La mobilité

Publié le 1675350220000

Voyager pendant l’internat, c’est possible !
L’internat est une période durant laquelle les futurs psychiatres ont la chance de pouvoir changer de service tous les six mois. Cependant, à la différence de nombreuses autres formations, les études médicales n’encouragent pas à la mobilité en dehors des frontières de sa région d’affectation.
Nous vous proposons dans cet onglet d’aborder quelques-unes des possibilités de mobilité pendant l’internat. Nous ne prétendons pas à l’exhaustivité, mais essayons plutôt de nous baser sur des expériences personnelles.

Partir en France, ou le stage 
« Inter-CHU »
Pour pouvoir bouger, le nerf de la guerre, c’est de trouver un financement. Le moyen le plus simple est donc de continuer à être salarié du CHU dans lequel vous êtes interne. Cependant, à l’heure actuelle, des discussions ont lieu autour des inter-CHU et notamment de leur financement. Ce qui pourrait totalement modifier la procédure pour les demandes de ces « stages hors subdivision » ! Dans tous les cas, sachez qu’en général c’est largement faisable si l’on est prêt à y investir l’énergie requise et à s’y préparer plusieurs mois à l’avance (non, non, je ne parle pas du Marathon de Paris mais bien d’un dossier d’inter-CHU !!!).

Pourquoi un inter-CHU ?
L’inter-CHU permet à l’interne d’acquérir des connaissances ou des techniques qui ne sont pas disponibles dans sa région d’origine ; acquisitions dont l’interne fera bénéficier ladite région à son retour.
En pratique, les motivations sont très diverses. Pour certains, c’est l’opportunité d’un rapprochement familial suite aux vicissitudes de l’ECN, pour d’autres l’occasion de préparer « l’après-internat ». Attention, il est hors de question de justifier un inter-CHU par un rapprochement familial ou une autre raison personnelle. Ces éléments sont même souvent éliminatoires, ils sont donc à proscrire dans votre dossier !

Quelques infos importantes
L’inter-CHU peut être accessible, en fonction des régions, à partir du 2ème ou 4ème semestre validé. En théorie, un interne peut demander deux inter-CHU durant son internat mais en obtenir un n’est pas toujours facile, alors deux… Il est par contre parfois envisageable de renouveler un inter-CHU une fois sur place.

Durant son inter-CHU, l’interne est en sur­nombre dans le service d’accueil. L’interne est rémunéré par le CHU d’origine en ce qui concerne son salaire de base, en revanche les activités ­supplémentaires (gardes, astreintes…) sont rémunérées par le CHU d’accueil.
Pour chaque région, un nombre d’internes autorisés à partir en inter-CHU est défini par semestre, toutes spécialités confondues (c’est le CHU d’origine qui paie, ce qui explique le nombre de places limité).

Une commission inter-CHU se réunit deux fois par an pour départager les dossiers. Cette commission est en général composée de professeurs de diverses spécialités, de représentants des affaires médicales et de l’ARS, et parfois de représentants des internes. Les critères de classement peuvent être très variés selon les régions : qualité du projet de stage, titres et travaux, devenir dans la région, responsabilités collectives, ancienneté… Théorique­ment, le classement à l’ECN n’est plus un critère pour départager les candidats… mais il reste demandé lors du dépôt de dossier.

Dans tous les cas, il faut essayer de convaincre la commission que votre objectif est de revenir après votre inter-CHU, et que de vous laisser partir 6 mois est un bon investissement.

Les étapes
Renseignez-vous auprès de votre chef de service, coordinateur de DES et de l’administration sur les formalités exactes dans votre région (en général un formulaire à compléter, un CV, une lettre de motivation, parfois une présentation orale). N’hésitez pas à demander des informations à votre association ou syndicat local d’internes, ils pourront vous conseiller et vous mettre en lien avec des internes qui ont vécu cette expérience.

Les pièces à obtenir, selon les régions :
L’accord écrit du chef de service d’accueil.
Les accords écrits des coordonnateurs régionaux et interrégionaux.
Les accords écrits du Doyen de la faculté d’accueil et du directeur de l’hôpital du CHU d’accueil, +/- ceux de la région d’origine.
Si vous avez en plus des courriers de soutien (de vos chefs de service par exemple), ils sont toujours les bienvenus.
Le dossier complet sera soumis à la commission inter-CHU qui a lieu 6 à 7 mois avant le début du semestre, donc il faut prévoir un temps suffisant pour réunir toutes les pièces.

Si votre dossier est accepté à cette commission, l’acceptation par les ARS d’origine et d’accueil est habituellement une formalité.
Attention pour les inter-CHU vers un service de l’AP-HP, il vous faudra également passer par la commission inter-CHU parisienne qui peut mettre son véto : vous devez être plus avancé dans la maquette de psychiatrie que l’interne le moins avancé des deux derniers semestres avant les choix.
Une fois toutes ces étapes passées, vous pourrez sortir le champagne !!

Une astuce
Sachez qu’il est souvent plus facile de partir au sein de son inter-région du fait de l’existence de conventions. Par exemple, dans le groupe HUGO (Hôpitaux Universitaire Grand Ouest), structure de coordination et de promotion qui regroupe 6 CHU de l’inter-région du Grand Ouest, il existe des « échanges à coût nul » : un stomato de Poitiers contre un psy de Tours. Dans l’Est, il en va de même entre les CHU de Dijon et Besançon qui proposent des échanges entres internes pour un semestre. N’hésitez pas à vous renseigner auprès des affaires médicales pour savoir si cette possibilité existe dans votre région.
Voilà, vous voici au pied de la montagne, armés de quelques piolets, il ne vous reste plus qu’à l’escalader. Bon courage et n’hésitez pas, c’est une expérience extrêmement enrichissante !

Partir Outre-Mer
Outre l’attrait des cocotiers, plages ensoleillées, lagons bleu-turquoise et autres poissons-clown (vous savez, les poissons orange et blanc, comme dans Némo), un stage Outre-Mer est l’occasion de rencontrer une autre culture et donc la place de la pathologie mentale au sein de celle-ci, d’autres modes d’expression de la maladie et d’autres prises en charges. Les crises de Djinns mahoraises ou les Tupapau polynésiens deviendront votre quotidien auprès des patients, et seront l’occasion de dérouler le récit familial.
Sachez donc que les services de psychiatrie de la plupart des hôpitaux Outre-Mer ont l’agrément pour accueillir des internes (la liste complète est disponible sur le site web de l’Université de Bordeaux qui gère tous les stages Outre-Mer, voir en fin de chapitre). Mayotte, la Réunion, la Guadeloupe et la Martinique, ainsi que la Guyane sont les DOMs disponibles. Sans oublier le ­Pacifique sud avec la Polynésie Française et la Nouvelle-Calédonie pour les TOMs.

Pour réaliser le tout, le principe est le même que pour un inter-CHU : récolter les signatures nécessaires, construire un projet pédagogique et envoyer le tout aux administrations respectives (fac, ARS, etc.). Ensuite les hôpitaux d’Outre-Mer vous demanderont un certain nombre d’attestations (vaccinations, aptitude physique et mentale, pièce d’identité ou encore RIB si vous voulez être payés). Il faut avoir validé au moins 2 semestres pour partir dans un DOM, 4 pour un TOM.

Les salaires sont plus élevés qu’en métropole (mais attention, le niveau de vie aussi, d’où le nom de « prime 40 % vie chère »), et ce sont les hôpitaux locaux qui vous paient, donc ce ne sera pas un facteur limitant pour le départ. Par conséquent si vous construisez un dossier cohérent, votre région sera ravie de vous laisser partir, histoire d’avoir un interne en moins dans le budget pour 6 mois... Ces stages n’entrent donc pas dans le cadre des « inter-CHU » au nombre de places limitées par votre région d’origine.
Votre billet d’avion devrait normalement être pris en charge, et dans la majorité des cas vous serez logés sur place.

Essayons de ne pas être qu’un office du tourisme : il y a aussi des points négatifs.
Renseignez-vous un peu sur la qualité de formation que votre service d’accueil pourra vous apporter, car comme en métropole, tous les stages ne se valent pas. Au-delà de la valeur formatrice intrinsèque de l’exercice de la psychiatrie Outre-Mer (et l’indispensable lecture d’un minimum de psychiatrie transculturelle), certains services sont en souffrance du fait d’un turn-over important des médecins et de difficultés d’effectifs.

D’autre part, vous allez être dépaysés. Préparez-vous à des émotions fortes, à des milliers de kilomètres de vos points de repère habituels et notamment de vos proches. Et parfois à des désillusions, car tout n’est pas toujours rose sous les « tristes tropiques »... Certains ont du mal à s’y faire.

Essayez de cibler un peu votre destination : si vous êtes plutôt dans un trip « roots » et que le confort n’est pas votre priorité, Mayotte est une perle qui a encore tout son éclat. Si vous préférez la villa avec piscine, votre choix s’orientera plutôt vers la Polynésie, par exemple.

Malgré ces réserves destinées à tempérer un peu le discours précédent et éviter quelques déconvenues, nous ne connaissons pas un interne qui soit parti Outre-Mer et soit revenu déçu ! Une fois rentré en métropole, on n’a le plus souvent qu’une idée en tête : retrouver la douce brise du soir des Îles Sous-le-Vent…
Partir à l’étranger

Pour les aventuriers, les vrais, il reste le stage dans un pays étranger ! Non pas que partir au Royaume-Uni soit le projet le plus dangereux qu’on puisse imaginer, mais plutôt qu’il s’agisse de la solution la plus compliquée pour bouger pendant l’internat.
Le principe est toujours le même : trouver un stage, trouver un financement, faire un projet pédagogique. Dans le cas de l’étranger, les trois peuvent être compliqués.

Trouver le stage se fait le plus souvent sous l’impulsion ou au minimum sur la recommandation d’un chef de service, qui a créé et entretenu des liens avec un service de psychiatrie à l’étranger. Ça peut donc aussi bien être en Inde qu’en Allemagne. Vous pouvez tenter le coup de la candidature spontanée, mais le résultat est bien plus aléatoire... Une autre difficulté est de faire valoir votre qualification de médecin en formation. Cela dépend de l’existence ou non d’une convention ou d’équivalences entre la France et votre pays de destination.

Le financement, comme dans le cas d’un stage Outre-Mer, sera le plus souvent assuré par l’hôpital d’accueil. Il faut donc trouver un service qui a le budget disponible pour financer un interne pendant six mois.
Le projet pédagogique enfin, dépendra de votre service d’accueil. À nouveau, un coup de pouce de votre chef de service ou responsable de DES ne sera pas inutile pour établir un projet pédagogique avec le service que vous convoitez.

Il faut ici souligner qu’une destination semble plus simple à atteindre à l’étranger : la Suisse. Tout d’abord, il n’y a pas le problème de la barrière de la langue en Suisse romande. Deuxièmement, les services financent les internes qu’ils accueillent, quelle que soit leur origine. Enfin, l’équivalence est acquise pour les internes français qui peuvent occuper un poste de « médecin assistant », terme employé pour désigner les internes en Helvétie. La démographie médicale des internes en Suisse est telle qu’ils sont plutôt demandeurs d’internes étrangers, et les français font donc parfaitement l’affaire. Il n’y a pas de concours type ECN en Suisse, le recrutement des internes se fait donc directement par le directeur du service, le plus souvent sur dossier et entretien. L’association des médecins assistants suisses, dont le site web est répertorié à la fin de ce chapitre, pourra vous renseigner sur les détails.

Ensuite, il ne vous restera plus qu’à ouvrir un compte bancaire, trouver un logement, et vous occuper des assurances (notamment santé) qui coûtent une fortune,  heureusement contrebalancées par un salaire bien plus élevé qu’en France. La qualité de la formation en Suisse est généralement très bonne, même s’il n’est bien entendu pas possible d’en faire une règle générale.

Programme « échange » EFPT
Autre alternative depuis 2011, grâce au programme d’échange EFPT (entièrement mis au point et organisé par des internes des 4 coins de l’Europe), vous pouvez participer à des stages observationnels d’une durée de 2 à 6 semaines dans un pays étranger (www.efpt.eu). 

Les modalités d’inscription sont simples puisqu’il suffit de déposer un dossier (CV, lettre de motivation et lettre de recommandation du chef de service). Une sélection est faite selon différents critères (niveau de langue notamment, mais il faut savoir que l’anglais suffit dans certains pays).

Ces stages bien que plus accessibles ne sont pas reconnus par la faculté.
Si vous souhaitez les effectuer pendant votre période de stage (hors congés), il va falloir négocier avec votre chef de service et votre coordinateur de DES. Des internes référents vous accueillent sur place et vous encadrent pendant la durée de votre séjour.
Une présentation vous sera demandée à votre arrivée pour présenter votre hôpital d’origine, ses activités, le système de soins français, et un autre à votre retour pour restituer et faire partager à vos co-internes tout ce que vous aurez appris pendant votre stage.

Pour plus de détails, rendez-vous au chapitre EFPT.

Partir pour faire une année de recherche
L’année-recherche est également l’occasion de passer plusieurs mois à l’étranger. Cette possibilité simplifie un certain nombre de paramètres en comparaison d’un stage clinique à l’étranger. Tout d’abord, par définition, pour une année-recherche, vous avez un financement. Si vous n’avez pas l’année-recherche, il est toujours possible de faire des demandes de bourse pour consacrer une année à des travaux de recherche (cf. le chapitre correspondant dans ce livret). Par ailleurs, le fait de ne pas être complètement bilingue est moins handicapant lorsque l’on fait de la recherche que lorsque l’on doit faire un entretien psychiatrique avec un patient. Enfin, le problème des équivalences est bien plus simple à résoudre si la question de la qualification médicale n’est pas en jeu.

Conclusion
Nous espérons que ces quelques lignes vous auront convaincu de l’intérêt que représente une mobilité au cours de votre internat. Il s’agit d’une occasion unique tant sur le plan professionnel que personnel. Découvrir une autre région, voire un autre pays, lorsque l’on y vit et travaille, est autrement plus enrichissant que d’y passer quelques jours de vacances. Il faut certes préparer à l’avance un dossier solide et les démarches administratives peuvent sembler à première vue décourageantes, mais si vous êtes motivé pour tenter l’aventure, foncez ! Vous ne le regretterez pas.

Liens/Adresses utiles
Université Victor Segalen Bordeaux 2 
Département des Formations dans les DOM-TOM - 146, Rue Léo Saignat 
33076 ­BORDEAUX cedex - Tél. : 05 57 57 10 29/1031 - Fax : 05 56 93 80 72 
Secrétariat : [email protected]
Agence Régionale de Santé Aquitaine
Espace Rodesse 103 Bis, Rue Belleville - BP. 952 - 33063 BORDEAUX cedex 
Tél. : 05 57 01 97 65 - Fax : 05 57 01 97 96 - [email protected] - [email protected]
Université des Antilles et de la Guyane
U. F. R. des Sciences Médicales - Campus de Fouillole - BP. 145 - 97154 POINTE-À-PITRE cedex 
Tél. : 05 90 48 91 33 33 - Fax : 05 90 48 30 28
[email protected] [email protected]
Agence Régionale de Santé Guadeloupe
Bisdary - 97113 GOURBEYRE - Tél. : 05 90 99 49 30 - Fax : 05 90 80 88 00 - [email protected]
Agence Régionale de Santé Océan Indien
2bis, Avenue Georges Brassens - CS 60050 - 97408 SAINT-DENIS Cedex 9 
Tél. : 02 62 93 94 09 - Fax : 02 62 93 94 18 - [email protected]
D.T. A. S. S. de la Nouvelle-Calédonie
Immeuble Galliéni - BP n° 4 - 98851 NOUMÉA cedex 
Tél. : 00 687 24 37 00 - Fax : 00 687 24 37 02 - [email protected]
Centre Hospitalier de la Polynésie Française
BP 1640 - 98713 PAPEETE TAHITI - POLYNÉSIE FRANCAISE
Tél. : 00 689 46 63 99 - Fax : 00 689 46 62 87 - [email protected]
Site des internes de Martinique : http://internat.martinique.free.fr/
Forum des internes Antilles-Guyane : http://forum.i-a-g.eu.org/
Site de l’Association suisse des médecins assistantes 
et assistants en psychiatrie (c’est-à-dire des internes) : http://www.svpa-asmap.com

 

 

Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°01

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