
Audition de l’Association des Jeunes Gériatres Hospitaliers à l’Assemblée Nationale 6 Septembre 2017 Députées : Mme Monique IBORRA, rapporteure (LREM), Mme Mireille ROBERT (LREM), Mme Caroline FIAT (LFI) AJGH : Dr Arnaud CAUPENNE, Dr Sophie SAMSO
L’audition a pris la forme d’une discussion durant laquelle plusieurs sujets ont été abordés.
Qu’est-ce que la gériatrie, l’apparition de la nouvelle maquette de Diplôme d’Etudes Spécialisées dès novembre 2017. Explication de la composition de la maquette et de la durée de l’internat. Qu’est-ce qu’un gériatre, son rôle, ses compétences, son action dans le dépistage des fragilités et la prévention des décompensations. Nous insistons sur le coté « couteau suisse » lui permettant de remplir l’ensemble des fonctions au service du sujet âgé. La place du gériatre dans un lieu de vie au même titre que dans un lieu de soins.
A la question « le gériatre peut-il être médecin coordonnateur ? », nous avons répondu oui. Nous avons insisté sur la nécessité d’un médecin formé à la gériatrie (ce qui est le cas la plupart du temps dans les EHPAD), sensibilisé aux problématiques de prise en charge globale, de iatrogénie et de gestion de santé publique dans sa structure.
Nous avons abordé la problématique du manque de formation des soignants, médicaux et paramédicaux, notamment concernant la question des troubles cognitifs et des troubles du comportement. Dans cette thématique, à la question de la députée Caroline Fiat (ancienne aidesoignante de nuit en EHPAD privé), nous avons répondu que nous soutenions la formation ASG (assistant de soins en gérontologie) pour tous et toutes. La mission de formation des soignants et infirmièr(e)s peut être accomplie par le médecin coordonnateur. Nous avons souligné que le système de financement actuel n’encourageait pas ces formations. De plus la définition de la dépendance et de la polypathologie par les scores GIR et PATHOS, servant à définir les besoins (plutôt matériels) de l’établissement, ne prennent pas en compte le soutien psychologique, l’écoute et l’accompagnement des résidents par les professionnels au quotidien.
La problématique de la présence d’un(e) infirmier(e) la nuit a aussi été soulevée par tous les autres corps de professionnels rencontrés dans le cadre de la mission « flash ». Nous sommes allé dans ce sens, en précisant que cette présence ne pourrait être que bénéfique pour les résidents : sécurisation du personnel, soins palliatifs en EHPAD, possibilité d’un accueil d’hébergement d’urgence, limitation des passages aux Urgences la nuit (et hospitalisation dans les services d’Hospitalisation Courte des Urgences car retour en EHPAD impossible), diminution de la durée de séjour des résidents hospitalisés (d’autant plus que le nouveau décret de financement prévoit de diminuer l’enveloppe de la dotation soins au bout de 3 jours d’hospitalisation d’un résident). Nous avons néanmoins insisté sur l’importance de doter les établissements d’un financement suffisant pour ces soignants en plus (compensation en regard de journées d’hospitalisation évitées).
La place des établissements privés et leur fonctionnement financier. Nous avons proposé l’idée d’un organisme payeur public unique afin de simplifier le calcul des budgets, de mieux anticiper l’avenir et d’effacer les disparités entre départements concernant les dotations. Nous avons proposé que la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) joue ce rôle. Ainsi cet organisme qui gère déjà en partie les aides à domicile pourrait avoir une vision globale de la gestion santé et dépendance du sujet âgé en extra hospitalier. Cela permettrait d’enlever cette charge aux départements et aux ARS, qui, à ce jour, essayent de tirer les financements des EHPAD vers le bas. La méthode de calcul des budgets est aujourd’hui extrêmement complexe et ne permet pas aux établissements d’établir des projets sur le long terme. Elle favorise, de plus, nettement, les établissements privés alors que l’effort devrait être fait sur les établissements publics. Il est également nécessaire de créer un organisme de contrôle du fonctionnement des établissements et notamment du respect de leurs engagements concernant les places d’aide sociale. De la même façon, nous avons souligné la problématique des traitements qui coûtent cher et qui impactent l’enveloppe soins. La prescription de ces traitements est un frein à l’acceptation des malades dans les établissements publics. Il existe une liste de traitement dits « en sus », qui entraînent une dérogation à l’enveloppe soins de l’établissement. Cette liste mérite d’être redéfinie et réactualisée rapidement.
Enfin, la députée Monique Iborra nous a demandé si nous avions une idée du modèle de l’EHPAD de demain. Notre jeunesse et notre optimisme nous on fait répondre un grand OUI. Il faut repenser les établissements, les moderniser et leur donner les moyens de réaliser des projets sur le long terme en revoyant leur financement. Il faut également que les établissements s’ouvrent sur la ville et brisent cette limite aides à domicile/EHPAD. Il est également important de revoir le ratio soignant/résident. Les besoins des personnes âgées changent, et il appartient aux professionnels, accompagnés des pouvoirs publics, de se former et de s’adapter à ces nouveaux besoins. Mais un EHPAD accueillant, redevenant un vrai lieu dans lequel nous avons plaisir à vivre, est possible ! De la même manière, nous avons évoqué la nécessaire adaptation environnementale et des professionnels pour la prise en charge des résidents handicapés vieillissants ou atteints de pathologie psychiatrique, actuellement pris en charge mais pas de manière OPTIMALE. Cette remarque a été appuyée par la députée Caroline Fiat.
Dans la société actuelle, l’image du soignant auprès des personnes âgées est négative, et les professionnels en souffrent. Nous pensons qu’il faudra du temps pour que cela change. Nous avons exprimé que nous étions motivés pour agir dans ce sens et optimistes pour l’avenir.
- Le compte-rendu complet de la communication de Mme Monique Iborra, rapporteure de la mission « flash » sur les EHPAD, en date du 13 septembre 2017 est disponible sur le site de l’Assemblée Nationale. http://www2.assemblee-nationale.fr/static/15/commissions/CAffSoc/Mission_flash_EHPAD_communication_rapporteure_20170913.pdf
Article paru dans la revue “La Gazette du Jeune Gériatre” / AJG N°16

