Actualités : Les mouvements pelviens actifs sur un ballon suisse réduisent la durée du travail, la douleur, la fatigue et l’anxiété chez les femmes pendant l’accouchement : un essai randomisé

Publié le 05 juin 2025 à 10:48
Article paru dans la revue « AIGM / Gynéco Med » / AIGM N°4

Active pelvis movements on a Swiss ball reduced labour duration, pain, fatigue and anxiety in parturiant women : a randomised trial

A. Delgado, Journal of Physiotherapy, novembre 2023

Mots clefs
Labour, Swiss ball, physiotherapy, pain

L'organisation Mondiale de la Santé recommande d'utiliser des méthodes non médicamenteuses pour contrôler la douleur et améliorer le bon déroulement de l'accouchement, incluant des thérapies biomécaniques et psychologiques. Parmi ces méthodes, l'utilisation du ballon suisse est une stratégie recommandée pour réduire la douleur et faciliter le travail. Le ballon suisse est un ballon gonflable existant en différentes tailles, qui permet de favoriser les mouvements du bassin et d'augmenter son diamètre, pouvant améliorer la progression du travail. De récentes études montrent que le ballon suisse pourrait réduire l'intensité de la douleur, bien que l'impact sur la durée du travail soit encore mal mesurée. Aucune des études précédentes n'a utilisé des exercices pelviens actifs sur le ballon, se limitant principalement à des mouvements de rebond. Les mouvements pelviens actifs sur le ballon suisse pourraient accélérer la progression du travail en ajustant la biomécanique du bassin.

L'objectif de cette étude était d'évaluer l'effet des mouvements pelviens actifs sur un ballon suisse pendant le travail et son impact sur des critères maternels et néonataux.

Matériel et méthode

Il s'agit d'un essai clinique pragmatique, randomisé, avec une analyse en intention de traiter. L'équipe soignante est restée en aveugle et a effectué les évaluations avant et immédiatement après chaque intervention dans le groupe expérimental. Dans le groupe témoin, les participantes ont reçu les soins obstétricaux de routine fournis dans les unités obstétricales, avec une évaluation réalisée par l'équipe soignante aux mêmes moments que pour le groupe expérimental.  

L'étude a recruté des participantes entre novembre 2020 et novembre 2021 dans quatre unités obstétricales au Brésil. Les critères d'inclusion étaient : les femmes en phase active du premier stade du travail (dilatation du col supérieure à 5 cm et contractions rapprochées), avec une grossesse à faible risque et un fœtus unique, en présentation céphalique. Les critères d'exclusion étaient : le décès fœtal, une indication de césarienne, des troubles de mobilité, la prise de médicaments psychoactifs et l'utilisation d'analgésie péridurale ou d'ocytocine avant la randomisation.

Seuls des physiothérapeutes formés ont encadré les exercices avec le ballon suisse, en suivant une méthodologie standardisée. Ce protocole visait à optimiser la progression du travail en adaptant les exercices aux besoins de chaque femme. En effet, les exercices dépendaient de la station et la position du fœtus, de l'effacement/dilatation du col, et de l'envie précoce de pousser (avant 8-10 cm de dilatation).

Les participantes du groupe témoin pouvaient également utiliser le ballon suisse, mais sans recevoir les instructions spécifiques du protocole de kinésithérapie appliqué au groupe expérimental. Les participantes des deux groupes étaient libres de faire ce qu'elles jugeaient nécessaire ou souhaité tout au long de l'étude, afin de rendre l'expérience aussi naturelle que possible. 

L'objectif principal de l'étude était la durée de la première phase du travail (jusqu'à 10 cm de dilatation). 

L'intensité de la douleur et la satisfaction maternelle ont été mesurées à l'aide d'une échelle visuelle analogique, allant de 0 à 10. Le questionnaire de fatigue maternelle comprenait 15 items avec des réponses allant de 1 à 5, donnant un score de 15 à 75 points. L'anxiété maternelle a été évaluée à l'aide de l'Inventaire d'Anxiété État-Trait (18 items), les réponses étaient données sur une échelle allant de 1 à 4 avec un score final allant de 18 à 72 points.

Résultats

200 patientes ont été randomisées pour l'étude, avec 100 patientes affectées à chaque groupe. La durée moyenne d'utilisation des exercices impliquant la mécanique pelvienne était de 152 minutes. 

Les principaux résultats sont les suivants : 

Durée du travail : Grâce au protocole expérimental, la première phase a été raccourcie de 179 minutes en moyenne (571 vs 392 minutes), et la seconde phase a été réduite de 19 minutes (48 vs 29 minutes), démontrant que les exercices ont favorisé une progression plus efficace du travail. 

Soulagement de la douleur : Les exercices ont permis une réduction de l'intensité de la douleur de 2,7 points à 30 minutes, 2,1 points à 60 minutes et 2,0 points à 90 minutes, montrant une amélioration notable de la gestion de la douleur. 

Fatigue et anxiété maternelles : Le protocole a permis une réduction de la fatigue maternelle de 18 points et de l'anxiété de 9 points, des améliorations cliniquement significatives.

Risque de césarienne : L'intervention expérimentale a significativement réduit le risque de césarienne de 14 %, soulignant les avantages potentiels des exercices pelviens pour améliorer la progression du travail et réduire la probabilité d'une naissance chirurgicale. 

Œdème vulvaire : Le protocole a également réduit significativement le risque d'œdème vulvaire de 11 %. 

Satisfaction : La satisfaction générale concernant l'accouchement était élevée dans les deux groupes (9.2 et 9.3/10).

Les résultats des deux groupes étaient similaires en ce qui concerne la nécessité d'un accouchement instrumentalisé, l'épisiotomie, le risque de déchirure périnéale, la nécessité et le nombre de sutures, l'utilisation de l'analgésie péridurale et de l'ocytocine, ainsi que le gonflement cervical.

Résultats néonataux : Aucun écart significatif n'a été observé entre les deux groupes sur le score d'Apgar, le poids à la naissance, la circonférence de la tête, et la nécessité d'une réanimation néonatale ou d'une admission en soins intensifs. 

Discussion

Cette étude fournit des preuves solides soutenant que les exercices pelviens actifs sur un ballon suisse, associés à un protocole structuré et adapté à la situation de la patiente, peuvent améliorer considérablement les résultats maternels pendant le travail.

En effet, l'intégration de physiothérapeutes formés pourrait améliorer le soulagement de la douleur, la durée du travail, la réduction de l'anxiété, de la fatigue, et du nombre de césariennes, ce qui plaide en faveur de l'intégration de ces exercices dans les soins de routine chez les femmes en travail.

Andréa VILLENEUVE
Docteur Junior en gynécologie médicale
Marseille

Sixtine MIRIEU DE LABARRE
Assistante en gynécologie médicale
Paris

Publié le 1749113299000