Actualités : Psychiatrie : l’Insulinothérapie ou choc Hypoglycémique

Publié le 11 mai 2022 à 17:24

En 1933, Manfred Sakel expérimente l’insulinothérapie dans le traitement de la psychose. Une cure pouvait comprendre une trentaine à une cinquantaine de séances, trois fois par semaine. L’insulinothérapie est pratiquée jusqu’aux années 60/70, supplantée alors par les neuroleptiques.

Provoquer un coma et éventuellement des convulsions par injection d’insuline, tel était l’objectif de l’insulinothérapie de Manfred Sakel. Selon lui, le coma influençait favorablement l’évolution des démences précoces : schizophrénie, psychoses chroniques, voire certains états maniaques et mélancoliques. La méthode, utilisée à doses faibles, était souvent associée aux hydrates de carbone pour éviter l’hypoglycémie. Comme d’autres thérapeutiques psychiatriques, la découverte de Sakel fut fortuite et empirique, étayée sur des hypothèses considérées aujourd’hui comme fantaisistes. Le postulat était que des agents toxiques affaiblissaient le métabolisme de certaines cellules cérébrales du schizophrène et que le coma, en provoquant la régénérescence de ces cellules dysfonctionnelles ou en détruisant les connexions neuronales pathologiques en améliorait le fonctionnement.

Intraveineuse et choc humide
Le protocole était « simple » : avec une glycémie de 1.02, 30 unités étaient administrées par doses successives de 15 unités. Dès le seuil convulsif ou la perte de conscience atteints, 20-30 cc. de sérum sucré étaient injectés par intraveineuse. Le sujet reprenait conscience immédiatement. Sakel détailla les conditions dans lesquelles devait se trouver le patient pendant le traitement : en chambre seule, dans une semi-obscurité, avec un linge sur les yeux dans la phase d’endormissement et sous la présence permanente d’un infirmier. Des variantes de la cure ont été proposées : association du choc insulinique au cardiazol ou à l’électrochoc, technique du coma prolongé (jusqu’à douze heures pour Cossa), et à l’inverse « choc humide » (insulinothérapie à faible dose, évitant la phase de coma), également appelé « petite insuline ».

Séance de cure de Sakel à Helsinki dans les années 1950

Réveil par sonde nasale
Le réveil du patient était rude : après 1 heure à 1h30 de sommeil, une solution sucrée tiède lui était administrée par sonde nasale. Face aux frissons qui en découlaient, le protocole suggérait de frictionner tout le corps avec une solution alcoolisée. Puis le patient avait le « droit » à un repas riche en hydrates de carbone. Le réveil correspondant à une phase de régression affective intense à laquelle succédait une période euphorique, Manfred Sakel préconisait alors d’établir une relation psychothérapeutique avec le patient. 

A savoir
L’insulinothérapie ne fut pas sans risque. Les accidents les plus graves mentionnés furent l’oedème aigu du poumon ainsi que le coma prolongé, soit hypo- soit hyper-glycémique, soit lié à une atteinte neurologique survenue lors de la phase hypoglycémique, dont des cas mortels ont été décrits.

Source : http://psychiatrie.histoire.free.fr/traitmt/sakel.htm

Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°19

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