Newsletter SFRO – SFjRO

Publié le 12 Dec 2022 à 14:52

 

En 2021, la SFjRO en partenariat avec la SFRO a innové en mettant en place une veille bibliographique commune. L’objectif est de diffuser les résultats des études et recommandations impactant notre pratique. En 2022, le partenariat se poursuit.
Lors de sa publication, le lien vous sera transmis par les canaux habituels (mail, facebook, twitter). Restez donc attentifs !
On vous présente ici quelques articles parus récemment, ainsi que 2 abstracts non publiés mais présentés à l’ASCO qui feront parler d’eux. Adeptes de désescalade/escalade thérapeutique, d’optimisation des séquences thérapeutiques et ferveurs défenseurs de la radiothérapie au stade oligométastatique, voici notre sélection :
- Escalade de dose dans les sarcomes d’Ewing et les tumeurs neuroectodermiques non résécables de l’adolescent
- Essai de phase II : ORATOR 2. La chirurgie transorale comparée à la radiochimiothérapie pour les carcinomes épidermoïdes de l’oropharynx liés à l’HPV
- Chimiothérapie d’induction par Gemcitabine et Cisplatine pour les carcinomes du nasopharynx
- Hormonothérapie courte associée à la radiothérapie adjuvante ou de rattrapage de loge prostatique
- Intérêt de l’association d’une chimiothérapie à la radiothérapie des cancers vésicaux invasifs : Résultats à long terme de l’essai BC200
- Résultats à long terme de l’essai SABR-COMET
- Traitement des métastases chez les patientes avec cancer du sein oligométastatique
- Omission de la radiothérapie adjuvante dans les cancers du sein luminaux T1N0


Escalade de dose dans les sarcomes d’Ewing et les tumeurs neuroectodermiques non résécables de l’adolescent

https://www.redjournal.org/article/S0360-3016(22)00337-6/fulltext


- Essai de phase III monocentrique, ayant randomisé 95 patients âgés de 13 à 23 ans et présentant un sarcome d’Ewing ou une tumeur neuroectodermique primitive, non métastatiques et non résécables.
- Après une chimiothérapie première (par vincristine, doxorubicine, cyclophosphamide, ifosfamide, etoposide, q3w), les patients ont été randomisés en deux groupes :
. Bras standard : 55.8 Gy (31 fractions).
. Bras intensifié : 70.2 Gy (55.8 Gy + boost de 14.4Gy en 8 fractions).
- Chimiothérapie de maintenance a ensuite été poursuivie pour une durée totale de 36 semaines.
- Critère de jugement principal : survie sans récidive locale.
- Résultats principaux :
. Après un suivi médian de 67 mois, contrôle local à 5 ans de 76,4 % dans le bras intensifié contre 49,4 % dans le bras standard (p =0,02).
. Survie globale et survie sans maladie à 5 ans comparables entre les deux groupes.
. Plus de toxicités cutanées (grade >2) chez les patients traités par radiothérapie intensifiée (10.4% vs. 2.1%, p= 0.08).
. Récidives :
o Principalement locales dans le bras standard.
o Métastatiques dans le bras intensifié (pulmonaires et osseuses).


Essai de phase II : ORATOR 2. La chirurgie transorale comparée à la radiochimiothérapie pour les carcinomes épidermoïdes de l’oropharynx liés à l’HPVhttps://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35482348/
- Étude de phase II comparant la radiochimiothérapie standard à la chirurgie transorale pour le traitement des carcinomes de l’oropharynx liés à l’HPV et localisés (T1-T2, N0-N2, M0).
- Randomisation entre les 2 groupes de février 2018 à novembre 2020 :
. Bras standard avec radiochimiothérapie concomitante.
. Bras de désescalade thérapeutique : Chirurgie tumorale + évidemment lymphatique +/- si besoin une radiothérapie adjuvante avec une dose réduite.
- Critère de jugement principal : survie globale.
- Résultats principaux :
. Interruption prématurée après randomisation de 61 patients suite à une toxicité excessive dans le bras chirurgical.
. La chirurgie transorale est associée à un sur risque excessif de décès des complications du traitement :
o 3 cas de décès observés durant les 17 mois de suivi, dont 2 liés au traitement : Un décès d’hémorragie oropharyngé au J4 postopératoire, Un décès d’une ostéomyélite cervicale après amygdalectomie.
o 1 cas de récidive locale observé durant le suivi.
. La qualité de vie des patients est comparable dans les deux groupes.
. Données de survie en attente.


Omission de la radiothérapie adjuvante dans les cancers du sein luminaux T1N0

https://ascopubs.org/doi/10.1200/JCO.2022.40.17_suppl.LBA501


- Abstract présenté à l’ASCO 2022, s’intéressant à la possibilité d’omettre la radiothérapie adjuvante chez des patientes sélectionnées, ayant de petites tumeurs et pronostic favorable.
- Population : patientes âgées de plus de 55 ans, avec tumeur classée cT1N0, sur le plan histologique elles étaient classées luminal A, de grade 1-2. Les marges de tumorectomie devaient être ≥1 mm.
- Randomisation :
. Radiothérapie puis hormonothérapie.
. Hormonothérapie seule.
- Critère de jugement principal : survie sans récidive locale.
- Résultats principaux : 727 patients
. Risque de récidive à 5 ans faible avec ou sans radiothérapie.

Chimiothérapie d’induction par Gemcitabine et Cisplatine pour les carcinomes du nasopharynx

https://jamanetwork.com/journals/jamaoncology/fullarticle/2790567


- Résultats à 5 ans sur l’intérêt d’une chimiothérapie d’induction par gemcitabine et cisplatine chez des patients atteints de carcinome nasopharyngé localement avancé (stade III, IVA, IVB).
- Randomisation :
. Absence de chimiothérapie d’induction = radiochimiothérapie concomitante standard.
. Radiochimiothérapie concomitante après une chimiothérapie d’induction par gemcitabine et cisplatine.
- Critère de jugement principal : survie sans récidive locale ou à distance.
- Résultats principaux : 480 patients
. Meilleure survie sans récidive (81.3% v 67.3%, HR 0.51 [95% CI, 0.36-0.73], P=0.001).
. Meilleure survie globale à 5 ans, Meilleure survie sans métastase.
. Pas de différence significative de toxicités de grade 3.
. À noter :
o La réponse tumorale après la chimiothérapie d’induction a une valeur prédictive de la survie à 5 ans.
o Les patients, chez qui la charge virale d’EBV est basse avant traitement, ne tirent pas de bénéfice de survie à 5 ans d’une chimiothérapie d’induction


Hormonothérapie courte associée à la radiothérapie adjuvante ou de rattrapage de loge prostatique

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35569466/


- Essai de phase 3 évaluant l’ajout d’une hormonothérapie courte, avec ou sans irradiation des aires ganglionnaires, à la radiothérapie standard de la loge de prostatectomie, adjuvante ou de rattrapage.
- Population : stades pathologiques pT2 ou pT3, absence d’atteinte ganglionnaire et score de Gleason ≤ 9 sur la pièce de prostatectomie.
- 3 bras de randomisation :
. Groupe 1 : Radiothérapie de la loge prostatique seule : 64,8 à 70,2 Gy.
. Groupe 2 : Radiothérapie de la loge de prostatectomie hormonothérapie d’une durée de 4 à 6 mois.
. Groupe 3 : Radiothérapie de la loge prostatectomie + Radiothérapie ganglionnaire pelvienne (45Gy) + hormonothérapie de 4 à 6 mois.
- Critère de jugement principal : survie sans progression définie par une rechute biochimique selon les critères de Phoenix, une progression clinique ou le décès toutes causes confondues.
- Résultats principaux : analyse intermédiaire (1191/1792 patients)
. Survie sans progression significativement supérieure dans les groupes 2 et 3 comparativement au groupe 1 (respectivement 81%, 87% et 71%).
. Pas de f statistiquement significative entre les groupes 2 et 3.
. Pas de différence en survie globale entre les groupes.
. Pas de différences significatives toxicités de grade ≥ 3.


Intérêt de l’association d’une chimiothérapie à la radiothérapie des cancers vésicaux invasifs : Résultats à long terme de l’essai BC200

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0302283822022655?via%3Dihub


- Double randomisation :
. o Radiothérapie seule : 64 Gy en 32 fractions avec possibilité d’hypofractionnement à 55 Gy en 20 fractions.
o Radiothérapie à laquelle est associée une chimiothérapie concomitante par 5 FU ou mitomycine.
. Possibilité d’une réduction du volume d’irradiation à dose complète de la vessie.
- Population : patients traités pour un cancer de vessie envahissant la musculeuse (T2-T4a N0M0).
- Résultats principaux à 10 ans : 360 patients et suivi médian de 9,9 années.
. Amélioration du Contrôle locorégional (HR 0,61 [IC95% 0.43–0.86], p = 0.004).
. Gain en Survie sans maladie (HR 0,78 [IC95% 0,60–1,02], p = 0,069), survie globale (HR = 0,88 [IC95% 0,69–1,13], p = 0,3) et survie sans métastases (HR 0,78, [IC95% 0,58–1,05], p = 0,089), bien que non statistiquement significatifs.

Résultats à long terme de l’essai SABRCOMET

https://www.redjournal.org/article/S0360-3016(22)00412-6/fulltext#relatedArticles


- Essai randomisé de phase II, évaluant l’intérêt d’un traitement par radiothérapie stéréotaxique chez les patients oligométastatiques, définis par la présence d’une à cinq métastases, avec une tumeur primitive contrôlée.
- Randomisation :
. Un bras expérimental traitant les métastases par radiothérapie stéréotaxique ablative (SABR) en plus de la prise en charge palliative de référence.
. Un bras contrôle avec la prise en charge palliative de référence seule.
- Critère de jugement principal : survie globale.
- Résultats principaux au long terme : 99 patients.
- Meilleure survie globale à 8 ans: 27,2% contre 13,6% (HR : 0,50; IC95% [0,30-0,84]; p=0,008).
- Meilleure survie sans progression à 8 ans: 21,3% contre 0% (HR: 0,45; IC95% : [0,28-0,72]; p<0,001).
- Pas de différences significatives en toxicités de grade 3-5.
Traitement des métastases chez les patientes avec cancer du sein oligométas-tatiquehttps://meetings.asco.org/abstracts-presentations/206928
- Essai randomisé de phase II/III, présenté à l’ASCO 2022, qui vise à déterminer l’intérêt d’un traitement local des métastases, en plus du traitement systémique de référence, chez les patientes atteintes de cancer du sein oligométastatique.
- Les patientes éligibles avaient ≤ 4 métastases extra crâniennes, ayant un traitement systémique depuis moins de 12 mois, avec une maladie stable.
- Randomisation :
. Bras contrôle : traitement systémique de référence seul : principalement chimiothérapie, hormonothérapie, anti-HER2).
. Bras expérimental : traitement systémique + radiothérapie stéréotaxique ou chirurgie des lésions métastatiques.
- Critères de jugements principaux : survie sans progression et survie globale.
- Résultats principaux :
. Absence de grain en survie globale ou survie sans progression.

Du néo-interne au Docteur Junior : besoin d’un coup de pouce ?


Vous trouverez après connexion sur le site de la SFjRO dans l’onglet « Ressources » le livret de l’interne. Qu’est-ce que c’est ? Un récapitulatif concis et précis pour chaque localisation des indications, plans de traitements, eff ets secondaires et d’autres surprises vous permettant d’appréhender au mieux vos prises en charge. Des synthèses de qualité entièrement validées par les PU et radiothérapeutes experts dans le domaine, accompagnées d’une bibliographie sélectionnée.
Une idée originale initiée et développée par Luc Ollivier aboutissant à ce projet coordonné par Audrey Larnaudie pour le bureau de la SFjRO, qui vous accompagnera au quotidien.


N’hésitez plus ! Une question ? La réponse s’y trouvera sûrement !!

 



Dr Yacine GOUNANE
Docteur Junior CHU de Tours
Pas de liens d’intérêt

Dr Vincent BOURBONNE
Chef de clinique Service de Radiothérapie, CHU Brest
Pas de liens d’intérêt
Article paru dans la revue « Société Française des Jeunes Radiothérapeutes Oncologues » /
SFjRO n°03

 

Publié le 1670853144000