
PORTRAIT
Roxane et Mikaël, 26 ans, sont en troisième semestre en médecine vasculaire à Paris. Leur promo a ouvert la spé en 2017, avec ses risques et ses promesses. Portraits croisés.
Comment choisir une nouvelle spé quand on a aucun retour d’internes sur le parcours, ni sur les chefs de service, ni sur la carrière à venir ? « Je me suis demandé ce que cette spé impliquait. Mon frère, médecin, m’a conseillé de choisir médecine vasculaire car la spé est très complète, transversale, elle se prête autant à la recherche qu’au libéral. » témoigne Mikaël Martiano, en 3e semestre à l’hôtel Dieu Paris. Roxane Gaisset, elle, fut plus mitigée : « Je me suis beaucoup renseignée sur les différentes spécialités mais la médecine vasculaire m'a semblé très complète. C'est une spécialité riche qui mêle à la fois la dermato, la cardio et la radio. Il y a aussi une forte activité en recherche thérapeutique qui me plait et j’ai aimé le côté nouveau, c’est une forme de curiosité. ». Pour être sûre de son choix, Roxane a partagé une journée avec une médecin spécialisée en vasculaire, installée en libérale. Première impression : l’hétérogénéité des patients. « Elle pouvait recevoir une femme enceinte souffrant de thrombose, puis un homme sain qui venait pour des varices, un patient diabétique post-AVC qui nécessitait un suivi important… ».
La médecine vasculaire est à la croisée de la cardiologie, de la radiologie, de la biologie et de la médecine interne. Elle a gagné son autonomie avec la réforme du 3e cycle en Co-DES avec la médecine cardiovasculaire. La spécialité est déjà parmi les plus attractives : en 2017, les 44 postes ont été pourvus rapidement. Mikaël confirme cet engouement : « Les néo-internes prennent davantage connaissance de la transversalité de la spécialité, avec notamment la possibilité de faire de la mini-chirurgie, rare sont les spécialités médicales à pouvoir se le permettre. Et notamment dans le domaine de la phlébologie avec le traitement interventionnel des varices. ». Néanmoins, il tempère par un bémol, le nombre de postes insuffisant. « Il y a seulement 8 postes à Paris et un seul à Nice ! Quand on connaît le bassin de population âgée en PACA, [NDLR : il est Niçois] il manque clairement des postes dans le Sud-Est et sûrement partout ailleurs. ».
« La médecine vasculaire est une spécialité riche qui mêle à la fois la dermato, la cardio et la radio. »
OUVRIR LA SPÉ EN 2017
En 2017, peu de stages sont offerts avec l’intitulé « Médecine vasculaire » même si les services hospitaliers existent. Roxane et Mikaël vont à la Pitié Salpêtrière, respectivement en cardiologie et en médecine interne, les deux stages étant validés en vasculaire. « Je ne regrette pas car je fus très bien formé en échographie vasculaire, l’un des piliers de notre spé. », observe Mikaël. Il compare le geste en échographie à celui du chirurgien qui demande entraînement et application. « Il faut apprendre toutes les localisations vasculaires et savoir manier la sonde autant de la main droite que de la main gauche avec précision et s’adapter à la morphologie et l’échogénicité de chacun. Quand une personne est en surpoids, cela vous demande par exemple plus de temps pour trouver l’artère du rein. » Roxane est elle aussi ravie de l’expérience acquise lors de son premier stage et se souvient de l’intensité du premier mois. « J’étais la seule interne de premier semestre dans ce service. J’avais peur de ne pas être à la hauteur. J’avais autant de patients à soigner que mes co-internes plus expérimentés. Heureusement, nous étions très solidaires. C’était une équipe soudée avec les chefs et les IDE aussi. » Elle est impressionnée par la « machine » de la Pitié, aussi étendu qu’un arrondissement de Paris. Pour déplacer certains patients d’un service à un autre au sein même du CHU, elle faisait appel à une ambulance !
THÉÂTRE ET VIE À DEUX
Pour garder l’équilibre dans sa nouvelle vie d’interne, Roxane s’est remise au théâtre l’année dernière, en intégrant une compagnie. « Cela me permettait de décompresser. Et j'en avais besoin car j'avais du mal à couper avec la journée à l'hôpital. Je m'investissais à fond, j’étais touchée par la vie des patients. ». Cette année, elle a préféré le sport en salle, plus souple pour son organisation. Mikaël lui n’a choisi ni l’un ni l’autre. Marié, c’est sa vie personnelle qui maintient l’équilibre. Pour préserver cette vie à deux, il a d’ailleurs choisi, en deuxième stage, la cardiologie à l’hôpital des armées de Bégin (94) sans garde ni astreinte. Un deuxième stage qui se déroula à Saint-Louis pour Roxane, en médecine interne au sein d’un service référent dans la maladie rare de la sclérodermie. Une expérience qui confirme son attrait pour la recherche : « L’équipe montait un projet très intéressant autour de la thrombose veineuse pour des patients atteints d’un cancer. ». Cette richesse au sein de la spé attire aussi Mikaël « La médecine vasculaire est très vaste, on ne peut pas tout voir en une année. Je pense que les internes aiment cette diversité. Dans 5 ans, il y a de bonnes chances que ce soit l’une des spé les plus prisées. », pronostique-t-il. Autre avantage : le plan de carrière. « Des postes vont s’ouvrir en médecine-vasculaire en PU-PH assez tôt, on peut espérer ce poste assez jeune alors que dans d’autres spé, ces postes sont très difficiles d’accès. ».
La médecine vasculaire est très vaste, on ne peut pas tout voir en une année.
LE CLUB DES JEUNES MÉDECINS VASCULAIRES
Tout nouveau, le Club des jeunes médecins vasculaires s’est fondé en mars 2018. Il réunit tous les membres de la SFMV de moins de 40 ans, hospitaliers comme libéraux. Il a pour but de développer la médecine vasculaire sur les plans pédagogiques, scientifiques et relationnels. Le club communique avec les différents coordonnateurs locaux et régionaux des DES et l’Association Française des Internes de médecine vasculaire (AFIMV) afin de cartographier les différents terrains de stage de chaque région. Le Club met aussi en place un système de compagnonnage avec des praticiens hospitaliers ou libéraux afin d’offrir une formation spécialisée parfois difficilement accessible au niveau local.
https://twitter.com/ClubVasculaire
Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°21

