congrès : CNIPSY RENNES

Publié le 25 May 2022 à 18:30


Le Congrès National des Internes de Psychiatrie (CNIPsy
) est né en 2000 sous l’impulsion des internes lillois. Le but premier était la création d’un projet pédagogique réalisé par les internes, et à destination des internes. Les trois premières éditions ont eu lieu à Lille, avant d’entamer un tour de France, devenant alors un rendez-vous annuel incontournable pour les futurs psychiatres. Un thème choisi par le comité scientifique est pris comme sujet d’étude et la diversité des sessions permet de dégager les multiples aspects d’une problématique différente chaque année. Chacune des éditions est un moment de rencontre et de débats entre les internes venant de toute la France, avec leurs pratiques et leurs formations propres.

Pour la première fois depuis sa création, l’édition 2016 du CNIPsy a eu lieu en Bretagne. Les internes de Rennes ont en effet eu le plaisir d’organiser ce rassemblement les 27 et 28 octobre derniers. La thématique choisie cette année concernait «  les Interactions ».

La 1ère session a abordé les interactions étroites entre la psychiatrie et la culture.

Le Dr Gil Cohen nous a décrypté sous un regard clinique le film « Mémento  » de Christopher Nolan. Sophie Cervello, à travers un exposé sur les représentations divertissantes des hallucinations au cinéma, nous a sensibilisé à la déstigmatisation des troubles mentaux et au principe de «  cinémeducation  ».

Mary Dorsan, infirmière en psychiatrie, nous a exposé certains fragments de son récit, «  Le présent infini s’arrête », croisement entre son regard d’écrivain et son regard de soignante.

Lors de la 2e session, les participants ont pu découvrir d’autres interactions et d’autres territoires pour la psychiatrie. J-C Bernard nous a évoqué la médecine psychédélique, ou le pouvoir thérapeutique des hallucinogènes.

Anatole Lécuyer, chercheur à l’INRA, s’est penché sur un point de vue technique et moderne, avec la réalité virtuelle et les interfaces cerveau-machine.

J-A Micoulaud-Franchi nous a initié à la neurophysiologie et au self-empowerment en psychiatrie.

Ensuite, l’accent a été mis sur les relations entre les patients et leurs proches lors de la 3e session. L’occasion d’une rencontre singulière entre le Pr Jeammet et Polo Tonka, un de ses patients souffrant de schizophrénie.

Psycom et l’Unafam sont ensuite intervenus pour nous sensibiliser à leurs actions dans l’intérêt des patients. Puis, Tony Godet a effectué un rappel médico-légal sur les motifs de mainlevée des hospitalisations sous contrainte.
Pour clore le congrès, comment ne pas aborder les interactions qu’entretient notre discipline avec la société  ? Le Dr Anne Henry, intervenant en milieu pénitentiaire, s’est penchée sur le concept de dangerosité en psychiatrie. Le Pr J-C Maleval nous a étonné en nous exposant les diverses interactions entre le corps et le langage. Finalement, le Dr Virot nous a parlé avec conviction de l’hypnose en psychiatrie, ouvrant sur un débat enrichissant

on ne devait retenir qu’une chose de cette édition, c’est la richesse de la psychiatrie et les diverses interactions qu’elle peut avoir sur une multitude de domaines et d’intervenants. Chacun a su porter et diffuser ses connaissances, représentations, et interagir avec les autres.

Par ailleurs, les organisateurs de cette édition ont su nous faire partager avec convivialité leurs traditions bretonnes, avec l’organisation d’un buffet copieux et d’une soirée dans un pub, où tous les internes ont pu se retrouver et échanger.

Mélanie TRICHANH
Congrès de l’ENCEPHALE

Un Cnipsy interactif
A quelques mois du CNIPSY 2016, c’est l’heure du bilan et surtout des remerciements :
A ceux qui ont contribué à la réalisation de ce projet un peu dingue pour notre petite fac, de la quête des sponsors au transport des  welcome pack.
A ceux, qui, par la qualité de leurs présentations scientifiques ou leurs témoignages, nous ont montré la diversité et la richesse de notre discipline, aux confluents du culturel, du scientifique et de l’humain.
A ceux, enfin, qui se sont déplacés de toute la France dans notre Phare Ouest Breton pour faire de ce congrès une belle fête des internes de Psychiatrie, pour les internes de Psychiatrie.
A nos successeurs, nous vous souhaitons beaucoup de plaisir dans cette aventure semée d’embûches. Car, si difficultés il y a eu (et pas qu’un peu !), la satisfaction n’en est que plus grande quand on arrive à son terme.
Interactivement,
Le comité d’organisation du CNIPSY 2016, présidé par Maxence Rangé.

Congrès de l’ENCEPHALE

La 15ème édition du congrès de l’encéphale s’est déroulée au palais des congrès de la Porte Maillot en janvier dernier. L’AFFEP était présente, vous avez été nombreux à venir nous voir sur le stand, et nous vous en remercions. Nous sommes allées pour vous à la rencontre de la gagnante du prix de l’interne, Louise-Emilie Dumas, grâce à son poster « L’Enfant Physalis : Identification de marqueurs sociaux et émotionnels associés à l’hallucination acoustico-verbale chez l’enfant et l’adolescent non psychotique ».

Peux-tu nous faire une petite présentation ? (Cursus, semestre, ville)
Mon internat de psychiatrie à Nice a débuté en périphérie à Fréjus-St Raphael où j’ai fait un premier stage en pédopsychiatrie puis en pédiatrie afin de préparer ma maquette de DESC de pédopsychiatrie : mon intérêt pour la pédopsychiatrie en début d’internat n’a fait que se renforcer au cours de ma formation. C’est aussi en périphérie que j’ai débuté les gardes de psychiatrie aux urgences : y a pas plus formateur pour commencer ! Au fur et à mesure des stages, j’ai pu accéder à des services de CHU à Nice puis un inter-CHU à Paris à l’Hôpital Necker-Enfants Malades pour y apprendre la psychiatrie périnatale et enfin un stage de psychiatrie-addictologie à Monaco. Dans mes choix de stages, j’ai toujours eu le souci de faire des choses différentes pour en apprendre le maximum car je pense que c’est quand on est interne qu’on doit pouvoir faire le plus d’expériences possibles.

Y’a-t-il des choses qui t’ont marquée ou des conférences qui t’ont particulièrement plu à ce congrès ? Quels ont été les temps forts pour toi ?
J’ai beaucoup apprécié la thématique pédopsychiatrique de la dysphorie du genre car je m’étais déjà questionnée sur la conduite à adopter dans ces cas là.
J’ai été très intéressée par les études consacrées à l’ocytocine au cœur de beaucoup de questionnements dans la recherche actuellement. Le congrès permet également de se tenir informé sur les travaux de recherche actuels tant sur leur thématique que sur leur technique de pointe.
Enfin, les présentations telles que « filmer un politique » ou « cinéma et dépression » nous entraînent à penser la psychiatrie en dehors du champ médical. 

Comme tu le sais, le thème était « innover en psychiatrie ». Comment vois-tu personnellement la psychiatrie de demain ? 
Au cours de mon internat j’ai été particulièrement marquée par mes stages en psychiatrie de liaison générale et périnatale. J’ai appris que la psychiatrie peut sortir de son institution pour se rendre au lit du malade dans un service de somatique, à la demande de celui-ci ou pour répondre aux inquiétudes de nos confrères. La psychiatrie peut être parfois le lien qui manque entre la maladie et le somaticien pour arriver à comprendre la problématique du patient dans sa globalité (du patient psychiatrique chronique nécessitant des soins somatiques à la décompensation psychiatrique réactionnelle à une maladie organique...). Travailler en lien avec les confrères somaticiens et les équipes paramédicales et apprendre à s’adapter à toutes les situations sont des expériences particulièrement riches et bénéfiques pour les patients pris en charge.

Quelle est l’origine de ton poster ? Quels ont été les difficultés de l’élaboration du poster ou bonnes surprises ?
 
Mon poster est issu de mon travail de thèse qui était une étude de recherche réalisée dans le service de pédopsychiatrie de Nice au CHU Lenval où je travaille comme assistante actuellement. Pour réaliser ce poster je me suis inspirée de ma propre motivation et capacité d’attention à lire un poster « Pourquoi je lirais ce poster plus qu’un autre ?» : un titre accrocheur, un message de fond clair à retenir, des couleurs douces, des graphiques parlants et un visuel globalement organisé pour ne pas perdre le lecteur. Pas facile d’être objectif quand c’est son sujet ! La bonne surprise c’est que cette thématique difficile, et parfois controversée, des hallucinations chez des enfants non psychotiques a retenu l’attention du jury. Mais aussi que ce travail de recherche, encore en cours et n’ayant pas donné des résultats significatifs attendus pour le moment, ait pu être récompensé, montrant ainsi que la qualité du travail peut plus compter que le résultat en lui-même. 

Comment t’es venu ton idée de thèse ?
En vue de la préparation de mon DESC de pédopsychiatrie, le Pr Askénazy, chef du service de pédopsychiatrie du CHU de Nice, m’a proposé ce sujet dans la continuité de travaux déjà réalisés quelques années plus tôt. Il se trouve qu’à ce même moment j’ai rencontré une patiente qui présentait des hallucinations sans autres signes en faveur d’une psychose. Sensibilisée par le sujet, je me suis mise à rechercher ce trouble plus activement pendant mon stage pour découvrir qu’il s’agissait là d’une problématique pouvant être régulièrement rencontrée. Ainsi l’expérience clinique a renforcé ma curiosité, mon envie de comprendre ce trouble et d’approfondir mes connaissances grâce à la réalisation d’un protocole de recherche.

Quelle a été ta réaction quand on t’a annoncé que tu as gagné le prix ? Qui voudrais-tu remercier particulièrement ?
Ma réaction a été la surprise et l’émotion éprouvée quand on est reconnu de ses pairs : des émotions fortes, réjouissantes et enrichissantes. Pour cela je remercie les membres du jury du congrès de l’Encéphale et aussi les équipes de pédopsychiatrie du CHU Lenval de Nice et de l’Hôpital Necker Enfants Malades de Paris qui m’ont soutenu dans la réalisation du protocole et aidé à recruter des patients pour participer à l’étude. Le travail de recherche est avant tout un travail d’équipe. 

Que pourrais-tu dire pour motiver les autres internes à présenter aussi leurs posters ?
En tant qu’interne on pourrait se sentir parfois « illégitime » de proposer son travail alors que se poser des questions, essayer d’y répondre en utilisant une méthode particulière c’est déjà de la recherche sans forcément passer par un protocole ou des analyses statistiques poussées.  Pour ma part, si on m’avait dit le jour ou j’ai envoyé mon résumé à l’Encéphale, qu’il serait accepté et qu’en plus je recevrai un prix j’aurais eu du mal à y croire...  L’idée motrice était l’envie de partager les réflexions que j’avais eu autour de cette thématique.

Quelque soit la réponse obtenue, bonne ou mauvaise, cela pouvait me donner l’occasion de poursuivre la réflexion, d’affiner la recherche, d’améliorer sa présentation... Parce que c’est dans le partage, l’échange de données et la discussion qu’on apprend et qu’on avance.  Alors oui, il faut tenter l’expérience : elle ne peut être que positive !

Pour finir, as-tu des projets professionnels que tu aimerais partager ?
La recherche sur les hallucinations chez les enfants et adolescents non psychotiques continue ! De nouvelles questions peuvent être posées à l’issue de ces derniers travaux et je suis disponible si certains veulent s’y intéresser aussi.

Melanie TRICHANH

 Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°19

Publié le 1653496238000