en outre d'autres spécialités (rôle 3). Durant ces évacuations, essentiellement effectuées par voie aérienne, le blessé bénéficie d'une assistance médicale constante.

4.   Une fois stabilisé, celui-ci est rapidement rapatrié par les équipes d'évacuation médicale par voie aérienne (MEDEVAC) jusque dans l'un des 8 hôpitaux d'instruction des armées en métropole pour le traitement définitif.

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