Actualités : Contre les violences sexistes et sexuelles en santé

Publié le 20 oct. 2025 à 11:00
Article paru dans la revue « SNJMG / Jeune MG » / SNJMG N°42

Le plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) en santé lancé par le Ministre de la Santé et de l'Accès aux Soins, Yannick Neuder, ne doit pas laisser de côté les violences subies par les patient.es. Il doit lutter contre les VSS en santé, de façon efficace et avec des moyens suffisants. Il y a urgence !

La délégation du Collectif VSS Santé - composée du Collectif National pour les Droits des Femmes, l'association Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques, CGT UFMICT, SUD Santé Sociaux et l'association d'étudiant.es en médecine Pour une Santé Engagée et Solidaire – a été reçue dernièrement par Sandrine Williaume, conseillère du Ministre de la Santé et de l'Accès aux Soins, Yannick Neuder. Notre délégation avait déjà rencontré une première fois le Ministère de la Santé, l'année dernière, le 29 mai 2024, pour les mêmes demandes, à savoir :

  • L'élargissement du plan d'action contre les VSS en santé du Ministère, aux violences subies par les patient.es (dont les violences obstétricales et gynécologiques - VOG).
  • La participation de notre collectif, et notamment, des associations représentant les patient.es et les étudiant.es, aux concertations d'élaboration, de mise en place et de suivi du plan, pour qu'il soit réellement efficace.
  • Des moyens financiers conséquents alloués à ce plan et un calendrier clair.

Nos demandes sont soutenues par plus de 200 personnalités et organisations dans cette tribune.

Scouarnec

Pour que la voix des patient-es victimes soit enfin entendue ?

L'affaire Le Scouarnec a mis comme jamais en lumière l'ampleur et la gravité des violences sexistes et sexuelles subies par les patient.es dans les établissements de santé, démontrant que même des enfants peuvent en être victimes. Les institutions médicales se sont montrées défaillantes dans cette affaire, puisque le Conseil de l'Ordre des Médecins, au courant dès 2005 d'une condamnation pénale du chirurgien, l'avait laissé exercer. En 2025, la sécurité des patients.es n'est toujours pas garantie, puisque dans l'affaire Daraï, ce gynécologue mis en examen pour violences volontaires dans le cadre de sa pratique médicale, depuis 2022, peut toujours exercer. Le principe de précaution n'est pas appliqué. À travers le Metoo de la gynécologie, les patient.es victimes de VOG dénoncent depuis des années les violences sexistes et sexuelles subies lors de leurs parcours de soins. Les attentes de la société civile sont grandes. Le déni des violences sexistes et sexuelles subies par les patient.es n'est plus possible !

Lors de notre rendez-vous, le Ministère a pourtant catégoriquement refusé d'inclure les violences subies par les patient.es dans ce plan contre les VSS en santé du Ministère. Or, il n'est plus temps d'attendre !

Le secteur de la santé n'est pas épargné par le sexisme systémique, ainsi que les autres discriminations.

La normalisation des propos sexistes, la culture carabine sexiste, raciste, LGBTQIAphobe, avec également des fresques pornographiques, le bizutage ne sont pas sans conséquences sur les professionnel les de santé, étudiant·es et les patient·es, altérant inéluctablement leur prise en charge.

Différentes études montrent des chiffres alarmants sur l'outrage sexiste, le harcèlement, les agressions ainsi que les viols. Par ailleurs, nous rappelons que la dégradation des conditions de travail, et donc des conditions d'accueil et d'accompagnement des patient.es, participe inévitablement à ce type de violences. Les violences sexistes et sexuelles en santé sont systémiques et massives. L'omerta et l'impunité ne doivent plus être la norme.

La réponse doit être globale

M. Le Ministre Yannick Neuder, vous avez dit, lors de l'annonce de votre plan le 17 janvier dernier, vouloir « lutter contre l'inacceptable [des VSS] ». Exclure les patient·es de celui-ci, reviendrait à dire que les VSS en santé subies par les patient·es n'existent pas, ou sont acceptables, ce qui rendrait alors votre plan Inacceptable.

Un plan opaque

Même pour les professionnel.les de santé et les étudiant.es, le plan du ministère apparaît flou et incomplet. Il ne doit pas être juste un effet d'annonce ! Aucun moyen financier, ni calendrier, ni indicateur, n'ont été annoncés publiquement par le Ministre, ni précisés lors de notre rendez-vous. Or, sans moyens suffisants, ce plan demeurera lettre morte. Pour qu'il soit réellement efficace, notre collectif a demandé à participer au groupe de travail d'élaboration et de suivi de ce plan afin de l'enrichir de nos revendications, notamment en matière de prévention, d'enquête, d'évaluation, de signalement, de protection des lanceur.euses d'alerte, d'accompagnement des victimes, de lutte contre les VOG et la culture sexiste, de sanctions et de mesures garantissant la sécurité aussi bien des personnels soignants, que des étudiant.es et des patient.es. L'instauration d'un partenariat entre les soignant.es et les soigné.es et d'une véritable démocratie sanitaire garantirait la réussite du plan.

Le Ministère n'a pas répondu clairement sur notre participation, nous proposant un nouveau rendez-vous en septembre, sans nous donner de date, alors qu'une nouvelle réunion du plan contre les VSS en santé se tiendra en juin. Tandis que L'Ordre des médecins, épinglé par la Cour des comptes pour sa mauvaise gestion des plaintes à caractère sexuel, fait partie des concertations du plan contre les VSS en santé, il nous paraît inacceptable que notre collectif en soit exclu. Nous disposons pourtant d'une expertise clé sur le sujet des VSS en santé en incluant des associations de patient-es et d'étudiant.es, et des organisations féministes et syndicales.

Le temps presse, chaque jour qui passe fait de nouvelles victimes.

 

Le collectif féministe nous toutes est signataire de notre Communiqué de Presse et soutient nos demandes auprès du Ministre de la Santé et de l'Accès aux Soins Yannick Neuder.

 

Contacts presse

Sonia Bisch, Présidente de Stop aux Violences
Obstétricales et Gynécologiques France
06 10 07 21 89
[email protected]

François Ringoot, Secrétaire fédéral SUD Santé Sociaux
06 70 57 93 66
[email protected]

Publié le 1760950817000