
Medical and social carecteristics of homeless women
Résumé
Introduction : Le nombre de personnes SDF en France ne fait que s’accroître au fil des années. Selon les études, les femmes représentent en moyenne 12 % des personnes SDF alors que moins de 2 % des places disponibles dans les centres d’hébergement leur sont réservés. Les besoins des femmes sont différents de ceux des hommes. Notre étude a pour objectif de montrer qu’il existe des différences sur le plan social mais aussi sur le plan médical entre les femmes et les hommes sans domicile fixe. Les médecins généralistes sont les premiers concernés par ces patients car ils sont leurs premiers recours médicaux.
Matériel et méthode : Etude épidémiologique quantitative descriptive rétrospective dans deux CHRS du Sud Est Français en 2015. Données recueillies par le Dr FRANCES Pierre, médecin généraliste, et enregistrées selon la classification CISP.
Résultats : Notre étude a concerné 888 patients dont 129 femmes et 759 hommes. 2012 consultations ont eu été étudiées durant l’année 2015. Les femmes étaient plus jeunes que les hommes et avaient une meilleure qualité de vie qu’eux, avec un grand nombre en situation d’hébergement plus stable mais aussi une couverture sociale. Pour les pathologies les plus courantes comme la psychiatrie, l’appareil respiratoire ou la dermatologie, le nombre de consultations ne différait pas entre les sexes. Mais du point de vue des autres pathologies les femmes ont plus consulté que les hommes et pour des motifs plus variés. Du point de l’addictologie, nous remarquons aussi une grande différence de consommation.
Conclusion : Les femmes et les hommes sans domicile fixe ont des caractéristiques médico-sociales différente avec une volonté de s’en sortir plus forte chez les femmes du fait de leur cercle familiale. Cela montre la nécessité de mettre en place un nombre plus important de structures adaptées aux soins féminins car les femmes représentent une part non négligeable de cette population.
Mots clefs : Femmes SDF, Sans domicile fixe, addiction, centre d’hébergement, caractéristiques médico-sociales.
Summary
Introduction: The number of homeless increases over the years. Women represent average 12% of the study, whereas less than 2% of beds on shelters are available for them. Theirs needs are differents from men’s. Our study aims to demonstrate differences between homeless women and men in the social and the medical system. General practitioners are the first contact with the medical system for homeless.
Materiel and method: Epidemiological quantity description and retrospection study based in 2 CHRS in East-South of France during 2015. Data collected by Dr FRANCES Pierre, general practitioner (GP), and registered by the CISP classification.
Results: Our study collected 2012 consultation of 888 homeless patient. It was 129 women and 759 men. Womens were younger, had better medical protection and had a better life quality than men. For the pathology most current like psychiatric, respiratory and dermatologic illness, there was no difference between sex. However, for the others diseases, women consulted more than men, and for more differents reasons. For addictology, women have different consumption habits than men.
Conclusion: Homeless women and men have different medical and social characteristics, with a ambition of get out of the street more present for the women. Certainly because of their family status. This shows the necessity of adapted structure for homeless women, because her number are a no negligible parts of this community.
Key Words: Homeless, Homeless womens, Medical characteristics, Social characteristics, Shelters, Addiction
Introduction
Au fil des années le nombre de SDF ne cessent d’augmenter. En 2018 selon la Fondation Abbé Pierre en 2018 [1], le nombre de personnes SDF était de 902 000. Le nombre de personnes SDF est en forte croissance. Selon une étude de l’INSEE faite en 2012, ce nombre était de 141 000 personnes. Cela représente un nombre 6 fois plus important en cinq ans [2].
Il s’agit d’un phénomène avant tout urbain. « Quarante-quatre pourcent des personnes sans domicile vivent dans l’agglomération parisienne. Les conditions d’hébergements y sont, par ailleurs, plus précaires. Les femmes représentent 38 % des sans domiciles. La majorité des personnes sans domicile vivent seuls (62 % sont seules sans enfant) » [3].
Des origines multiples à l’état de sans-abris peuvent être mis en évidence et elles dépendent bien sûre de l’histoire de la personne mais plusieurs causes sont souvent communes aux personnes SDF. Nous pouvons en citer plusieurs :
- La perte d’un logement ;
- La perte d’un emploi ;
- La séparation ;
- L’immigration ;
- Une enfance difficile.
Selon les études, les femmes représentent en moyenne 12 % des personnes SDF alors que moins de 2 % des places disponibles dans les centres d’hébergement leur sont réservés. Les besoins des femmes sont différents de ceux des hommes.
Notre étude a pour but de rechercher les différences médico-sociales entre hommes et femmes sans domicile fixe s’il en existe et de justifier la mise en place si nécessaire de centre qui seront dédiées exclusivement aux femmes sans domicile fixe.
Méthode
Étude épidémiologique quantitative descriptive rétrospective dans deux CHRS du Sud de la France.
Les critères d’inclusion étaient être sans domicile fixe, être une femme ou un homme adulte. Le critère d’exclusion était un âge inférieur à 18 ans.
Données recueillies par un médecin généraliste consultant dans deux centres CHRS dédiés aux personnes sans domicile fixe durant l’année 2015.
Le travail, et les caractéristiques de ces deux CHRS sont différents :
- Le CHRS du Mas Saint Jacques sur Perpignan est un CHRS urbain avec 40 places dont 27 dédiées à l’urgence, et 13 à la stabilisation.
- Le CHRS de Céret qui présente 20 places d’urgences, 20 places en appartement (maison relais), et une dizaine de places en stabilisation.
Chaque donnée de patient est enregistrée sous une forme de fiche avec différentes catégories selon les critères CISP qui sont beaucoup utilisés en soin primaire. Les critères CISP comportent 3 axes :
- Le motif de consultation ;
- Le diagnostic retrouvé par le professionnel de santé ;
- La prise en charge.
On compte ainsi 17 familles dans la classification CISP.
Les données ont ensuite été étudiées grâce à des tableaux excel comparatifs en fonction du sexe des patients et des différentes caractéristiques.
Chaque patient est placé dans le groupe Homme et le groupe Femme grâce à un tableau Excel. Au niveau de ce tableau sont également consignés :
- La nature de la pathologie à l’origine de la consultation ;
- Les éventuelles addictions ;
- Le type d’hébergement : Dans notre étude nous avons catégorisé en deux les types d’hébergements :
- Le 115 (hébergement temporaire) avec nécessité de changement toutes les nuits, ou dans la rue.
- Hébergement de « stabilisation » réservé aux personnes en voie de réinsertion (avec un logement fixe temporaire : cas d’une personne ayant un emploi, situation d’un sans domicile qui décide de suivre une formation en vue d’une réinsertion, ou sansabri en attente d’un logement fixe).
- La couverture sociale des patients consultés.
Résultats
Durant l’année 2015, 2012 consultations ont été réalisées par le Dr Francès Pierre dans les deux CHRS.
La population étudiée était composée de 888 patients dont 129 femmes et 759 hommes. Elle est donc composée à 85 % d’hommes et de 15 % de femmes.
Tableau 1. Répartition des types d’hébergement en fonction du sexe
Type de couverture Hommes Femmes ALD 20 % 40 % AME 1 % 2 % CMU 43 % 34 % SECU ET MUTUELLE 3 % 25 % AUCUNE COUVERTURE SOCIALE 33 % 37 %Tableau. 2. Répartition de la couverture sociale selon le sexe
Pathologie Hommes Femmes A : Générale 56 47 B : Sang, organes hématopoïétiques 30 12 D : Appareil digestif 41 36 F : OEil 33 18 H : Oreille 53 9 K : Circulation 59 29 L : Ostéo-articulaire 106 26 N : Neurologie 79 4 P : Psychologie 259 72 R : Respiratoire 181 48 S : Cutané 199 17 T : Endocrinologie métabolique 44 8 U : Urologie 36 6 W : Grossesse, accouchement 0 0 X : Appareil génital féminin 0 9 Y : Appareil génital masculin 15 0 Z : Social 392 61 TOTAL 1610 402
Tableau 3. Pathologies pour lesquelles ils ont consulté répartis en fonction du sexe
Hommes Femmes TABAC 615 (81 %) 106 (82 %) ALCOOL 217 (29 %) 48 (37 %) TOXICOMANIE 57 (8 %) 39 (30 %)Tableau 4. Répartition des addictions en fonction du sexe
Discussion
sex ratio
Notre population était donc composée de 15 % de Femmes seulement alors que dans la population générale les répartitions sont identiques entre les sexes.
En fait dans la population des personnes n’ayant pas de logement, la part des hommes est nettement plus importante que celle des femmes.
Dans l’enquête réalisée par l’INSEE en 2012 sur les sans domicile fixe et leurs types d’hébergement (sur cette période 81 000 adultes ont été pris en compte), il avait été mis en évidence un pourcentage de 38 % de femmes.
Cependant ce travail a été réalisé auprès de centre d’accueil et de distribution de repas gratuit [4].
Ainsi, les femmes prises en compte n’avaient pas les mêmes caractéristiques.
Celles qui ont été consultées dans notre étude sont bien plus désocialisées, et dans une situation de précarité parfois bien plus importante que celle observée dans l’étude de l’INSEE.
Mais d’autres facteurs rentrent aussi en compte :
- Le fait que le nombre de places proposées pour les femmes est plus réduit. Par exemple : à Paris, qui est la plus grande ville de France, il n’existe que 400 places d’hébergement exclusivement réservées aux femmes alors que lors de la Nuit de la Solidarité 2019 [5] 3652 personnes sans-abris (c’est-à-dire qui dormaient à la rue cette nuit-là) ont été recensées dont 12 % de femmes. Mais aussi sur la cinquantaine de CHRS de Paris seule 2 possèdent des places réservées aux Femmes telles que le Palais Nazareth dans le 15ème arrondissement ou le Palais de la Femme [6]. Cela tient essentiellement au fait que les femmes ont plus de ressources que les hommes. Ainsi, lorsqu’elles se retrouvent à la rue elles ont plus de facilité de rebondir (famille, amis). Il est plus difficile d’accepter pour nos concitoyens de voir une femme à la rue.
- Les consultations de ces patientes sont moins fréquentes que pour les hommes. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que le médecin qui consulte est un homme. Cela est parfois un frein compte tenu d’un vécu parfois douloureux de ces patientes qui ont pu être violentées par des hommes. De plus, nombreuses sont celles qui ont un médecin traitant qui accepte plus facilement de les soigner, et ce même en l’absence de couverture sociale. Il ne faut pas oublier que les médecins ont beaucoup de respect pour les femmes qui sont à la rue.
- Des problématiques de santé qui sont différentes de celles des hommes, et qui nécessite une prise en charge plus spécialisée qui va s’effectuer de ce fait en secteur hospitalier plus facilement que lors d’une consultation simple.
Âge de la population
Dans notre étude, nous avons effectué une répartition des patients en plusieurs groupes de tranches d’âge.
La plus représentée est celle des 25 - 34 ans que ça soit chez les hommes avec 35 % ou chez les femmes avec 38 %.
C’est normalement l’âge où les citoyens sont le plus actifs.
Ils ont déjà commencé une vie professionnelle et une vie privée (ils ont aussi souvent leur propre logement).
Cette tranche d’âge est celle qui est la plus représentée au sein des CHRS.
Cela s’explique par le fait que l’espérance de vie au sein de ces populations est faible en moyenne 50,6 ans en 2017. Cela a même diminué en 2018 avec une espérance de vie moyenne à 48,7 ans selon le Collectif Morts de la rue [7].
Des différences peuvent être ensuite observées entre les sexes :
- Les femmes sont plus jeunes dans notre étude : une majorité d’entre elles a moins de 34 ans.
- Parmi ces dernières, 60 % ont entre 18 et 35 ans. Alors que chez les hommes, nous pouvons voir que 57 % d’entre eux ont plus de 35 ans.
Ce « jeunisme » observé pour la population féminine s’explique essentiellement par le fait qu’en étant plus âgée ; nombreuses sont celles qui ont trouvé un repli (logement le plus souvent).
Il ne faut pas oublier qu’un nombre non négligeable d’entre elles a une « charge » familiale.
Aussi en connaissant le sort de leurs enfants souvent placés au sein de foyers, ces dernières tentent rapidement de se réinsérer au sein de la société car, même à la rue, ces dernières ont toujours une fibre maternelle développée.
De plus, une prise de conscience plus rapide (maturité plus importante des femmes) est à l’origine d’une réinsertion et d’une nouvelle vie plus adaptée à un futur qu’elles souhaitent radieux.
Un parallèle peut, de ce fait, s’établir entre le nombre de consultations plus important chez les hommes (du fait du nombre) : Nombre plus important car augmentant avec l’âge des patients.
Ces éléments peuvent être conforté dans l’étude de l’INSEE de 2012. Les personnes SDF sont jeunes : la tranche d’âge de 18 à 29 ans représente 25 % des personnes étudiées alors que dans la population générale ils représentent simplement 19 % de la population [8].
Les femmes sont plus jeunes que les hommes : 48 % d’entre elles ont entre 18 et 29 ans.
Situation d’hébergement
Les femmes ont une situation plus stable que les hommes avec une proportion de 36 % des femmes qui sont en voie d’insertion alors que les hommes ne sont que 27 % : Avec OR de 1,34 avec IC 95 % [0,93-1,94], cette conclusion est pertinente dans notre étude.
De plus, il ne faut pas oublier que souvent l’idée d’être dans un milieu comme un CHRS est très angoissant pour ces dernières.
Elles voient de cette façon le reflet d’une vie future éventuelle qui les incite à sortir de cette spirale infernale.
Elles sont aussi moins souvent hébergées dans les centres d’hébergements collectifs, car elles se sentent moins en sécurité dans ces centres qui ne sont pas surveillés et non adaptés aux femmes.
Des faits d’agressions sexuelles, de viol, de vol et de manque d’hygiènes sont souvent rapportés dans certains de ces centres. Ce qui sûrement pousse les femmes à chercher un autre type d’hébergement et les centres exclusivement réservés aux femmes sont encore peu nombreux.
Dans l’étude de l’INSEE de 2012, seulement 6 % des femmes sont hébergées par le 115 alors que les hommes sont 20 % d’entre eux à y résider. Les femmes ont des conditions d’hébergement plus stables selon cette étude : Elles sont plus souvent hébergées en logement associatif ou dans des hôtels [4].
Couverture sociale
Les patients bénéficiant de la CMU sont les plus représentés chez les hommes avec 40 % d’entre eux alors que chez les femmes elles ne sont que 34 %.
Cela s’explique du fait que les femmes ont relativement une situation plus stable que les hommes.
Elles sont d’ailleurs plus nombreuses à avoir une sécurité sociale et une mutuelle : 25 % d’entre elles en possède une contre seulement 3 % des hommes avec un OR de 9,91 avec IC 95 % [5,45-18,01].
Mais paradoxalement les femmes sont aussi légèrement plus nombreuses à ne pas avoir de couverture sociale, mais cela est relativement de même proportion que les hommes avec respectivement 37 % et 33 %.
Le nombre de patients en affection de longue durée est un autre point de divergence. Avec une proportion plus importante chez les femmes, 40 % d’entre elles contre 20 % des hommes avec un OR : 1,94 avec IC 95 % [1,34-2,8]
Alors que nous aurions pu attendre que les hommes soient plus largement représentés, car plus âgés, ce sont donc les femmes qui souffrent le plus d’affection de longue durée.
Nous pouvons donc en déduire qu'avoir une affection de longue durée chez une femme est un facteur de risque d'être en difficulté de logement.
Le fait d’avoir une pathologie de longue durée à un jeune âge peut entraîner des difficultés à avoir un travail stable : Du fait d’un suivi médical assez imposant et donc des difficultés financières qui pourraient les entraîner vers des difficultés de logement.
Selon l’étude de la DRESS de 2016 sur les complémentaires santé, il a été rapporté que les personnes jeunes sont plus nombreuses à ne pas avoir de couverture sociale, surtout dans la branche des 18 - 30 ans [9].
Ceci peut expliquer le fait que dans notre étude les femmes soient moins couvertes par une couverture sociale.
Il a aussi été observé que 17 % des personnes n’ayant pas de couverture sociale sont néanmoins couvert par une ALD, c’est une explication de plus pour notre étude où les femmes sont plus nombreuses à avoir une ALD. Comme nous l’avons développé précédemment, les femmes ont plus de ressources que les hommes pour rebondir.
Aussi celles qui ont des difficultés à trouver une solution sont le plus souvent celles qui ont le moins de capacités à s’organiser ; et donc sont celles qui sont majoritairement plus défavorisées tant au niveau médical que social.
Pathologies pour lesquelles ils ont consulté
Chaque patient a eu la possibilité de consulter plusieurs fois dans l’année mais aussi consulter une fois pour plusieurs motifs différents.
En tout notre étude a recueilli 2012 consultations. Les différentes consultations ont été classées selon la classification CISP.
- Les motifs de consultation les plus fréquents sont ceux où la répartition entre homme et femme sont les mêmes :
- Pathologies psychiatriques ;
- Pathologies respiratoires ;
- Pathologies ostéoarticulaires.
Ceci peut s’expliquer par le fait que ces pathologies sont le plus souvent dues à l’environnement et aux conditions de vie des patients.
En ce qui concerne les pathologies psychiatriques se sont celles qui sont les plus retrouvées chez les patients SDF, car souvent elles sont soit une des causes qui les ont fait devenir SDF soit apparues par la suite telle que la dépression.
Dans notre étude nous avons trouvé un pourcentage de patients ayant consulté pour un motif psychique moins important (16 % des patients ayant consulté).
Dans la publication sur la mortalité des personnes SDF publiés en 2017, il a été rapporté que 34 % des patients SDF signalent souffrir d’un trouble psychiatrique, ce qui conforte le fait que ceux sont des pathologies récurrentes chez les SDF [8].
Selon l’étude SAMENTA de 2009 : Ceux sont 31,5 % de la population SDF étudiée qui souffrent de maladie psychiatrique [10].
- Les motifs de consultation pour lesquels les femmes consultent plus souvent que les hommes sont plus nombreux.
- Générale ;
- Digestive ;
- Oculaire ;
- Circulatoire ;
- Génitale ;
- Hématologique.
Ceci s’explique en regardant les différences entre les consultations pour pathologies générales. Les hommes, dans notre étude, souffraient de pathologies générales pour simplement 3 % d’entre eux alors que les femmes étaient 12 %.
C’est une grosse différence.
Cela s’explique car :
- Les femmes cachent souvent les vraies raisons de leurs venues. Elles consultent pour un motif général mais en fait elles cachent souvent d’autres raisons à leurs venues.
- Les hommes consultent souvent pour une raison précise.
Dans l’étude de l’INSEE de 2001, le plus gros symptôme général était la migraine. Les femmes ont consulté à 30 % pour ce motif contre 20 % seulement des hommes [11].
Addiction
Les addictions peuvent se surajouter et sont souvent couplées avec les troubles psychiatriques qu’elles aggravent [8].
Alcool
Dans notre étude, ce sont 30 % de nos patients qui ont une addiction à l’alcool, si on regarde par rapport au sexe, il n’y a pas de différences significatives avec 29 % des hommes et 37 % des femmes.
Dans l’étude de l’INED de 2012 : 35 % des adultes SDF avaient une consommation excessive d’alcool, plus importante chez les femmes avec 18 % contre 12 % [2].
Dans l’étude SAMENTA de 2009 : 21% des personnes qui consommaient de l’alcool régulièrement étaient addicts avec une plus grande addiction chez les hommes dont 27,3 % étaient dépendant contre 9,3 % des femmes [10].
On peut dire que les études s’accordent sur la fréquence de l’addiction à l’alcool mais pas sur la répartition hommes femmes qui différent selon les conditions et le lieu de l’étude.
Tabac
C’est l’addiction la plus représentée avec 81% des patients en général.
Chez les femmes ce sont 82 % d’entre elles qui sont concernées alors que chez les hommes ce sont 81 % d’entre eux.
Il n’y a pas de différence significative entre les deux sexes.
Toxicomanie
Dans notre étude, 11 % de la population est toxicomane.
Nous retrouvons une forte différence entre hommes et femmes, avec près de 30 % des femmes donc une sur 3 de notre étude qui est toxicomane contre seulement 8 % des hommes avec un OR : 4,03 avec IC 95 % [2,57-6,31].
Cela peut s’expliquer par l’âge des patientes car les consommations de drogues est plus importante chez les jeunes.
Dans l’étude SAMENTA de 2009 : Ce sont plus de la moitié des patients qui consomment régulièrement du cannabis qui ont moins de 30 ans. Même si dans cette étude ceux sont les hommes qui sont plus souvent addicts, la population n’est pas la même [10].
Une fois de plus les toxicomanies chez les femmes peuvent s’expliquer par le fait que cette catégorie de patientes présente plus fréquemment des pathologies psychiatriques ; lesquelles induisent plus souvent des addictions multiples.
Conclusion
Les données que nous avons pu étudier dans les différentes publications concernant les SDF nous montrent des différences entre les hommes et les femmes dans ces structures. Ainsi nous avons pu mettre en avant quelques caractéristiques :
- Les femmes ont généralement des conditions d’hébergements qui sont meilleures que les hommes, mais aussi restent moins longtemps que les hommes dans la rue. Elles sont aussi plus jeunes que les hommes avec pour la plupart un âge ne dépassant pas 35 ans.
- Elles souffrent aussi plus souvent de maladies chroniques dans notre étude que les hommes.
- Du point de vue médicale, les femmes et les hommes ne consultent pas non plus pour les mêmes pathologies.
- La toxicomanie est un problème à prendre vraiment en compte chez les femmes, par rapport aux hommes. Souvent les substances ne sont pas les mêmes et les conditions de prise différentes, ce qui entraîne un traitement qui n’est pas le même que celui des hommes.
Tenant compte de ces éléments nous pouvons en conclure que les femmes ont besoin de structure dédiés à leurs féminités et à leur besoin de suivi gynécologique pour lequel elles consultent plus souvent que les hommes.
A Paris, les Bains de Charenton est un espace dédié au bien-être féminin mais cela n’existe qu’à Paris et pour le moment il n’y en a qu’un seul disponible et les consultations médicales ne sont effectuées qu’avec une IDE. Ce genre de structures avec des consultations avec un médecin manque pour les femmes, que cela soit un gynécologue ou un médecin généraliste, car elles souffrent beaucoup de symptômes généraux.
Nous avons aussi bien sûr trouvé des similitudes entre les deux sexes mais celles-ci ne devraient pas empêcher les différences existantes de montrer la nécessité de mise en place de structures adéquates telles que :
- Des centre d’accueil et d’hébergement dédiés aux femmes en plus grand nombre.
- Des centres gratuits de consultation gynécologique et obstétrique dédiés aux patientes en difficultés d’hébergements.
- Des centres médicaux dédiés aux femmes avec des consultations d’addictologie spécifique.
Dr Maïlys KOUETA (IMG)
Dr Pierre FRANCES
Docteur en médecine générale
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt
Références
- Fondation Abbé Pierre. Les chiffres du Mal-logement 2018. Publié le 30 janvier 2019.
- Ined - Institut national d’études démographiques. Les sans-domicile en France. Disponible sur : https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/les-sans-domicile-en-france/
- Fondation Abbé Pierre. Le Logement est une question de santé publique. Publié en 2016.
- Insee. Présentation statistique − Enquête auprès des personnes fréquentant les services d’hébergement ou de distribution de repas - 2012 . Disponible sur : https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/operation/s1268/presentation
- Nuit de la Solidarité : 3 622 sans-abris recensés [Internet]. Disponible sur: http://www.paris.fr/pages/nuit-de-la-solidarite-retour-en-images-
- Palais de la Femme | Armée du Salut [Internet]. Disponible sur : https://www.armeedusalut.fr/etablissements/pdf
- Liste des morts de la rue - Collectif Morts de la Rue [Internet]. Disponible sur : https://www.mortsdelarue.org/spip.php?article14
- Collectif Morts de la rue. Mortalité des sans domicile fixe 2017. Publié en octobre 2018.
- DRESS. Etudes et résultats. Plus de 100 000 places d’hébergement pour les personnes en difficultés. Publié en avril 2015. N°0916.
- INSERM. Etude Samenta. La santé mentale et les addictions chez les personnes sans logement personnel en île de France. Publié en janvier 2010.
- Insee. Présentation statistique − Enquête auprès des personnes fréquentant les lieux d’hébergement ou de restauration gratuite - 2001 | Disponible sur: https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/operation/s1267/presentation
Article paru dans la revue “Le Bulletin des Jeunes Médecins Généralistes” / SNJMG N°31

