Actualités : La reingeniérie des études de masso-kinésitherapie… un an après

Publié le 30 mai 2022 à 08:10

 

Quelques rappels
Cette réforme des études qui a mis presque huit ans à aboutir, a été entérinée par l’arrêté du 02 septembre 2015 et porte la durée des études à quatre ans. Elles se déroulent après une année universitaire (L1) validée, ainsi, les étudiants voulant intégrer un IFMK doivent avoir validé une 1ère année universitaire (PACES, STAPS ou Sciences), et être reçus sur concours, le nombre de places en formation étant limité et fixé chaque année par arrêté ministériel.

La nouvelle organisation des études se déroule sur deux cycles de deux ans (le 1er correspond aux K1 et K2, le 2ème aux K3 et K4). La formation comporte des heures d’enseignements (cours magistraux et travaux dirigés), des heures de stage et, ce qui est nouveau, du temps de travail personnel.

L’acquisition de trois types de savoirs est requise : les savoirs fondamentaux, les sciences et l’ingénierie en kinésithérapie, et l’apprentissage et l’approfondissement axés sur les méthodes de travail, la construction du raisonnement clinique et critique, pour le 1er cycle, et l’apprentissage et la professionnalisation axés sur la pratique clinique et professionnelle pour le 2ème cycle.

Onze compétences sont à acquérir. Le 1er cycle est organisé pour permettre à l’étudiant d’acquérir la dimension méthodologique des 11 compétences. Le deuxième cycle a pour finalité la mise en projet et la réalisation d’actes en situation réelle. Il est organisé pour permettre à l’étudiant la mise en œuvre des onze compétences.

Chaque cycle comprend des unités d’intégration qui doivent permettre à l’étudiant de mobiliser les différents savoirs et savoir-faire acquis pour appréhender et comprendre des situations professionnelles, agir dans ces situations, évaluer le résultat de ses actions, structurer ses acquis et transférer ces nouveaux savoirs dans de nouvelles situations. Des unités d’enseignement optionnelles (deux dans chaque cycle) complètent l’ensemble.

La validation des unités d’enseignement (UE) entraîne l’attribution de crédits (ECTS) et l’acquisition de compétences. Il y a 30 ECTS par semestre (60 ECTS par an).

La validation des UE se fait à 10/20 et il y a des UE compensables dans chaque cycle avec une note plancher fixée à 08/20.

Les évaluations sont semestrielles et il y a deux sessions par semestre, la 2ème représentant le « rattrapage ».

La formation clinique reste quasiment inchangée en nombre d’heures mais elle est étalée sur les quatre années. Les trois premières années d’études comprennent chacune deux périodes de stages (de 2 à 6 semaines selon les années), la quatrième année comporte un stage long, dit « clinicat », de 12 semaines.

La progression de cette formation clinique est suivie par l’intermédiaire du portfolio qui est renseigné à la fois par l’étudiant et le tuteur de stage.

Il est instauré une commission d’attribution de crédits (CAC) placée sous la responsabilité du directeur de l’IFMK qui la préside. Elle est composée d’un représentant de l’université, des formateurs référents et de représentants des tuteurs de stage salariés et libéraux.

Le passage de K1 en K2 se fait après validation des semestres 1 et 2 et l’acquisition d’au moins 52 ECTS /60. Les étudiants n’ayant acquis qu’entre 15 et 52 ECTS redoublent en conservant l’acquis des UE validées. Les étudiants ayant validé moins de 15 ECTS sont exclus de la formation.

Le passage de K2 en K3 se fait par validation de l’ensemble des UE et des stages du 1er cycle, c’est-à-dire sans dette de crédits.

Le passage de K3 en K4 se fait en validant au moins 52 ECTS sur 60.

Le mémoire n’est plus l’épreuve certificative du Diplôme d’Etat mais devient une UE à part entière (UE 28). Le directeur de mémoire fait partie du jury de soutenance contrairement aux dispositions antérieures. Il est à noter également dans ce jury la présence d’un enseignant universitaire.

Le jury de Diplôme d’Etat est présidé par la DRJSCS (Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale) et vient attester de la validation par l’étudiant de l’ensemble des 240 ECTS sur les 4 ans.

Un bilan partiel
De quatre modules en K1 dans le programme de 1989, on passe à 10 UE dont une UE « stage » en 1ère année. Toutes ces UE doivent être soumises à des épreuves de validation ce qui a considérablement augmenté les temps d’évaluations.

De plus, il est à noter que les semestres ne se compensant pas, l’étudiant doit les valider indépendamment.

De nouvelles matières sont apparues comme l’anglais, la santé publique, les méthodes de travail et de recherche ce qui a obligé les IFMK à mobiliser de nouveaux moyens humains et/ou logistiques avec évidemment un surcoût quelquefois non négligeable.

L’organisation des commissions d’attribution de crédits (CAC) va engendrer des problèmes de planification quand les quatre années de formation seront en place car elles siègent toutes à la même période en fin de semestre. Il en est de même pour les évaluations et les sessions de rattrapage.

Il n’y a plus de stages ni en juillet ni en août et les stages sont quelquefois très espacés dans le temps, souvent plusieurs mois, ce qui réduit le rythme de l’alternance.

Enfin, il est fait obligation aux IFMK de passer conventions avec une université. Ces conventions sont de deux types : une 1ère convention pour la sélection, et une 2ème pour la formation. Il n’est quelque fois pas facile de « négocier » avec les universités, et l’avancée des conventionnements progresse en fonction des liens développés entre les acteurs localement et de leur volonté.

Il faut toutefois rester optimiste dans la mise en place de ce nouveau référentiel de formation. Cela a été une victoire pour la profession de voir passer la durée de la formation initiale de 3 à 4 ans et ce après une 1ère année universitaire validée. De fait, les études durent désormais 1 an + 4 ans. Il reste maintenant à obtenir l’accolement de cette année universitaire aux 4 années de formation spécifique pour obtenir à terme une formation de 5 ans reconnus, validant 300 ECTS et un grade de Master.

« L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait. »

Georges BERNANOS

            Article paru dans la revue “Syndicat National de Formation en Masso-Kinésithérapie” / SNIFMK n°8

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