Journée nationale de la sexualité et de l’adolescence
Le samedi 29 mars dernier, s’est déroulée la journée sexualité et adolescence, organisée par nos bien dévoués membres de l’AGOF. Pour ceux qui auraient manqué l’évènement (quels que soient leurs alibis), nous allons tenter de faire un rapide résumé de cette réunion très très spéciale.
En arrivant devant les amphithéâtres du site de Port Royal, vous vous seriez un moment attardé dans le hall et l’affiche de cette journée singulière vous aurait sûrement fait de l’œil (pas chose fréquente que de découvrir un poster où tous les moyens de contraception flirtent avec les addictions, la table d’examen gynécologique, les protections menstruelles ou encore l’homosexualité…) : Un bon résumé, à elle seule, des rencontres qui suivirent !
En vous attardant un peu devant les machines à café, vous vous seriez aperçus que les participants n’appartenaient pas uniquement à la caste des médecins, bien au contraire. Ainsi, ce fut plus qu’enrichissant que de converser avec journalistes, sociologues, psychologues, intervenants en milieu scolaire…
Rapidement, la première présentation (Notion clinique sur l’adolescence, la puberté) vous aurait plongés dans le bain de la thématique du jour. C’est avec beaucoup d’humour et d’illustrations peoples ques (confère l’une de nos stars du moment que nous découvrîmes sous tous les stades de Taner), que le Dr Sébastien Rouget nous rappela ce qu’adolescence signifiait sur le plan biologique et anatomique. Ce que nous retînmes après 45 minutes de dialogue-interrogations-illustrations, c’est que l’adolescence est un phénomène loin d’être homogène, un chamboulement nécessaire à l’harmonie individuelle. Puis vous auriez découvert le Dr Sophie Gaudu. Son intervention, avait quelque chose de remarquable, revisitant la première consultation gynécologique, non pas comme un mal nécessaire mais d’avantage comme une première rencontre en douceur, une initiation à la sexualité sans intrusion infructueuse. Pour nous les internes, ce n’était pas une leçon de moral, simplement une invitation à la réflexion sur l’une des plus anciennes consultations médicales spécialisées, qui semble presque gravée dans le marbre… mais pourtant gagnerait à être revisitée.
Après une pause gourmande et un interlude sur les questions de la salle, vous auriez abordé avec Nathalie Bajos, les Pratiques sociales et l’adolescence.
...ET ADOLESCENCE
Difficile dès lors de ne pas évoquer la pornographie. Mais la sociologue de l’INSERM, ne pointa pas du doigt cette pratique qui, selon elle, existe depuis des siècles. Elle considéra simplement que les modèles changeaient tout au long des époques sans pour autant varier leur contenu ; « les revues sont simplement devenues des vidéos » expliqua-t-elle. Une différence dans la forme en quelque sorte, mais peu dans le fond. Ce point de vue litigieux donna matière à débat pour certains participants qui considéraient que de nos jours, les enfants « grandissent trop vite », mélangeant pornographie et réalité…
Une transition adéquate au topo suivant : Prise de risque et adolescence. Thierry Goguel d'Allondans aborda les périls rencontrés par les jeunes adultes, comme une mise en danger bien souvent nécessaire à la construction de la personnalité. A l’heure où l’on nous certifie que les rites de passage n’existent plus, cette jeune génération doit se débrouiller avec, d’un côté, les modes de maturation mi-proposés mi-imposés par les adultes et, de l’autre côté, son besoin de grandir via ses propres moyens. La rencontre entre l’adolescent et le risque semble de fait, une étape incontournable. La « crise de l’adolescence » synonyme de ventures, paraît finalement inévitable mais peut s’articuler de deux façons distinctes : la crise active et souple versus celle subie et violente.
Avant de se quitter le temps du déjeuner, de multiple interrogation au sujet de l’IVG furent soulevées. Aujourd’hui débattue en Europe, l’IVG semble être la bête noire de certains jeunes internes, catapultés au bloc opératoire pour des matinées de curetages aspiratifs, alors qu’ils aimeraient d’avantage agir en amont en participant aux consultations de prévention, planning familial, etc. Un mal-être, semble-t-il national, puisque des internes de Rennes, Tours et Amiens prirent la parole.
L’après-midi, sembla beaucoup plus légère avec le véritable show exécuté par Benoit Félix, infirmier de Santé Publique au CRIPS. Il annonça d’emblée la couleur de son discours lorsqu’il déposa devant son micro un mobile où des phallus multicolores s’étaient substitués aux traditionnels oursons en tricycles ! Ce fut au travers de nombreux spots publicitaires, vidéos humoristiques et autre multimédias étonnants, que le jeune conférencier aborda la confrontation sexualité-adolescence. On évoqua l’éducation sexuelle moderne, opposant les schémas 3D et jeu de questions réponses, aux illustrations dignes du NETTER anciennement présentes dans les livres de sciences nat’.
Enfin, M-L Bazile et Ariane Carbillon nous livrèrent leurs expériences de Professionnels intervenant dans le milieu scolaire. Une mission loin d’être aisée nécessitant pédagogie, patience et délicatesse : un véritable sacerdoce en somme (mais la médecine n’en serait-elle pas un, quoi qu’il en soit ?).
En définitive, la journée passa bien trop vite. Si vous aviez été présents, c’est sans aucun doute ce que vous auriez pensé, vous aussi. Forcé de constater qu’il existe beaucoup plus d’interpellations sur le sujet que de vérités absolues, la sexualité en période d’adolescence soulève toujours bien des tabous et requière aujourd’hui encore, de s’amender d’une foule « d’a priori »… Par conséquent, il y aura de quoi alimenter longtemps d’autres débats, d’autres présentations, d’autres journées … Alors rattrapez-vous les années prochaines !
Florie PIROT
Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°09