Dates clés
En 1895 : Wilhelm Conrad Röntgen découvre les rayons X en Allemagne, révolutionnant les techniques médicales par la possibilité de visualiser l'intérieur du corps humain.
En 1896 : Victor Despeignes, à Lyon, utilise pour la première fois les rayons X pour traiter un cancer.
En 1897 : Antoine Béclère installe le premier appareil de radioscopie dans un hôpital à Paris.
En 1898 : Pierre et Marie Curie découvrent le radium en décembre.
En 1900 : Otto Walkhof et Friedrich Giesel en Allemagne observent les effets biologiques du radium sur la peau et les comparent à ceux des rayons X.
En 1901 :
• Pierre Curie et Henri Becquerel publient sur l'action physiologique des rayons du radium.
• Henri Danlos, un dermatologue de l'hôpital Saint-Louis à Paris et connaissance de Pierre Curie, publie ses résultats sur le traitement du lupus par le radium.
• Développement de la radiothérapie profonde par Perthes, un médecin allemand.
L'art du rayonnement
Georges Chicotot
Il a fallu moins d'un an après la découverte des rayons X en 1895 pour que leur première application médicale thérapeutique apparaisse en juillet 1896. Les rayons X ont ouvert de nouvelles perspectives en diagnostic, permettant des analyses immédiates, sûres et précises.
Artiste et médecin, Georges Chicotot a utilisé ses compétences en peinture pour décrire les débuts de la radiologie. Il a cherché à représenter fidèlement les scènes médicales de son époque, notamment dans son rôle de chef du laboratoire de radiologie à l'hôpital Broca après 1908. Chicotot a appliqué une rigueur géométrique dans ses œuvres, en utilisant des axes verticaux et des plans successifs pour structurer ses tableaux. Il a illustré les séances de radiologie comme des événements impressionnants et novateurs, marqués par une atmosphère particulière due à l'émission de lumière et de sons par les appareils utilisés.
L'origine de la curiethérapie
En décembre 1898, Marie et Pierre Curie identifient le radium, un nouvel élément chimique. Suite à cette découverte, de nombreux expérimentateurs ont rapidement observé, et même testé sur eux-mêmes, les effets de ce nouvel élément sur la peau :
• Henri Becquerel qui a subi une brûlure accidentelle après avoir porté un sachet de poudre de radium dans la poche de son gilet.
• Pierre Curie qui a expérimenté les effets du radium en appliquant un sel de radium dans un sachet de gutta-perca sur son avant-bras gauche pendant une dizaine d'heures.
Le Dr Ernest Besnier, dermatologue français, est crédité de l'idée de traiter certaines maladies de la peau avec les rayons du radium. Les lésions traitées étaient par exemple : les cicatrices chéloïdes, les lupus tuberculeux, les verrues, durillons, cors, papillomes, eczéma, psoriasis… Et en parallèle, le radium commence à être proposé pour traiter des cancers cutanés.
Dans les années 1910, Marie Curie, à la tête de l'Institut du Radium, collabore avec le Dr Regaud de l'Institut Pasteur pour développer la curiethérapie. Cette méthode utilise de fines aiguilles de radium pour cibler localement les tumeurs cancéreuses.
Durant la guerre 14-18, le radium est utilisé pour le traitement des plaies de guerre fistuleuses, atones, torpides qui résistent aux méthodes thérapeutiques conventionnelles.
Anecdote
Radium Girls
Après la Seconde Guerre mondiale, la radiothérapie a connu une expansion significative avec le développement de deux méthodes principales : la radiothérapie externe, effectuée avec des tubes émettant des rayons X, et la curiethérapie qui utilise des sources radioactives et qui peut se faire de deux manières : la plésiocuriethérapie, où les sources radioactives sont placées au contact des lésions, et l'endocuriethérapie, qui implique l'implantation des sources directement dans les lésions.
Et c'est dans les années 20-30 que la plésiocuriethérapie au radium explose ! Avec des résultats indéniables… Mais les préoccupations de radioprotection n'étaient pas encore d'actualité…
En France, l'arrêté n°76-16 714 du 5 octobre 1976 a mis un terme à l'utilisation du radium. Mais la relève a été assurée avec de nouveaux radio-éléments artificiels : Iridium 192, Césium 137, Au 198, Iode 125.
Les progrès significatifs en curiethérapie ont conduit à l'abandon de l'implantation directe de matériaux radioactifs au profit d'une technique où la source est chargée de manière indirecte par des substances radioactives. Initialement, la méthode d'irradiation continue a été supplantée par le « Pulsed-dose rate » (PDR), une technique conçue pour imiter les avantages de l'irradiation continue tout en allégeant les contraintes pour le patient. Cette méthode consiste en quelques minutes d'irradiation par heure en utilisant une source scellée d'Iridium 192, garantissant presque une protection optimale pour les soignants. Par la suite, la méthode « High-Dose Rate » (HDR) a encore diminué le temps des séances à quelques minutes, offrant une plus grande flexibilité dans la personnalisation des doses d'irradiation sur des zones ciblées. L'avènement de l'informatique a marqué un tournant avec le remplacement des calculs manuels par des logiciels de dosimétrie, aboutissant aux méthodes de dosimétrie modernes et avancées actuellement en usage.
Conclusion
Même en 2024, à l'ère de la radiothérapie stéréotaxique, du Cyberknife, de la Tomothérapie et des traitements par protons, la curiethérapie se distingue souvent comme la forme de radiothérapie conformationnelle la plus efficace. Elle offre un avantage significatif avec l'endocuriethérapie, car ses résultats ne sont pas affectés par les mouvements du patient ou les mouvements internes des organes.
Pour aller plus loin
Visite guidée du Musée Curie – 21 rue Tournefort 75005 Paris
Lucie HOUDOU
Interne oncologie-radiothérapie
Trésorière SFJRO (Société Française des Jeunes Radiothérapeutes Oncologues)
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