Le point sur la réforme du 3ème cycle des études de médecine

Publié le 10 May 2022 à 06:23


Depuis quelques années, se projette une réforme de l’internat. La ministre de la Santé a missionné un groupe de travail pour établir les 1ères bases de ce que pourrait être le nouveau troisième cycle des études de médecine. Ce travail a abouti à un rapport, celui des Prs. Couraud et Pruvot, dont les 1ères propositions, très généralistes, permettent de visualiser la prochaine maquette de l’internat.

Ce nouvel internat devrait être mis en place pour la rentrée 2016
L’Association des Juniors en Pédiatrie a été consultée par les différentes structures pédiatriques en charge de la réforme de l’internat de pédiatrie, à savoir le Conseil National des Universités (CNU), le Collège National des Pédiatres Universitaires (CNPU), la Société Française de Pédiatrie (SFP) et les coordonnateurs du DES de pédiatrie en France. Des propositions ont été émises par ces différentes structures mais les internes sont et doivent être impliqués dans cette réforme car nous serons les premiers concernés.

  • Etat des lieux
    Le système actuel des Diplômes d’Etudes Spécialisées (DES) présente plusieurs faiblesses :
    • Grande disparité organisationnelle entre les différents DES et Diplômes d’Etudes Spécialisées complémentaires (DESC), mais aussi au sein d’un même diplôme d’une inter-région à une autre.
    • Absence de progression pédagogique lors du cursus. Les stages se succèdent sans réelle modification des objectifs ni réel parcours logique d’un semestre à un autre.
    • Quasi-absence d’évaluation formalisée des compétences en dehors de certaines spécialités ou dans le cadre des Diplômes Universitaires (DU) et inter-universitaires (DIU).
    • Période de mise en responsabilité aléatoire selon les disciplines et les sites. Plus spécifiquement pour la pédiatrie, la variété qui en fait son attrait en devient une faiblesse. Les internes ne cherchent généralement pas à se spécialiser lors de l’internat (ils effectuent des stages dans des sur-spécialités très différentes) mais seulement lorsqu’ils prennent leur poste de chef ou s’installent en ville.
  • Principes généraux de réorganisation du troisième cycle des études médicales
    Le troisième cycle s’articulerait autour de trois phases successives – phase socle, intermédiaire et de mise en responsabilité – dont la durée respective doit être encore déterminée (durée totale de 4 à 5 ans). Voici les 1ères propositions émises lors d’une réunion de coordination nationale ayant eu lieu les 26 et 27 Septembre 2014.
  • La phasesocle sera découpée en 3 ou 4 stages de 6 mois comprenant la pédiatrie générale, la néonatologie et les urgences pédiatriques et/ou un stage de spécialité transversale comme la neurologie ou l’endocrinologie. Le choix de ces stages se fera probablement en fonction du classement ECN. Au cours de cette phase, l’interne devra acquérir les connaissances de base de la pédiatrie ainsi que des compétences transversales nécessaires à l’exercice de la médecine (communication avec le patient et son entourage, communication interprofessionnelle, éthique…).

    A l’issue de cette phase, une évaluation des compétences techniques et relationnelles de l’interne sera réalisée par l’équipe pédagogique et le coordonateur du DES. Un contrat de formation sera alors établi en fonction des souhaits de l’interne et après discussion avec le coordonateur et l’équipe pédagogique. Ce contrat déterminera une option au sein du DES. Ces options correspondront à nos actuels DU/DIU/DESC et conditionneront une compétence particulière. Exemples d’option : cardiologie pédiatrique, pneumo-allergologie pédiatrique, néonatologie…

    Pour certaines options, une régulation des flux pourrait être mise en place.

    La phase intermédiaire sera découpée en stages de 6 mois orientés selon l’option choisie et le contrat de formation établi. La durée totale n’est pas encore déterminée : 3 à 4 semestres en fonction de la durée totale de l’internat (cf. ci-dessous). L’enseignement hors stage sera poursuivi et axé sur l’option choisie. Les compétences de l’interne seront évaluées pendant et à la fin de cette période.

    A l’issue de cette phase, une thèse d’exercice devra être réalisée et soutenue car elle conditionne l’accès à la phase de mise en responsabilité.

    Enfin, la phase de mise en responsabilité permettra à l’interne, l’exercice des fonctions de médecin avec prise de responsabilités dans un cadre sécurisé et encadré. L’interne sera alors en 1ère ligne pour la prise en charge des enfants en tant que référent et la réalisation de gardes de sénior. La durée de cette phase devrait être de 1 an (avec soit deux stages de 6 mois dans des services différents ou dans le même service).

    A l’issue de cette phase, la validation du stage et d’un mémoire de DES permettront la délivrance du DES de pédiatrie.

  • Enseignement hors stage
    La formation théorique des internes s’articulera autour de séminaires présentiels, d’e-enseignements (e-learning) et de simulations. Des référentiels nationaux, établis et validés par les différentes sur-spécialités pédiatriques, seront mis à la disposition de tous les internes.
  • Questions en suspend
    De nombreuses questions restent pour le moment sans réponse :
    • Comment les internes choisiront-ils leur option ? Sur quels critères se fera la distribution des options entre les internes ?
    • La disponibilité des options au sein des régions revient-elle à une régulation des flux (nombre de personnes formées, de postes et lieux ouverts, maillage territorial) ?
    • Combien de terrains de stage formateurs pour une option donnée y aura-t-il par région ? En effet, il y aura des difficultés pour accéder à certaines spécialités dans certaines régions avec la probable nécessité de faire des inter- CHU.
    • Quel est l’aboutissement de l’option à la fin du DES ? Est-ce l’équivalent d’une sur-spécialité ou bien d’une compétence seulement ?
    • Statut de l’interne en phase de mise en responsabilité : salaire ? Permet l’accès au secteur 2 ?
  • Et maintenant ?
    Un sondage national lancé mi-novembre et clôturé début décembre a réuni plus de 600 réponses d’internes sur les quelques 1200 en France. Près de 75 % d’entre eux souhaitent, pour la prochaine maquette, que l’internat soit prolongé d’un an, le portant ainsi à 5 ans (soit 4 ans pour la phase socle et intermédiaire et 1 an pour la phase de mise en responsabilité). Il est désormais acquis que les internes en pédiatrie en France sont favorables à un allongement de leur formation. Reste à convaincre désormais les Ministères de l’Education et de l’Economie du bienfondé de cette demande. L’AJP se mobilise avec les divers responsables nationaux de la formation des internes et les coordonateurs du DES de pédiatrie afin de faire aboutir cette demande.
  • Nous vous tiendrons régulièrement informés des avancées.

    Maxime Bacquet
    Caroline Brottier
    Matthieu Bendavid
    Article paru dans la revue “Association des Juniors en Pédiatrie” / AJP n°11 

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