Le SYNGOF vous Informe : Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus déjà sur la sellette ?

Publié le 14 May 2022 à 01:12

Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus est inscrit depuis 2018 dans le cadre d’un programme national organisé. Ce dépistage est déjà sur la sellette, bousculé par les partisans du passage immédiat au test HPV fait chez un professionnel de santé ou en auto-prélèvement


E. PAGANELLI*

Le cancer du col de l’utérus est le cancer à papillomavirus le plus répandu. Tous les ans, en France, on estime à près de 3000 nouveaux cas et environ 1100 femmes en meurent1. Ce cancer est, parmi les cancers dus aux papillomavirus, le seul à faire l’objet d’un dépistage de routine. Celui-ci repose sur un frottis cervico-utérin, effectué tous les trois ans, après deux frottis à un an d’intervalle, et s’adresse à toutes les femmes de 25 à 65 ans. Il n’existe pas de dépistage de routine pour les autres cancers dus aux papillomavirus.

Le papillomavirus est en effet responsable de nombreux cancers et d’autres maladies touchant l’homme et la femme. Académies, Collèges, Sociétés et Syndicats médicaux réunis au sein d’un collectif lançait un appel le 20 mars dernier pour un dépistage et une vaccination universelle contre le papillomavirus, soutenu par des personnalités médicales et 6 associations de parents et de dépistage. Ils estiment que si la France a réalisé un premier pas avec la généralisation du dépistage du cancer du col de l’utérus, l’urgence est aujourd’hui :
• D’augmenter la couverture vaccinale des populations déjà ciblées en rétablissant activement la vérité scientifique et donc la confiance vis-à-vis de ces vaccins actifs et très bien tolérés.
• De lancer la vaccination universelle gratuite ou remboursée, sans distinction de sexe ou de risque, pour protéger filles et garçons, réduire les inégalités et participer, avec les autres pays, à l’élimination des cancers HPV induits, en suivant la recommandation de l’OMS ;
• Et d’organiser un dépistage efficace (accès, avec utilisation des tests HPV).
De leurs côtés, plusieurs médecins, biologistes et patients réunis au sein du collectif « HPV » réclament dans un communiqué publié le 19 avril dernier le pas- sage immédiat au test HPV, s’émeuvent du « retard pris en France dans la mise en place du test viral HPV » et dénoncent « l’attentisme des autorités ».
Partisans du dépistage du cancer du col de l’utérus, le Syndicat des Médecins Pathologistes Français met en garde contre le passage immédiat au test HPV et dénonce dans son communiqué du 30 avril un « frottis bashing ». Comme il le souligne : « on voit paraître, de-ci de-là, des articles de presse et des avis circonstanciés en faveur d’une mise en place sans délai d’un dépistage du cancer du col de l'utérus par détection primaire de papillovirus humain (HPV pour Human Papilloma Virus). On nous dit que le dépistage par le test HPV est un test très sensible : c’est vrai. On nous dit que cette très grande sensibilité, « qui atteint 99% (faux) quand celle du frottis ne dépasse pas 60% (toujours faux), ce qui signifierait que sur 100 femmes qui ont un cancer avéré, 40 présentaient pourtant un frottis normal » (raccourci pernicieux et encore faux), justifie le choix d’un dépistage primaire par le test HPV. Ces chiffres proviennent d’une exploitation partiale et d’une manipulation des données publiées dans la littérature scientifique, par mélange d’études réalisées dans des pays différents avec des pratiques différentes et sur des populations différentes. On nous laisse croire que le test HPV est un meilleur test diagnostique : c’est faux, à nouveau ! ».
La HAS espère pouvoir diffuser au plus vite son travail portant sur l’évaluation de la recherche des papillo mavirus humains (HPV) en dépistage primaire des lésions pré-cancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus et de la place du double immuno-marquage p16/Ki67.
Ce travail repose sur une analyse scientifique rigoureuse et l'avis de plus de 60 experts (entre les membres du groupe de travail et de relecture). Elle espère permettre des propositions nouvelles de dépistage du cancer du col et améliorer le dépistage du cancer du col.

1 https://www.papillomavirus.fr/le-depistage-du-cancer-du-col-de-luterus/
*Gynécologue médicale, Secrétaire générale du SYNGOF et Présidente du Collège de Gynécologie du Centre Val de Loire

Article paru dans la revue “Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France” / SYNGOF n°117

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