Actualités : L’echographie foetale de depistage : yes you can !

Publié le 14 mai 2022 à 08:02

L’échographie foetale est une spécialité risquée. C’est la première idée reçue à laquelle se heurte souvent l’initiation à cette pratique. Dans cette période, je raconte souvent cette histoire d’un collègue, neuroradiologue interventionnel, dont j’ai suivi l’épouse en réalisant ses échographies de grossesse. En plein examen, il pousse un long soupir et me confie : « quand même, c’est vraiment risqué ce que tu fais… ». Un sourire apparaît alors sur mon visage, puis sur le sien, quand je lui rappelle que lui-même insère des cathéters jusqu’aux artères intracrâniennes de ses patients, afin de déposer coils, stents ou tout autre matériel d’embolisations diverses. Et de lui demander : « de nous deux, qui prend le plus de risques ? ».

Cette histoire est très révélatrice des idées reçues autour de l’échographie de grossesse, pratique souvent considérée comme confidentielle et « dangereuse ».

Toute pratique médicale comporte des risques, toute pratique d’imagerie en comporte également, qu’elle soit diagnostique ou interventionnelle. Ce risque se maîtrise, dans les limites du possible, en particulier par la qualité de la formation, initiale et continue. Depuis quelques années j’enseigne l’échographie de dépistage à des internes, de toutes origines, à des sages-femmes : le premier temps d’enseignement consiste souvent à démystifier cette pratique et à décomposer l’ensemble de ces idées reçues. Le risque en fait partie, et comme dit précédemment, il s’encadre par la formation, mais également par l’évaluation et la remise en cause de ses propres pratiques professionnelles. Le comité technique national de l’échographie de dépistage prénatal a défini un cadre précis permettant aux praticiens réalisant ces actes de mettre en avant l’obligation de moyens à laquelle ils s’engagent, notamment grâce à des comptes-rendus et une iconographie minimum recommandés (qui seront rappelés dans un article du syllabus qui accompagnera cette année encore la journée de formation des internes).

Le risque lié à cette pratique s’encadre aussi et peut-être surtout par une formation à une communication de qualité avec ses patients, à savoir le couple en attente d’un bébé, en leur expliquant, de la manière la plus adaptée à chacun d’eux, les performances et les limites de ce suivi échographique de la grossesse. Encore faut-il en avoir bien conscience soi-même.

Il y a chaque année en France environ 800 000 naissances, soit trois fois plus d’échographie de dépistage recommandées à réaliser : le besoin médical est donc immense, et les radiologues ont bien sûr sur un rôle majeur à jouer dans cette activité, qu’elle soit libérale ou hospitalière. Mais il faut aussi toujours se rappeler que ces 3 échographies sont recommandées et non obligatoires, du fait d’un faible niveau de preuve scientifique de leur intérêt à grande échelle. Les 3 seules données scientifiquement utiles à identifier sont le nombre d’embryon(s), la datation de la grossesse et la position du placenta. Au final, cela permet de relativiser…

Le besoin est donc immense pour la population, et la communauté radiologique est mobilisée. Très récemment, sous l’impulsion de la SFR, du CERF, et de la SFIPP, un décret a donné la possibilité aux radiologues de réaliser des échographies obstétricales de dépistage de grossesse par l’obtention de leur DES. C’est l’occasion pour la nouvelle génération de radiologues de venir prendre à bras le corps cette activité passionnante comme un élément à part entière de la maquette de radiologie générale.

Cette pratique nécessite de multiples compétences : techniques sur le plan échographique avec la gestion de l’anatomie mobile du foetus au sein de l’anatomie maternelle ; cognitives avec une bonne connaissance de l’embryologie, des malformations et des associations syndromiques ; relationnelles avec la gestion simultanée du futur couple parental et de ses angoisses potentielles. Ces compétences multiples recoupent donc parfaitement les autres domaines de l’imagerie médicale diagnostique et interventionnelle. Nul doute donc que nos internes en formation, dans ce domaine comme dans les autres, sauront les acquérir.

C’est dans cette optique que se tiendra le jeudi précédent les JFR une journée théorique entièrement dédiée à cet enseignement. Le vendredi, au sein du village des ultrasons, auront lieu de multiples ateliers pratiques « live » pour pouvoir concrètement aborder de manière pertinente cette formation initiale. Toute la communauté d’imagerie pédiatrique et prénatale est totalement mobilisée afin de permettre aux plus jeunes en formation de faire leurs premiers pas au plus près de cette pratique.

Nous espérons que ces deux jours leur donneront aussi peut-être le goût d’aller plus loin, dans l’échographie diagnostique, le scanner et l’IRM, pratiques qui seront également abordées dans la journée de formation. La SFIPP est une société savante dynamique qui vous aidera à vous épanouir si vous souhaitez vous impliquer dans l’imagerie pédiatrique et prénatale.

Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°32

Publié le 1652508162000