La formation aux Psychothérapies durant l’internat

Publié le 18 May 2022 à 01:52

Objectifs de cette enquête

Afin d’assurer au mieux son rôle de porte-parole des internes, l’AFFEP a choisi d’interroger les internes sur leur formation aux psychothérapies, les buts étant d’établir un état des lieux de la formation actuelle, de connaître l’intérêt (ou le désintérêt) des internes pour les psychothérapies et de réfléchir ensuite à des pistes d’amélioration possibles.

Un questionnaire anonyme a donc été diffusé d’octobre 2010 à janvier 2011 aux internes constituant les 4 promotions de l’année universitaire 2010-2011. Le développement et le dynamisme du réseau associatif (référents locaux dans chaque ville d’internat, site internet) nous ont permis d’atteindre 65 % de réponses (soit 869 internes sur 1334). On observe cependant des taux de réponses très hétérogènes d’une ville à l’autre : de 14 % à Dijon à 84 % à Marseille (figure 1). Les taux de réponses par année d’internat sont, quant à eux, assez homogènes.
Les internes et la formation théorique universitaire

Les internes ont évalué leur formation théorique aux 3 principaux courants psychothérapeutiques (psychanalyse, systémie, TCC) en la cotant de la façon suivante  : très insuffisante, insuffisante, satisfaisante ou très satisfaisante. Une proportion très élevée des internes ayant répondu au questionnaire jugent cette formation insuffisante. En effet, 75 % des internes estiment la formation théorique aux TCC et à la psychanalyse insuffisante ou très insuffisante  ; ce chiffre atteint 81 % des internes pour la formation théorique à la systémie.

Si l’on s’intéresse aux différentes villes d’internat, on peut individualiser 3 profils différents :

20 villes sont insatisfaites, c’est-à-dire que plus de 50 % des internes jugent leur formation théorique insuffisante dans ces 3 courants psychothérapeutiques  : Amiens, Angers, Besançon, Bordeaux, Caen, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Paris, Poitiers, Rennes, Rouen, Saint-Etienne, Toulouse et Tours. Parmi ces 20 villes, 8 sont très insatisfaites, c’est-à-dire que plus de 75 % des internes jugent leur formation théorique insuffisante dans les 3 courants : Amiens, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Marseille, Rouen et Toulouse.

4 villes sont satisfaites dans un seul courant psychothérapeutique, c’est-à-dire que plus de 50 % des internes jugent leur formation théorique satisfaisante dans le domaine concerné : Strasbourg, Brest et Reims pour la psychanalyse ; Clermont-Ferrand pour les TCC.

Enfin, seules 2 villes sont satisfaites dans 2 courants psychothérapeutiques : Lille pour la systémie et les TCC, et Nice pour la psychanalyse et les TCC. NB  : il est donc à noter qu’aucune ville n’est satisfaite dans les 3 principaux courants psychothérapeutiques.

NB  : il est donc à noter qu’aucune ville n’est satisfaite dans les 3 principaux courants psychothérapeutiques

Les internes et la formation extra-universitaire

Toutes années confondues, 16 % des internes ayant répondu au questionnaire se forment, en parallèle du DES, aux psychothérapies dans des instituts privés ou des associations spécialisées et 30 % y songent. En fin d’internat, cette formation extra-universitaire concerne un quart des internes.

Figure 2

Figure 3 : répartition des formations extra-universitaires selon les courants psychothérapeutiques

Les internes et la psychanalyse

Toutes années confondues, 19 % des internes ayant répondu au questionnaire sont en cure analytique ou en psychothérapie d’inspiration psychanalytique et 26 % y songent. La proportion d’internes en analyse augmente entre le début et la fin de l’internat : ainsi, 13 % des internes de première année sont en analyse et un quart (26 %) des internes de quatrième année sont en analyse.

Parmi les internes en analyse, près d’un sur deux (45 %) souhaitent exercer en tant que psychanalyste, soit 9 % de l’ensemble des internes ayant répondu au questionnaire.

La proportion d’internes en analyse varie énormément d’une ville à l’autre (figure 4).
NB : 9 % des internes en analyse suivent également une formation privée dans un autre courant psychothérapeutique et 29 % y songent.

Les internes et la supervision

Dans le questionnaire, la supervision était définie comme un « temps réservé à un échange avec un sénior à propos des difficultés dans la relation thérapeutique entre l’interne et le patient  ». 97 % des internes ayant répondu au questionnaire considèrent qu’une telle supervision est nécessaire durant l’internat, ce taux variant de 75 % à 100 % des internes selon les villes. Parmi eux, plus de trois quarts des internes (78 %) la souhaiteraient hebdomadaire ou bimensuelle.

Malheureusement, à l’heure actuelle, seule la moitié des internes (51 %) ont accès à une supervision avec une grande hétérogénéité en fonction des villes (figure 5)
Les souhaits des internes

Un projet de formation aux psychothérapies en 2 temps a été proposé aux internes  : une formation théorique obligatoire aux principes généraux et aux différents grands courants psychothérapeutiques (psychanalyse, systémie, TCC) en première partie d’internat, pouvant être suivie d’une formation facultative approfondie dans un ou plusieurs de ces courants. 95 % des internes ayant répondu au questionnaire sont favorables à ce modèle proposé avec une réelle unanimité puisque, dans chaque ville, plus de 4/5èmes des internes le sont.

Seuls 39 internes sur 869 (5 %) sont défavorables au modèle proposé. Parmi les 31 internes ayant justifié ce désaccord, seuls 5 internes ne veulent pas être formés aux psychothérapies et 12 internes ne veulent être formés qu’à un seul courant psychothérapeutique. Les 14 internes restants demandent un modèle différent de formation aux psychothérapies : 7 internes souhaitent que celle-ci reste facultative, 2 internes estiment trop précoce de se former aux psychothérapies durant l’internat et 5 internes considèrent que le modèle proposé n’est pas assez approfondi, critiquant l’aspect purement théorique du modèle décrit ou regrettant une formation centrée uniquement sur ces trois courants.

En conclusion

Plusieurs questions émergent de cette enquête  : Pourquoi un tel taux d’insatisfaction concernant la formation théorique des internes aux psychothérapies ? Comment expliquer l’attrait des internes pour les instituts privés de formation ? Comment se fait-il que, pour la supervision, il existe un décalage aussi important entre les souhaits des internes et la réalité ? Comment cette supervision peut-elle être mise en place dans les différents terrains de stage ? Enfin, comment le modèle de formation qu’une écrasante majorité d’internes demande peut-il être mis en place en pratique ?

Marion AZOULAY
Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie” / AFFEP n°16

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