S’informer pour se former : Jn’gof 2015

Publié le 17 May 2022 à 00:22

Anecdotes du congrès

Vous êtes chaque année plus de 500 internes à participer aux journées de JnGOF (et nous en sommes très heureux). Ces journées que l’on ne présentera plus, allient connaissance théoriques récentes grâces à vos présentations orales, et formation pratique au cours de différents ateliers (forceps, pelvi-trainer, hystéroscopie virtuelle, interprétation de RCF…). L’une des interventions les plus demandées reste celle du Dr Charlemagne sur les mutilations sexuelles. Lucile, interne en 1er semestre tenait à partager son expérience.

Les mutilations sexuelles de la femme
C’est la deuxième fois que je me rends aux journées du CNGOF depuis que je suis interne, et c’est avec curiosité que je me suis inscrite cette année à l’atelier du JNGOF sur « les mutilations sexuelles de la femme ». C’est un sujet qui sort des sentiers battus, et dont on nous parle peu au cours de notre formation de gynéco-obstétriciens ! Pourtant, qui d’entre nous n’a jamais examiné aux urgences ou en salle de naissance une femme excisée ?

Il est toujours délicat d’oser en parler avec la patiente, par manque de temps, parce qu’on ne sait pas trouver les mots, ou tout simplement car ce sujet est encore tabou.

Le Dr ... nous rend visite pour l’occasion. Venu du Burkina Faso, où il travaille dans un centre pratiquant la réparation des mutilations sexuelles de la femme, nous avons le plaisir de l’écouter sur ce sujet difficile et pourtant si fréquent.

Appelées excisions, ou mutilations génitales de la femme, ces mutilations peuvent survenir à n’importe quel âge : à la naissance, avant la puberté, chez les adolescentes, avant le mariage, ou même après un accouchement ou au décès de la patiente.

Les raisons invoquées sont « la pureté nécessaire de la femme avant le mariage ». Après l’accouchement, si le fœtus est né sans vie, le clitoris de la femme est alors mis en cause : « l’enfant a touché le clitoris, c’est pour cela qu’il est mort », ou alors « la femme ne pourra aller au paradis si elle possède encore son clitoris ».

Ces superstitions et rites tribaux persistent malgré la prévention, l’éducation, et les lois visant à l’interdire.

En effet, on estime aujourd’hui que 125 millions de femmes ou filles sont victimes de l’excision dans 29 pays africains et du Moyen-Orient (OMS) où ces pratiques sont concentrées. Les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes, et sont majoritairement pratiquées sur des mineures.

Les mutilations sexuelles féminines se classent en quatre catégories :

  • Type 1 : (10 %) La clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris et, plus rarement, seulement du capuchon clitoridien
  • Type 2 (85 % des cas) : L’excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres
  • Type 3 (5 %) : Infibulation : rétrécissement de l'orifice vaginal par la création d'une fermeture, réalisée en coupant et en repositionnant les lèvres intérieures, et parfois extérieures, avec ou sans ablation du clitoris. Les rapports sexuels sont alors impossibles, de même que l’accouchement, sans lever l’infibulation.
  • Type 4 : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et brûler les organes génitaux.

Les complications sont nombreuses :
A) Immédiates
- Infections
- Hémorragie
- Décès
B) Retardées
- Cystites récidivantes
- Dyspareunies
- Douleurs spontanées ou lors de la marche
- Psychologiques
- Obstétricales
- Risque accru de déchirures périnéales par sclérose cutanée
- Risque de décès néonatal (surtout si infibulation).
Il est interdit en France de pratiquer l’excision.

Les différents types de mutilations génitales féminines

Ceci est répréhensible par la loi, de même que pour les parents envoyant leur fille se faire exciser à l’étranger.
L’excision est souvent tabou pour les patientes l’ayant subie. Parfois même, les femmes ne sont pas au courant d’avoir eu cette mutilation.
Mais donc : comment peut-on agir en tant que gynéco-obstétricien ?
- Lors de l’examen gynécologique d’une femme excisée, parler à la patiente de son traumatisme, qui peut être physique, mais aussi et surtout psychologique si la patiente a des souvenirs de cet événement, qui souvent se fait sans anesthésie, et sans explications préalables.
- Lui proposer un suivi, psychologique éventuellement, ou une consultation avec un chirurgien, lui proposer une réparation clitoridienne.
- Informer la femme et son entourage que ces pratiques n’améliorent pas la santé des filles, qu’elles l’exposent à de nombreuses complications ultérieures, et souffrances psychiques et physiques. Sensibiliser afin que ces femmes ne fassent pas subir cela à leur propre fille. Ce travail doit être aussi pratiqué en suites de couche, quand les soignants ont plus de temps qu’en salle de naissance pour discuter.
- Savoir lever une infibulation en consultation sous anesthésie locale (Emla, injection de Xylocaïne) ou au cours du travail : à l’aide d’une canule ou du doigt comme ci-contre : inciser au scalpel ou aux ciseaux de quelques centimètres vers le haut (jusqu’au méat urinaire). Faire un petit surjet au Vicryl 4.0 sur chaque berge.
- En cas d’accouchement et de tissus très sclérosés : ne pas hésiter à pratiquer une épisiotomie

Voici donc quelques notions que tout interne devrait avoir au minimum…
J’ai moi-même discuté avec une patiente qui accouchait pour la 4ème fois par voie basse. Elle ne souhaitait pas de réparation par crainte que cela aggrave son excision, et m’a avoué avoir terriblement peur d’accoucher, et que cela aggrave ses dyspareunies. Elle m’a affirmé ne jamais vouloir faire subir de telles mutilations à ses filles. Cette patiente et son mari étaient conscients du caractère mutilant de l’excision.

Donc attention ! Les femmes ne sont pas forcément demandeuses d’une réparation ; seulement d’une reconnaissance de leur traumatisme, pour être rassurées et se sentir comprises.

Prenez donc votre courage à deux mains, et parlez à ces patientes !

Lucile PENCOLE

C’est dans la Boîte

Prix des meilleures vidéos chirurgicales du fibrome
Chaque année se déroule la remise des prix Gedeon Richter pour les deux meilleurs lauréats auteurs de films sur la myomectomie. Les deux vainqueurs de ce concours interactif bénéficient alors d’un stage de chirurgie gynécologique au CICE de Clermont-Ferrand.

L’AGOF s’associe au CNGOF et soutient vivement ce projet, permettant aux internes de présenter des travaux sous un nouveau support propice à la créativité. La perspective d’une formation chirurgicale en récompense est une opportunité d’apprentissage supplémentaire dont tout le monde peut profiter

Le principe est simple : vous composez un film de 10 minutes maximum sur la chirurgie du fibrome. Mettez-y de votre patte, dépassez-vous, et surprenez-nous.

Le jury (les Pr Agostini, Pr Fernandez et Pr Graesslin) sélectionne ensuite parmi vous les deux plus méritants.
Si vous hésitiez, ne le faites plus ! Lisez attentivement vos mails car l’AGOF reviendra vers vous !! Prochain rendez-vous : l’ETWOG de Monaco…

Florie PIROT
Représentante de l’AGOF

Participation à la rédaction de la Directive Qualité pour le Compte Rendu d’Echographie Minimum en Gynécologie

Le CNGOF a saisi en février 2015 sa « Commission Échographie » dans le but d’établir, en association avec les autres sociétés savantes françaises concernées, une directive qualité pour un compte-rendu d’échographie minimum en Gynécologie.
En effet, il n’y avait pas de texte complet sur ce que devait contenir une échographie gynécologique alors que pour l’échographie obstétricale le CFEF a établi des prérequis précis.

L’AGOF a été conviée à ce groupe de travail car en tant qu’internes nous sommes en première ligne pour les échographies notamment au niveau des urgences.

Des groupes de travails ont été formés pour travailler sur 6 comptes rendus : le modèle de base, le myomètre, l’endomètre, les annexes, le début de grossesse et les urgences.

La majorité du travail a été réalisé par des sondages sur les différents items proposés par les responsables d’équipe. J’étais moi-même responsable de l’équipe des urgences.

La présentation de ce travail a eu lieu au congrès du CNGOF le 3 décembre 2015, il doit être validé par les Sociétés Savantes puis ensuite être publié.

Il a été décidé qu’il s’agissait surtout de donner des outils pour décrire les images échographiques mais sans interprétation ni conduite à tenir, ni arbre diagnostic.

Il a été rappelé pendant tout le travail que l’échographie gynécologique n’est pas une échographie de dépistage à l’inverse de celle obstétricale. Et donc voici ce qui a été proposé.

Bonne lecture !!

Violaine PEYRONNET CHABRIER
Secrétaire de l’AGOF
Référente pour la gynécologie Obstétrique au SIHP
Représentante des internes au bureau du DES de Paris et au Collège des Enseignants

Formation en Gynéco Obstétrique Humanitaire (FGOH) par GSF (Gynécologues Sans Frontières)

Jeune interne de Lille, j'ai eu l'occasion de participer à l'une des formations FGOH de 5 jours organisée par GSF, accessible pour les internes, les médecins, les sages-femmes et leurs élèves. Cette formation, non diplômante mais validant la formation continue pour les médecins, est l'occasion d'apporter aux participants des connaissances sur l’action humanitaire en général (les acteurs et les domaines d’action de l’humanitaire, l’éthique humanitaire, la mise en œuvre d’actions humanitaires et les modalités d’intervention), des compétences en humanitaire dans le domaine de la santé des femmes (domaines concernés, modalités d’actions) et des compétences à l’effet de réaliser une mission exploratoire et participer à une mission de soins ou d’urgence obstétricale.

Nous avons abordé par exemple le sujet de la mortalité maternelle, épidémiologiquement puis avec les trucs et astuces pratiques des plus expérimentés comme le Pr Lansac (qui nous a raconté l'utilisation d'une sonde de Folley comme ballon de Bakri !) ; également la logistique d'une mission d'urgence, l'anesthésie en humanitaire, la prise en charge des fistules obstétricales. Puis de multiples intervenants sont venus partager leurs expériences avec nous.

Pour ma part, je sors enrichie de ces conférences et je n'attends plus que la validation de mon 7ème semestre pour pouvoir agir avec eux !

Autres actions de GSF
GSF est en charge de nombreuses missions, de soins dans les situations d'urgence (dispensaire mobile pour les migrants des camps du Nord-Pas-de-Calais actuellement, il y a quelques temps en Syrie, ...), et de formation des professionnels de santé pour améliorer la santé des femmes de façon durable (par exemple la mission Réféchance à Haïti, que continue à mener le Dr Therby de Roubaix, ayant pour but de diminuer la mortalité maternelle en rendant systématique l'utilisation des partogrammes, des horloges en salle de naissance, en améliorant les connaissances en mécanique obstétricales pour favoriser le développement des extractions instrumentales, des formations axées colposcopie, échographie, etc.). L'association organise également des missions de dépistage et de prévention.
Depuis 2006, GSF s'engage contre les violences faites aux femmes, sous toutes ses formes (intra familiales, crimes d'honneur, etc.) notamment en organisant des conférences régionales de sensibilisation des professionnels de santé et des acteurs sociaux, sur les Mutilations Sexuelles Féminines. GSF poursuit son action auprès des professionnels de santé en leur apportant son soutien sur cette problématique et en participant à de nombreuses rencontres sur le sujet

J'ai pour ma part présenté un diaporama de GSF (grâce à l'encadrement du Dr Matis) sur cette thématique au staff de l'hôpital Jeanne de Flandre (CHRU Lille), ce qui a permis de refaire le point sur la classification des MSF et leur prise en charge pendant l'accouchement et dans ses suites.

Vous êtes tous invités à participer à ces formations, ou à soutenir GSF en donnant de votre temps, ou en faisant un don. A bientôt dans les rangs de GSF, pour défendre les femmes du monde !

Océane PÉCHEUX
Interne en Gynécologie-Obtétrique 6ème semestre
Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°12

Publié le 1652739722000