Nos professions : oui, on peut se passer de la visite médicale d’aptitude systématique à l’embauche ! vraiment ????

Publié le 27 May 2022 à 10:50

Un cas clinique (20 avril 2016)


Dr Christian EXPERT
Expert confédéral CFE-CGC – Santé - Travail et Handicap

Monsieur X, 47 ans, vient avec plusieurs de ses collègues roumains passer sa visite d’embauche systématique avec « aptitude ». Son employeur l’a recruté pour un poste de plaquiste.

Il ne parle pas du tout français, il vient d’arriver.

A l’examen, systématique, le médecin du travail constate l’existence d’une extrasystolie isolée. Par le truchement d’un collègue, s’exprimant un peu en français, ce salarié n’exprime aucune plainte fonctionnelle, il n’a aucun antécédent apparent.

L’électrocardiogramme confirme l’existence d’une extrasystolie ventriculaire.

Le médecin du travail parlemente avec le salarié et lui explique la nécessité d’un bilan cardiologique. Ce salarié vient d’arriver et n’a aucun médecin traitant. Le compte rendu du cardiologue tombe :

« Surcharge ventriculaire à l’ECG. A l’échographie : cardiomyopathie à forme dilatée, s’accompagnant d’une insuffisance aortique modérée et d’une dilatation de l’aorte descendante. La myocardiopathie parait autonome. Il s’agit d’une affection assez sérieuse qui contre-indique tous les efforts physiques importants (le poste de plaquiste est à charge physique importante) ».

La situation de ce salarié étranger atteint d’une pathologie cardiaque grave est complexe – Quelle prise en charge ? Quel devenir ?

A noter que l’infirmière en santé au travail qui ne peut pas examiner un salarié n’aurait pas pu penser une seconde à une pathologie quelconque.

En vérité, on pourrait aisément se passer de la visite d’embauche systématique avec aptitude (Rapport Issindou-Fantoni).

Dernière nouvelle parue dans l’AEF
La Cour de cassation, chambre criminelle, en Audience publique du 19 mai 2016 N° de pourvoi : 14-83803 : L’ex-président d’un Medef local condamné pour avoir investi le patrimoine de l’association (service de santé au travail AISP METRA) dans des placements à risque. Où l’on évoque des montages financiers et des croisements d’organismes qui ne devraient pas être dans l’orbite d’un service de santé au travail.

S’il fallait encore des arguments pour concrétiser une nouvelle gouvernance des services de santé au travail plus ouverte au paritarisme, la pièce est à verser au dossier !

(Document retrouvé dans votre moteur de recherche préféré avec le titre)

Article paru dans la revue « Syndical Général des Médecins et des Professionnels des Services de Santé au Travail » / CFE CGC n°53

Publié le 1653641459000