Tombé dans l’oreille d’un sourd

Publié le 11 May 2022 à 13:42


Rencontre avec Gregory Mahieux, Co-auteur et dessinateur

« Que la surdité de mon fils ne soit pas un frein à son épanouissement »

H.- Vous avez sorti une bande dessinée très intime sur l’histoire de la surdité de votre fils. Pourquoi cette BD ?
Gregory Mahieux.- En tant que parent, je me suis posé beaucoup de questions sur la surdité de notre fils, sur le meilleur accompagnement pour lui et sur l’implant cochléaire. Je manquais de réponse sur les bénéfices/risques de cet implant, sur sa durée de vie qui est encore faible…. Je me sentais très seul et ce livre m’a fait prendre conscience que nous n’étions pas isolés. J’ai eu beaucoup de retours positifs de familles mais aussi de professionnels de santé comme un jeune médecin qui anime un groupe de LSF. Le pourquoi de la BD, c’est surtout que j’avais des choses à dire sur le sujet qui, jusqu’ici, n’avait été traité que de manière archaïque avec une vision du sourd qui n’est plus celle de la nouvelle génération. J’avais des choses à dénoncer aussi !

H.- Qu’est-ce qui a changé pour votre fils grâce à l’implant ?
G.M.- Il entend ! Sans implant il ne perçoit les sons qu’à partir de 90 dB soit le bruit d’une perceuse marteau piqueur alors que désormais il peut percevoir à partir de 20 dB. Il prend plaisir à jouer d’un instrument de musique et nous pouvons communiquer en famille de façon plus sereine. Notre fils est autonome avec son appareil : le week-end dernier, il a pensé à prendre des piles de rechange avant une sortie au cinéma. Il a eu raison car elles se sont déchargées en plein milieu du film…

H.- Vous venez d’évoquer la faible capacité de la batterie, quels sont les autres défauts de l’implant ?
G.M.- Son obsolescence. Comme toutes technologies, il évolue très vite. Nous avons dû changer l’appareil au bout de 5 ans car nous voulions utiliser un outil nommé «système de classe portatif». Relié à la maîtresse, il permet une meilleure communication avec l’enfant. Or ce système n’était compatible qu’avec les modèles d’implant les plus récents. Autre inconvénient : nous habitons près de la mer et les baeries supportent très mal l’humidité…

H.- Vous êtes-vous rapproché de la communauté de personnes sourdes et malentendantes ?
G.M.- Oui et non. J’ai eu de très bons rapports avec les familles qui fréquentaient le centre spécialisé Beethoven. Toutefois je n’adhère pas à la philosophie de certaines personnes sourdes qui considèrent que l’implant est une hérésie car il efface leur surdité et donc leur identité. Je ne souhaite pas que la surdité de mon fils soit un frein à son épanouissement, d’où le  choix de l’implant.


Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°17

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