Actualités : Adrien Rousseau, gagnant du prix abstract en oncologie médicale

Publié le 20 févr. 2025 à 10:08
Article paru dans la revue « AERIO / RIO » / RIO N°8

Durée du traitement par pembrolizumab sur la survie globale et facteurs pronostiques dans le cancer du poumon non à petites cellules avancé : une étude de cohorte rétrospective nationale.

Contexte
L'efficacité du pembrolizumab en première ligne a été établie dans des études limitant la durée du traitement à 2 ans, mais la décision d'arrêter le pembrolizumab après 2 ans est souvent à la discrétion du médecin. ATHENA est une étude de cohorte rétrospective utilisant une base de données administrative exhaustive visant premièrement à explorer la durée optimale du pembrolizumab et deuxièmement les facteurs pronostiques en vie réelle chez les patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules (NSCLC) avancé.

Méthodes
En utilisant la base de données de l'Assurance Maladie française (SNDS), nous avons identifié des patients atteints de cancer du poumon en France de 2015 à 2022. Les traitements et les caractéristiques des patients ont été extraits ou déduits des diagnostics hospitaliers, des soins ambulatoires et des dispensations de pharmacie. Le rapport de risque instantané (HR) de la durée a été estimé avec un modèle de Cox pondéré par l'inverse du score de propension pour tenir compte des facteurs de confusion. Les facteurs pronostiques dans la population en première ligne ont été identifiés avec un modèle de Cox sélectionné par une procédure LASSO.

Résultats
391 106 patients atteints de cancer du poumon ont été identifiés, dont 43 359 ont reçu du pembrolizumab en première ligne pour une maladie avancée. Il y avait 67 % (29 040/43 359) d'hommes et l'âge médian au diagnostic était de 65 ans. Après un suivi médian de 25,9 mois (min–max, [0–97,6]), la survie globale médiane (OS) après l'initiation du pembrolizumab en première ligne était de 15,7 [CI 95, 15,3–16,0] mois. Dans l'analyse multivariée, plusieurs covariables étaient indépendamment associées à une OS plus faible, notamment le sexe masculin pour la chimio-immunothérapie, l'âge, la catégorie d'hôpital, un indice de précarité élevé, l'hospitalisation pour la première dose de pembrolizumab, et des antécédents de diabète, de prescription de diurétiques, bêta-bloquants et analgésiques. Au landmark de 29 mois après le début du pembrolizumab, la poursuite au-delà de 2 ans n'était pas associée à une meilleure OS qu'un traitement fixe de 2 ans, HR = 0,97 [0,75–1,26] p = 0,95.

Interprétation
Cette étude soutient l'idée que l'arrêt du pembrolizumab après 2 ans pourrait être sûr pour les patients atteints de NSCLC avancé. Il s'agit également de la première étude a montrer un lien entre le volume de prescription et la survie sous immunothérapie. Cependant, étant donné que les études observationnelles sont sujettes à des facteurs de confusion et des biais de sélection, la causalité ne peut être affirmée.

Publié le 1740042498000