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Je l’ai lu et vous aimerez peut-être le lire aussi : vivre avec nos morts

Publié le 31 May 2022 à 17:41

A la question un peu malicieuse que je pose régulièrement aux internes qui passent dans le service : « quel est, selon vous, le traitement de la mort ? », certains répondent « le deuil », réponse que je trouvais assez pertinente avant de lire cet essai de Delphine Horvilleur.

En effet, le deuil n’est finalement pas le traitement de la mort, c’est juste la finalité de notre survie avec cet événement de disparition physique de celle ou de celui qui nous est chère ou cher. Cependant le traitement à appliquer pour arriver à bien faire le deuil réside très certainement dans la narration. C’est l’importance de cette narration et de son rôle thérapeutique dans l’initiation du deuil qui est exprimée dans ce livre au travers de 11 récits édifiants et bouleversants.

Après avoir entamé des études de médecine, Délphine Horvilleur se réorientera vers le séminaire rabbinique pour exercer finalement la partie la plus « consolatrice » de la médecine humaniste. « Tant de fois je me suis tenue avec des mourants et avec leurs familles. Tant de fois j’ai pris la parole à des enterrements, puis entendu les hommages de fils et de filles endeuillés, de parents dévastés, de conjoints détruits, d’amis anéantis… ». Être rabbin, c’est comme être médecin, c’est vivre avec la mort, celle des autres, qui peut aussi être celle des vôtres. C’est savoir raconter l’histoire de chaque personne pour que cela ait du sens, pour que cela soit de la vie. « Savoir raconter ce qui fut mille fois dit, mais donner à celui qui entend l’histoire pour la première fois des clefs inédites pour appréhender la sienne. Telle est ma fonction. Je me tiens au côté d’hommes et de femmes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits. »

Ce livre nous rappelle donc l’importance de la narration dans le métier de médecin, l’importance de l’histoire de la maladie, de l’histoire du malade, de l’histoire de la relation de soin et ce de la naissance, jusqu’à même au-delà de la mort de nos patients, pour les équipes médico-soignantes qui pratiquent le suivi de deuil.


Dr Eric OZIOL
Lecteur bienveillant, amical
et solidaire.

Article paru dans la revue « Intersyndicat National Des Praticiens D’exercice Hospitalier Et Hospitalo-Universitaire.» / INPH n°24

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