,

Quel exercice pour les pédiatres en « pédiatrie communautaire » ?

Publié le 06 May 2022 à 14:15

 

Plutôt que de pédiatrie communautaire, nous parlerons plus volontiers  de pédiatrie « préventive et sociale ». Exercée essentiellement dans  les services départementaux de protection maternelle infantile  (PMI), mais aussi dans les crèches et les établissements scolaires, cette forme de pédiatrie a pour but la prévention de la santé  globale de l’enfant. La notion de gratuité pour les familles des  consultations en PMI est peut-être importante, mais réductrice. Nous  disposons d’une offre de soins pluridisciplinaire, médico-psycho-sociale,  qui va du suivi global de la santé de l’enfant, incluant le dépistage des  handicaps et le respect du calendrier vaccinal, au soutien à l’allaitement et à l’aide à la parentalité.

La richesse de la PMI, dont les missions de service public s’inscrivent dans un cadre légal, est  qu’elle offre un exercice varié et joue un rôle de prévention et d’alerte évident en cas d’enfants  en danger. Les interactions entre pédiatres de ville et PMI sont fréquentes : un pédiatre qui  détecterait un enfant ou une famille en difficulté peut leur proposer l’aide de la PMI. Mais  attention, la protection de l’enfance, qui prend une place de plus en plus importante, ne doit  pas occulter la mission essentielle de prévention généraliste de la PMI tournée vers tous les  enfants et leur famille

Quand on pense PMI, on pense souvent aux tout-petits :
C’est vrai pour les consultations médicales pédiatriques dans les centres de PMI, réservées aux  enfants de 0 à 6 ans. C’est ainsi que de nombreux médecins ont commencé, comme vacataires,  pendant leur formation de pédiatre.

Le pédiatre n’y exerce pas seul, même si le temps de la consultation dans le cabinet médical peut  être un temps de dialogue singulier avec l’enfant et sa famille. Mais ce temps médical est enrichi  par les observations des autres personnels de la PMI, lors de la pesée ou en salle d’attente, ou  en dehors des temps de consultation :

- Par les visites à domicile effectuées par l’infirmière puéricultrice ;
- Les observations faites dans le centre par la puéricultrice, l’infirmière, les auxiliaires de  puériculture ou l’éducatrice de jeunes enfants qui ont rencontré l’enfant et ses parents  lors de leurs venues au centre de PMI pour pesées, conseils, temps d’accueil parentsenfants  ou halte-jeux.

Il est également très confortable de pouvoir échanger autour des difficultés de certaines  familles avec le ou la psychologue du centre de PMI, qui peut recevoir l’enfant et sa famille  pour quelques consultations si nécessaire. En effet, le temps d’ouverture des centres de PMI,  placés sous la responsabilité d’une puéricultrice, est beaucoup plus large que le seul temps  des consultations pédiatriques. Dans les grandes villes et les départements dont la population  est dense, les centres sont souvent ouverts tous les jours ouvrables. Ailleurs, l’ouverture peut  être limitée à quelques demi-journées par semaine, certains centres en milieu rural peuvent  proposer des consultations itinérantes, en utilisant parfois un camion. Dans tous les cas,  l’accès aux centres de PMI est ouvert à tous les parents de jeunes enfants. Par ailleurs, le rôle  du médecin a été précisé par le décret concernant les modes d’accueil de la petite enfance.

Autres missions de la PMI :
Les centres de planification et d’éducation familiale dépendent du service de PMI. Et cela  concerne particulièrement les mineurs (contraception, y compris d’urgence, dépistage des  MST, suivi de grossesse, éducation à la sexualité, etc.). Même si ces activités sont exercées par des médecins gynécologues ou formés à cet exercice et par des sages-femmes au sein d’équipes  comprenant également infirmières et conseillères conjugales, l’organisation de ces missions dépend du service de PMI. Les adolescents peuvent également être rencontrés dans leurs établissements  lors d’actions collectives portant sur la vie affective et sexuelle, la prévention des  violences sexistes, les addictions alcool-tabac, la santé dentaire, la nutrition et les problèmes liés  au sur-poids, et le bien-être.

Savez-vous qu’un pédiatre de PMI a une responsabilité pour tous les enfants jusqu’à 18 ans  en ce qui concerne la protection de l’enfance ? La publication de la loi du 10 juillet 1989 sur la  prévention et la protection de l’enfance maltraitée a commencé à clarifier les pratiques dans  ce domaine et a vu la création dans le département du Val-de-Marne de postes de médecins  de PMI « de circonscription ». Ces médecins se sont vus confier, en sus des tâches cliniques, un  rôle dans la protection de l’enfance maltraitée. Chaque médecin de PMI, sur son territoire, a  dû construire un travail partenarial avec les professionnels de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE)  et du service social, tout en respectant le rôle et la place de chacun.

Quelle place pour les pédiatres au sein de l’Aide Sociale à l’Enfance ?
L’ASE est un service départemental dont la mission première, obligatoire, est la prévention et la  protection de l’enfance. Un certain nombre de départements ont recruté des médecins pour la  cellule de recueil d’informations préoccupantes et / ou le suivi de la santé des enfants confiés à  l’ASE du Val-de-Marne. C’est un travail partenarial très riche, en interne avec les professionnels du  champ éducatif, des services sociaux et les responsables administratifs, en externe avec médecins,  psychiatres, procureur, magistrats, établissements médico-sociaux.  C’est un travail sur dossier, mais aussi un travail de réseau, de pédiatrie de liaison entre les différents  intervenants, dans le cadre légal de la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance.  Il y a beaucoup à faire, car chez les enfants confiés à l’ASE, soit par leurs parents, soit par l’autorité  judiciaire, on observe une prévalence accrue des problèmes de santé par rapport à la population  générale et une sur-représentation des situations de handicap. Ils mériteraient pour cela  de recevoir des soins d’excellence, dans la continuité.

 Pourquoi choisir cette forme d’exercice ?
- Pour exercer en équipe pluridisciplinaire ;
- Pour exercer une médecine de prévention, pas seulement sanitaire, mais aussi médicopsycho-  sociale ;
- Pour tenter d’agir, au plus près des familles, sur la santé des enfants, mais aussi sur les conditions d’accueil des enfants ;
- Il y a de la place, de nombreux postes de médecins titulaires sont vacants : selon les départements,  10 à 50 % des postes, postes de médecins de la fonction publique territoriale.

Docteur Brigitte SAMSON Pédiatre
Pôle enfance et famille
Direction de la protection de l’enfance et de la jeunesse

 Cellule signalements, urgences, observatoire
Santé des mineurs confiés à l’ASE
7-9 voie Félix Eboué
94054 CRETEIL Cedex

brigitte.samson@cg94.fr
Article paru dans la revue “Association des Juniors en Pédiatrie” / AJP n°04

L'accès à cet article est GRATUIT, mais il est restreint aux membres RESEAU PRO SANTE

Publié le 1651839341000