Le projet a initialement été porté par 5 radiologues, chefs de cliniques aux Hospices Civils de Lyon. En 2008, le livre Blanc de la télémédecine de Pierre Simon avait posé les bases des 1ères règles de la télémedecine en France, ce qui a permis de lancer le projet Imadis. Parmi les éléments fondateurs de ce projet :
- L’envie de mutualiser, au travers d’une organisation téléradiologique, les moyens humains radiologiques, dans un contexte de pénurie radiologique hospitalière.
- La certitude que la spécialisation était une clé importante, et que l’imagerie d’urgence en téléradiologie nécessitait une organisation très spécifique.
- L’envie de fixer des standards de qualité élevés, afin de rendre ce nouveau mode d’exercice d’emblée pertinent. En travaillant notamment en centre dédié à la téléradiologie et non à domicile, nous voulions par exemple satisfaire à l’obligation de moyens (consoles dédiée, PACS avec outils de post-traitement avancé, maîtrise de l’environnement technique…).
La 1ère garde a eu lieu en juillet 2009. Après quelques années, l’augmentation de l’activité a justifié de travailler en équipe. Le centre de garde de Lyon a donc été repensé sur le modèle des salles de régulation du SAMU.
Aujourd’hui, l’activité de garde téléradiologique de plus de 50 hôpitaux (jusqu’à 250 patients par nuit en scanner et IRM) nécessite jusqu’à 8 radiologues de garde la nuit présents dans un des centres de garde Imadis. Si le centre de garde historique est à Lyon, un deuxième centre de garde, construit sur le même modèle a été ouvert en collaboration avec de jeunes radiologues partageant notre vision à Bordeaux en septembre 2018.
Ce travail en équipe (mono site puis multisite) est aujourd’hui la clé de voûte de notre activité radiologique. Chaque équipe de garde est dimensionnée en fonction de l’activité et comporte un radiologue “chef de garde”, qui assure le management de l’équipe de garde et qui est en charge de toute décision importante éven tuelle en cours de garde. Les radiologues les plus expérimentés jouent, successivement, sur des tranches horaires prédéfinies, le rôle de “radiologue régulateur”. Le radiologue régulateur est en charge de la gestion des appels entrants, des protocoles. En ayant un oeil permanant sur la liste des tâches, le radiologue régulateur permet au reste de l’équipe de se concentrer exclusivement sur la prise en charge des patients, et s’assure de la bonne priorisation des dossiers par l’ensemble de l’équipe.
Cette organisation de l’équipe de garde nous permet des échanges médicaux, entre radiologues, dès que nécessaire. Elle nous permet de gérer sereinement tout pic d’activité, quelle que soit l’heure de la garde, et de fait, de sécuriser les radiologues dans leur activité d’urgence.
Mais le modèle d’équipe de garde téléradiologique a aussi été l’occasion d’intégrer, sur le mode du remplacement libéral, des jeunes radiologues motivés par l’imagerie d’urgence. Une douzaine d’heure de formation spécifique à la garde téléradiologique est dispensée par les radiologues formateurs d’Imadis à chaque nouvelle(eau) radiologue. Ce n’est que après de nombreuses gardes qu'une ultime étape de formation permettra d’intégrer le pool des radiologues régulateurs. Lors de chaque garde, les équipes de garde comprennent une majorité de radiologues expérimentés, ce qui assure un encadrement sécurisé des plus jeunes.
Des soirées de formations sur des thèmes spécifiques à l’urgence (tel que la perfusion cérébrale) nous aident à améliorer nos pratiques, et à renforcer l’esprit d’équipe. La base de donnée structurée depuis des années est un atout majeur pour le pôle scientifique que nous avons constitué dans le but de travailler sur l’imagerie des urgences, comme sur l’organisation de cette filière. Une réflexion est menée depuis quelque temps avec certains médecins hospitaliers pour réfléchir aux éventuelles modalités d’accueil d’internes en formation.
La téléradiologie d’urgence est indéniablement une nouvelle organisation de soins. Son exercice en centre dédié et en équipe permet d’inventer et de tester des modèles médicaux innovants, qui se révèlent avant tout efficaces lors de la prise en charge des patients, mais aussi très sécurisant pour les téléradiologues
Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°37
