
Pour la 2ème année consécutive, notre congrès s'engage dans une démarche écoresponsable en mettant tout en œuvre pour obtenir un label validé par un organisme externe. Cette année encore, nous avons collaboré avec l'association REEVE®, qui accompagne les organisateurs d'événements grâce à des outils et des méthodes favorisant une approche durable.
Une certification basée sur 8 enjeux et 3 niveaux de difficulté
Le label repose sur 8 grands enjeux, chacun impliquant des engagements spécifiques. Il existe 3 niveaux de labellisation en fonction du nombre d'engagements choisis et respectés.
1 Respect et adaptation du site d'accueil
2 Sobriété des ressources
3 Déplacements plus vertueux
4 Restauration durable
5 Vers le zéro déchet
6 Un évènement pour toutes
7 Mobiliser le public à la transition écologique
8 S'organiser pour progresser
Lors de notre congrès 2023, nous avons atteint le niveau 1, grâce à la mobilisation de tous : organisateurs, participants et partenaires. Pour l'édition 2024, nous avons visé le niveau 2, organisateurs, participants et partenaires. Pour l'édition 2024, nous avons visé le niveau 2, impliquant une évaluation sur site par un expert impliquant une évaluation sur site par un expert externe. Voici un aperçu des actions concrètes externe. Voici un aperçu des actions concrètes menées cette année. menées cette année.
1. Respect et adaptation du site d'accueil
Pour réduire l'impact des petits déchets particulièrement polluants (comme les mégots et chewinggums), nous avons installé des dispositifs ludiques de collecte fabriqués à partir de boîtes de conserve. Ces réceptacles, placés à l'entrée de l'hôtel, ont également servi de vote symbolique pour choisir la prochaine ville hôte du congrès. Cette initiative rappelle qu'un mégot peut polluer jusqu'à 500 litres d'eau et mettre 15 ans à se dégrader. L'équipe organisatrice du congrès s'est donc mobilisée pour ramener un maximum de boîtes de conserve en amont du congrès. La légende retient que la ville ayant accumulé le plus de petits déchets était Marseille… Suite au prochain épisode !
2. Sobriété des ressources
Des badges en papier ensemencé (Papier Ensemencé®) ont été distribués aux participants. Labellisé Imprim'vert, l'imprimeur utilise des matériaux recyclés et biodégradables et ses déchets sont réemployés ou offerts à des associations pour des projets éducatifs. Les badges contiennent des graines de fleurs mellifères : une initiative originale pour tester sa « main verte » après le congrès.
Nous avons également réduit les supports papier et nos partenaires se sont engagés à ne pas distribuer de flyers, goodies inutiles ou échantillons de moins de 10 ml.
Bien qu'initialement certains stands aient tout de même proposé ces articles, notre équipe a dialogué avec eux pour expliquer notre démarche. Ces échanges constructifs ont permis d'imaginer des alternatives numériques, comme des QR codes ou des applications, plus adaptées aux nouvelles générations.
3. Déplacements plus vertueux
Afin de réduire l'impact des trajets, nous avons encouragé les participants à privilégier des moyens de transport respectueux de l'environnement tels que le train. Un lien dédié au covoiturage était également disponible dans les mails envoyés en amont de l'événement. Lors de l'inscription sur place, 69 % des participants avaient opté pour le train, tandis que 14 % avaient partagé une voiture.
Par ailleurs, un des grands enjeux était de compenser tous les kilomètres parcourus en avion. Le cadre de cette compensation nous était laissé libre. Ainsi, pour compenser les émissions dues aux trajets en avion, nous avons versé une contribution à Alsace Nature®, une association locale œuvrant pour la préservation de la biodiversité.
Fabien blot, responsable de l'association alsace nature® a accepté de répondre à nos questions
Pouvez-vous présenter en quelques mots votre association ?
Créée en 1965, Alsace Nature est une association de droit local mobilisée "Partout où la nature a besoin de nous".
À l'origine de sa création, les pionniers de la protection de la nature se sont d'abord mobilisés autour des questions naturalistes pour protéger la nature et les écosystèmes. Puis, sous les effets anthropiques croissants induits par l'activité humaine, notre fédération s'est mise en mouvement pour la préservation de l'environnement et limiter la perte de biodiversité. Nous comptons 1500 membres, 80 associations fédérées et 10 salariés.
Alsace Nature® mène 3 types de missions :
.• Éducation et sensibilisation à l'environnement de tous publics.
• Veille et alerte environnementales pour éviter ou limiter tout risque d'atteinte grave à l'environnement.
• Représentation des 80 associations fédérées auprès des pouvoirs publics.
Quels sont les derniers projets auxquels vous avez récemment contribué ?
L'association agit sur des thématiques aussi diverses que complexes. Je cite quelques exemples :
• Sur les questions naturalistes, notre fédération participe aux dialogues et aux actions en lien avec les mesures de protections d'espèces endémiques menacées, faune ou flore. C'est le cas notamment pour la protection du Lynx et de son habitat. On pourrait citer de la même manière les enjeux de réintroduction du Grand Tétras dans le massif Vosgien, ou le suivi des mesures en faveur du Grand Hamster.
• Concernant l'énergie, nous participons aux travaux de veille sur la stratégie régionale de développement des énergies renouvelables. Par exemple, pour l'énergie photovoltaïque, notre association étudie, propose et accompagne les décideurs locaux dans ce débat, en particulier pour limiter les effets des parcs photovoltaïques sur les milieux naturels.
• Sur la reconquête de la biodiversité, Alsace Nature accompagne depuis presque 5 ans une dizaine de communes alsaciennes dans le cadre du programme national Trame Verte et Bleue (TVB). Concrètement, cela a pour ambition d'accompagner les décideurs publics locaux dans les mesures de renaturation. Il s'agit de reconstituer de véritables corridors de biodiversité sur le territoire avec à la clé la création de pâturages sauvages, la plantation de haies, d'arbres voire la création de mares. Ces actions permettent par ailleurs de mobiliser les citoyens dans le cadre de chantier de plantation. Elle vise à faciliter le brassage génétique des espèces autant faunistiques que floristiques.
Pour ce qui est des actions grand public, nous avons créé en 2024 un mini festival autour de la question de l'Eau pendant la semaine éponyme. Via une mobilisation étudiante, associative, économique et solidaire, nous avons pour ambition de sensibiliser les publics à la protection impérieuse de cette ressource universelle avec au programme : sorties dans les réserves naturelles, ciné débat, expositions, conférences, opérations de collecte de déchets, disco soupe ...
• Mais aussi, la création de ressources documentaires à l'instar de notre dernière brochure sur la pollution lumineuse "retrouvons le ciel étoilé, 10 principes pour lutter contre la pollution lumineuse" et d'ici quelques semaines d'une mallette pédagogique "à qui est cette feuille?" pour apprendre à reconnaître les arbres à destination des professeurs, institutrices et autres centres d'éducation...
Un petit mot à faire passer à la jeune génération de dermatologues ?
Protéger la nature et l'environnement c'est protéger notre santé et notre futur commun. L'avenir de l'humanité est lié aux espèces et aux écosystèmes qui l'entourent. Nous formons avec eux un tout solidaire et indivisible. Méconnus inconscients ou sous-estimés, les services rendus par la nature sont immenses, permanents et fondamentaux. Considérons les pour mesurer notre chance. A contrario, n'opposons pas enjeux environnementaux et enjeux de développement économiques et sociaux. Ils vont de pair. Les effets du dérèglement climatique visibles chaque jour sont assez graves pour nous le rappeler.
4. Restauration durable
Les menus proposés ne contenaient pas de viande et étaient élaborés à partir de produits locaux, de saison et faits maison. Nous avons collaboré avec le chef du Hilton qui a accepté de nous rencontrer entre deux plats mijotés afin de nous expliquer sa démarche. Il a relevé le défi d'adopter de nouvelles pratiques culinaires plus durables, notamment en privilégiant les produits frais et de saison.
Afin de limiter le gaspillage alimentaire, nous avions informé les participants de la possibilité d'emmener un Tupperware afin de récupérer les restes mis à disposition au moment du départ. Cette initiative a reçu un bon accueil.
5. Vers le zéro déchet
Afin de réduire la production de déchets, nous avons remplacé toute la vaisselle jetable par des assiettes et gobelets réutilisables.
Dans les espaces communs, des poubelles spécifiques ont été mises en place pour le tri des déchets, incluant une poubelle dédiée aux biodéchets. Ces derniers sont ensuite collectés par une entreprise spécialisée dans leur transformation en compost.
Enfin, pour renforcer notre démarche et établir un suivi précis, nous avons également entrepris une quantification de l'ensemble des déchets générés lors du congrès. Ces données, collectées avec soin, serviront à analyser nos performances et à ajuster nos pratiques lors des futures éditions. Elles permettront également de construire un suivi évolutif sur plusieurs années, afin de progresser vers un événement toujours plus respectueux de l'environnement.
6. Un évènement pour toutes
En complément des initiatives écologiques, le label met un point d'honneur à promouvoir des actions inclusives.
Tout d'abord, l'accessibilité du site a été étudiée afin de permettre l'accueil des personnes à mobilité réduite dans les meilleures conditions. Par ailleurs, une importance particulière a été accordée à la parité dans la sélection des intervenants. Ainsi, sur les 19 orateurs invités, 9 étaient des femmes et 10 des hommes.
Enfin, le congrès a accueilli l'association NAEVUS 2000, regroupant des patients atteints de nævus géants congénitaux. Cette structure joue un rôle crucial dans l'information du public et des professionnels de santé, en sensibilisant aux risques et aux options thérapeutiques disponibles pour cette pathologie rare. En complément de cet aspect médical, l'association organise des ateliers de lutte contre les préjugés sociaux et promeut une meilleure intégration des patients dans la société. Leur présence au congrès a offert un regard humain et engagé, enrichissant les échanges au-delà du cadre strictement scientifique.
7. Mobiliser le public à la transition écologique
Un des enjeux majeurs de notre congrès était d'impliquer activement le public dans nos réflexions sur la transition écologique.
Ainsi, dès l'ouverture du congrès, nous avons présenté le label et les différents engagements pris pour son obtention. La validation du label repose également sur la participation active des participants. Pour renforcer cette implication, une session interactive via l'outil Wooclap® a été dédiée à la sensibilisation aux enjeux du développement durable en dermatologie.
Parmi les 106 participants à cette session :
• 96 % ont identifié la contamination des eaux par les microplastiques comme la principale conséquence environnementale de l'industrie cosmétique.
• La majorité utilise moins de 10 % de cosmétiques écoresponsables dans leur pratique professionnelle.
• 55 % déclarent « rarement » prendre en compte l'impact environnemental dans leurs recommandations aux patients.
Concernant la demande des patients souhaitant privilégier des cosmétiques écoresponsables :
• 63 % des participants estiment devoir approfondir leurs recherches pour fournir des conseils adaptés.
• 20 % pensent pouvoir recommander quelques produits.
• Seulement 8 % se sentent pleinement préparés à répondre à cette demande.
Enfin, 42 % des sondés considèrent la gestion durable des déchets bio médicaux comme le défi écoresponsable le plus complexe à intégrer dans leur pratique quotidienne.
Ce sondage a enrichi la réflexion et ouvert le débat au sein du public. Il a mis en évidence un manque de connaissances sur les dermocosmétiques écoresponsables, soulignant l'importance de la formation et de la sensibilisation sur ce sujet.
8. S'organiser pour progresser
À l'issue du congrès, un questionnaire de satisfaction a recueilli 26 réponses. Il a mis en évidence un niveau de satisfaction global élevé parmi les participants.
• 100 % des répondeurs ont jugé cette démarche satisfaisante à très satisfaisante.
• Deux tiers des participants se sont déclarés favorables à l'introduction de menus entièrement végétariens pour les prochaines éditions.
• 92 % ont soutenu l'idée de supprimer tous les supports papier (flyers, programmes, plaquettes d'information).
Cependant, certains points ont suscité des réactions contrastées :
• 23 % des répondants ont regretté la suppression de tote bags et de goodies.
• À l'inverse, 92 % se sont montrés favorables à l'abandon des mini-échantillons.
Ces résultats témoignent d'un soutien majoritaire pour approfondir la démarche écoresponsable. Ils nous encouragent à poursuivre nos efforts et à renforcer notre engagement pour faire évoluer durablement nos pratiques.
Conclusion
Nous avons dorénavant le plaisir de vous annoncer la validation officielle du niveau 2 du label REEVE ! Cette démarche a d'ores et déjà engagé des transformations significatives dans nos pratiques. Ce processus est un levier pour repenser nos habitudes, améliorer l'organisation du congrès et sensibiliser les participants aux enjeux environnementaux et sociétaux liés à la dermatologie.
Nous sommes particulièrement fiers des actions mises en œuvre et des retours positifs reçus, témoignant d'un véritable engagement collectif. Cette initiative ne représente pas une fin en soi, mais plutôt une première étape dans un processus continu d'amélioration. En nourrissant les réflexions du public et en suscitant le débat, nous avons semé les bases d'un dialogue constructif autour du développement durable dans notre discipline.
Déterminés à poursuivre sur cette voie, nous envisageons de renforcer nos engagements pour les prochaines éditions, tout en continuant à encourager la participation active de toutes les parties prenantes. Nous espérons que cette démarche inspirera d'autres organisations à suivre un chemin similaire, car il est essentiel que chaque acteur contribue à relever les défis environnementaux de demain.
Camille KIEFFER
VP environnement de la FDVF
Interne de Dermatologie à Rouen