Journées du 4 et 5 juillet 2014
Puisque je fus l’une des privilégiés ayant pu participer aux JUNIOR MASTER CLASS de chirurgie gynécologique, je me sens investie d’une mission bien particulière : la reporter d’un week-end inoubliable. En effet, la collaboration de l’AGOF et de la SCGP a fait mûrir un joli fruit cette année : deux jours enrichissants mêlant travaux pratiques et sessions plénières.
De quoi s’agissait-il exactement ?
Eh bien, pour la première fois se déroulaient, sous le soleil de Marseille, au rythme du chant des cigales couplé à la mélodie des glaçons à pastis (vous m’excuserez cet aparté poétique, le but étant de vous faire voyager un peu…), les journées de formation de chirurgies pelvienne et gynécologique. Au programme, un partage des connaissances et techniques dernier cri, offert à toutes les générations de chirurgiens (y compris les Baby-Doc comme moi) ; et cela au sein d’amusants et ludiques ateliers (le workshop), entrecoupés de la classique théorie via les communications libres de nos aînés.
Nous avons la chance d’exercer une spécialité hybride, médico-chirurgicale, et à ce titre, ce genre de rencontre est idéal pour consoler nos personnalités Janus. On y retrouve l’information brute, les ultimes études menées ici ou ailleurs, mais aussi les outils high-techs créés par les différents laboratoires. Il y va du challenge manuel comme de celui de l’esprit. Un plaisir satisfait d’être de cette profession
Un colloc’ de médecine comme les autres ?
Certainement pas !
D’abord aucun congrès ne se ressemble. Ensuite, je n’ai peut-être pas l’expérience nécessaire pour m’exprimer ainsi , mais il ne me semble pas être chose courante que de retrouver sur un même site les plus célèbres laboratoires d’ingénieurerie offrant aux tout jeunes l’utilisation de leur trouvailles, si ?! (En médecine j’entends, hin ? Pas de comparaisons avec je ne sais quel salon de technologies japonaises ou fans de SF* please !).
Enfin, le nombre restreint de participants que nous étions (70 inscrits), était propice aux rencontres, au partage, joignant utile et agréable ! * SF signifiant ici Science-fiction et non Sage-femme ^^
Quelques anecdotes …. ?
Je vous passerai le détail de mes gravures sur pomme faites au PLASMAJET, de mes inscriptions naïves sur la viande rouge grâce au différent réglage de BE, ou encore de mes déboires au PELVITRAINER…
En revanche, je ne manquerai pas d’évoquer :
• Mme C. SABIO, qui appela à la réflexion sur notre métier… Alors que l’hyperspécialisation se développe de plus en plus, (motivée par la technologie nouvelle et par nos patients) la cadre de direction insista sur l’importance d’une maîtrise première de notre spécialité, sur la curiosité pour la nouveauté (thématique du week-end !)… Tout en conservant les principes immuables de soin dans la dignité et l’égalité. Que cette hyperspécialité soit d’avantage le synonyme d’ouverture plutôt que de chaîne ! On aborda aussi la thématique du médico-légal… Nous, les jeunes médecins, avons trempés dans la marmite du « consentement éclairé ». Mais cette potion modérément magique, rattachant la médecine aux textes de droit, a radicalement modifié le cadre de notre exercice. Et dans une société d’amalgame, où santé et justice fusionnent, on ne peut que s’interroger sur la façon de pratiquer au mieux… En somme pour Mme SABIO, être (bon) médecin c’est garder une vision globale, en respectant un cadre légal, sans pour autant sacrifier la communication…
Le Pr BOUBLI (président CNU) et Mme CHARLET (membre du groupe VITALIA), grâce à qui les parcours hospitalo-uiversitaires et l‘activité libérale n’ont plus aucun secret pour nous…
• Le Dr JP LESTRADE, praticien libéral dans la région, à l‘origine de ces journées, et qui fit ressurgir le spectre des anciennes chirurgies. Un petit quart d’heure épistémologique détaillant l’évolution des pratiques : de la laparotomie élargie au monotrocard de cœlioscopie.
• Le Dr J.F. AMARAL, et son ultime élocution : « My mother said me don’t go too fast. Fast doesn’t mean efficiently ! » au cours de son topo sur « Science of Tissu management ». Il nous rappela l’importance de la patience, de la simplicité, de la répétition des gestes.
• Le Dr M. PUGA qui, avec son anglais aux accents ibériques, nous fit l’apanage de l’ergonomie et nous livra quelques astuces de nœuds pour les mousses en cœlioscopie.
• Les talentueux Pr CHAPRON et RABISCHONG (respectivement praticiens à Paris et ClermontFerrant), qui se complétèrent dans leurs exposés sur une maladie encore insuffisamment connue : l’endométriose. Le premier s’attarda sur les nouvelles indications opératoires, l’intérêt du diagnostic précoce et les éléments y contribuant, le retentissement sur la fertilité. Tandis que le second détailla les enjeux de la chirurgie miniinvasive (puisque la chirurgie de cette pathologie s’accompagne de 5 % de complications), et la préservation de l’innervation pelvienne (the famous « nerve sparing »).
Encore encore encore…
Je n’oublierai pas non plus de mentionner les différents laboratoires qui participèrent généreusement à ce week-end, nous permettant de tester la cœlioscopie 3D, la pose d’ESSURE ou l’adhésiolyse virtuelles avec échelle de confort, le LIGATURE et autres…
Il y eut certains instants un peu moins studieux, comme celui d’un fameux match international sur écran géant (à l’endroit exact où nos orateurs avaient œuvré le matin même), ou celui d’une soirée sur une terrasse au vieux port…
Il y eut des pauses gourmandes entre les workshops, ou nous pûmes goûter aux spécialités du coin (vive la tapenade !) et nous régaler du terroir (vive la tapenade vraiment !!).
Il y eut aussi une curiosité partagée, une volonté collective de faire connaissance et apprendre ensemble dans la (très) bonne humeur. Interne parisienne, j’ai partagé mon week-end avec une Rennaise et une native toulousaine interne à Besançon. Les tours « World Trade Center » marseillaises se sont changées en mini édifice babéliques J !
En définitive, un premier essai de JUNIOR MASTER CLASS plus que réussi ! On valide avec mention « très bien, on aime, on en re-veut », et l’on espère que cette organisation colossale fera des petits pour sera suivie d’autres réunion du même type !
Chapeau bien bas à toutes les petites mains qui lui permirent de naître !!
Et merci encore…
Florie Pirot
Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°09