Plutôt que de pédiatrie communautaire, nous parlerons plus volontiers de pédiatrie « préventive et sociale ». Exercée essentiellement dans les services départementaux de protection maternelle infantile (PMI), mais aussi dans les crèches et les établissements scolaires, cette forme de pédiatrie a pour but la prévention de la santé globale de l’enfant. La notion de gratuité pour les familles des consultations en PMI est peut-être importante, mais réductrice. Nous disposons d’une offre de soins pluridisciplinaire, médico-psycho-sociale, qui va du suivi global de la santé de l’enfant, incluant le dépistage des handicaps et le respect du calendrier vaccinal, au soutien à l’allaitement et à l’aide à la parentalité.
La richesse de la PMI, dont les missions de service public s’inscrivent dans un cadre légal, est qu’elle offre un exercice varié et joue un rôle de prévention et d’alerte évident en cas d’enfants en danger. Les interactions entre pédiatres de ville et PMI sont fréquentes : un pédiatre qui détecterait un enfant ou une famille en difficulté peut leur proposer l’aide de la PMI. Mais attention, la protection de l’enfance, qui prend une place de plus en plus importante, ne doit pas occulter la mission essentielle de prévention généraliste de la PMI tournée vers tous les enfants et leur famille
Quand on pense PMI, on pense souvent aux tout-petits :
C’est vrai pour les consultations médicales pédiatriques dans les centres de PMI, réservées aux enfants de 0 à 6 ans. C’est ainsi que de nombreux médecins ont commencé, comme vacataires, pendant leur formation de pédiatre.
Le pédiatre n’y exerce pas seul, même si le temps de la consultation dans le cabinet médical peut être un temps de dialogue singulier avec l’enfant et sa famille. Mais ce temps médical est enrichi par les observations des autres personnels de la PMI, lors de la pesée ou en salle d’attente, ou en dehors des temps de consultation :
- Par les visites à domicile effectuées par l’infirmière puéricultrice ;
- Les observations faites dans le centre par la puéricultrice, l’infirmière, les auxiliaires de puériculture ou l’éducatrice de jeunes enfants qui ont rencontré l’enfant et ses parents lors de leurs venues au centre de PMI pour pesées, conseils, temps d’accueil parentsenfants ou halte-jeux.
Il est également très confortable de pouvoir échanger autour des difficultés de certaines familles avec le ou la psychologue du centre de PMI, qui peut recevoir l’enfant et sa famille pour quelques consultations si nécessaire. En effet, le temps d’ouverture des centres de PMI, placés sous la responsabilité d’une puéricultrice, est beaucoup plus large que le seul temps des consultations pédiatriques. Dans les grandes villes et les départements dont la population est dense, les centres sont souvent ouverts tous les jours ouvrables. Ailleurs, l’ouverture peut être limitée à quelques demi-journées par semaine, certains centres en milieu rural peuvent proposer des consultations itinérantes, en utilisant parfois un camion. Dans tous les cas, l’accès aux centres de PMI est ouvert à tous les parents de jeunes enfants. Par ailleurs, le rôle du médecin a été précisé par le décret concernant les modes d’accueil de la petite enfance.
Autres missions de la PMI :
Les centres de planification et d’éducation familiale dépendent du service de PMI. Et cela concerne particulièrement les mineurs (contraception, y compris d’urgence, dépistage des MST, suivi de grossesse, éducation à la sexualité, etc.). Même si ces activités sont exercées par des médecins gynécologues ou formés à cet exercice et par des sages-femmes au sein d’équipes comprenant également infirmières et conseillères conjugales, l’organisation de ces missions dépend du service de PMI. Les adolescents peuvent également être rencontrés dans leurs établissements lors d’actions collectives portant sur la vie affective et sexuelle, la prévention des violences sexistes, les addictions alcool-tabac, la santé dentaire, la nutrition et les problèmes liés au sur-poids, et le bien-être.
Savez-vous qu’un pédiatre de PMI a une responsabilité pour tous les enfants jusqu’à 18 ans en ce qui concerne la protection de l’enfance ? La publication de la loi du 10 juillet 1989 sur la prévention et la protection de l’enfance maltraitée a commencé à clarifier les pratiques dans ce domaine et a vu la création dans le département du Val-de-Marne de postes de médecins de PMI « de circonscription ». Ces médecins se sont vus confier, en sus des tâches cliniques, un rôle dans la protection de l’enfance maltraitée. Chaque médecin de PMI, sur son territoire, a dû construire un travail partenarial avec les professionnels de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et du service social, tout en respectant le rôle et la place de chacun.
Quelle place pour les pédiatres au sein de l’Aide Sociale à l’Enfance ?
L’ASE est un service départemental dont la mission première, obligatoire, est la prévention et la protection de l’enfance. Un certain nombre de départements ont recruté des médecins pour la cellule de recueil d’informations préoccupantes et / ou le suivi de la santé des enfants confiés à l’ASE du Val-de-Marne. C’est un travail partenarial très riche, en interne avec les professionnels du champ éducatif, des services sociaux et les responsables administratifs, en externe avec médecins, psychiatres, procureur, magistrats, établissements médico-sociaux. C’est un travail sur dossier, mais aussi un travail de réseau, de pédiatrie de liaison entre les différents intervenants, dans le cadre légal de la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance. Il y a beaucoup à faire, car chez les enfants confiés à l’ASE, soit par leurs parents, soit par l’autorité judiciaire, on observe une prévalence accrue des problèmes de santé par rapport à la population générale et une sur-représentation des situations de handicap. Ils mériteraient pour cela de recevoir des soins d’excellence, dans la continuité.
Pourquoi choisir cette forme d’exercice ?
- Pour exercer en équipe pluridisciplinaire ;
- Pour exercer une médecine de prévention, pas seulement sanitaire, mais aussi médicopsycho- sociale ;
- Pour tenter d’agir, au plus près des familles, sur la santé des enfants, mais aussi sur les conditions d’accueil des enfants ;
- Il y a de la place, de nombreux postes de médecins titulaires sont vacants : selon les départements, 10 à 50 % des postes, postes de médecins de la fonction publique territoriale.
Docteur Brigitte SAMSON Pédiatre
Pôle enfance et famille
Direction de la protection de l’enfance et de la jeunesse
Cellule signalements, urgences, observatoire
Santé des mineurs confiés à l’ASE
7-9 voie Félix Eboué
94054 CRETEIL Cedex
brigitte.samson@cg94.fr
Article paru dans la revue “Association des Juniors en Pédiatrie” / AJP n°04
L'accès à cet article est GRATUIT, mais il est restreint aux membres RESEAU PRO SANTE
Déjà abonné ? Se connecter