Actualités : Interview : étudiante sage-femme en parcours de recherche

Publié le 09 mai 2022 à 21:37

Présentation générale

Hernout Léa, 4ème année en Sciences Maïeutiques à l’école Michel Vitse d’Amiens. Actuellement en Master 1 BISA en parallèle des études de sages-femmes.

> Quel est l’intitulé de ton Master1 et quand as-tu commencé ton double cursus ?
Le master que j’effectue est le master BISA qui signifie Biologie Santé. Il a pour objectif d’effectuer de la recherche et de l’enseignement par la suite.

Je l’ai ainsi commencé en 3ème année et je le termine cette année, en 4ème année.

> Quelles sont les matières qui y sont enseignées/ que tu as choisies?
Grâce aux matières validées par le cursus de maïeutique, je n’ai que 30 ECTS au lieu de 60 à valider. Cela correspond à 7 UE et le stage de 6 semaines en unité de recherche.

Il y a énormément de matières proposées avec de nombreuses spécialités, que tu trouveras en suivant ce lien.

L’effectuant sur 2 ans, c’est comme si j’avais donc deux fois un premier semestre et deux fois un deuxième semestre. En moyenne j’essaie de valider 2 à 3 matières (UE) de master BISA par “semestre” de maïeutique, je peux ainsi valider tout le master sur 4 semestres. J’ai donc choisi : 

• Altérations génomiques et pathologies
• Infectiologie moléculaire et thérapeutique
• Epidémiologie et recherche clinique en infectiologie
• Techniques de recherche en sciences morphologiques
• Origine des maladies psychiatriques de l’adulte
• Application des sciences morphologiques
• Immuno-interventions et thérapies innovantes
• Des gamètes au blastocyste

Pour mon dernier semestre il ne me reste qu’une seule matière à passer. Je passe actuellement deux dernières matières par sécurité.

> Comment as-tu géré la charge de travail entre les cours de maïeutique, les stages et le master de recherche ?
Alors j’avoue que c’est très très difficile. La charge de travail mais également la charge mentale sont très importantes, c’est une tout autre organisation…

J’effectue mon stage master durant ma 4ème année de sage-femme donc en 3ème année je n’ai fait que valider des matières.

Mes premiers examens de master ont eu lieu pendant un de mes stages sages-femmes, ce qui n’est pas évident comme gestion. Les cours de master sont assez denses, ce ne sont que des nouveautés pour la plupart donc on part de 0… Heureusement certaines matières permettent leur validation par l’intermédiaire de travaux personnels ce qui est plus simple d’organisation.

Le plus important reste le cursus de maïeutique, il ne faut pas l’oublier et il ne faut pas qu’il en pâtisse à cause du master.

Le peu de moment de repos que l’on a devient également du temps de travail pour le master, il est important de trouver une réelle organisation, de bien prévoir en amont le travail à faire afin de ne pas être pris de court et surtout de prendre du temps pour soi!

> Comment as-tu fait pour intégrer ton stage de recherche dans tes études de sages-femmes ?
J’ai donc choisi d’effectuer mon stage de master durant ma 4ème année de sage-femme. En 4ème année on commence la matière “recherche” dans notre cursus maïeutique, c’est-à-dire avec les statistiques, les démarches de recherche, les méthodologies pour les mémoires etc. C’est un avantage considérable pour effectuer son stage de master où les recherches bibliographiques sont demandées et où la rédaction d’un mémoire est demandée.

J’effectue mon stage dans un laboratoire de recherche. Dès le début, je les ai informés de l’impossibilité d’effectuer les 6 semaines en continue dû à mon cursus de maïeutique qui comprend des stages toutes les 3 semaines. Ils m’ont donc proposé de venir dès que j’en aurais la possibilité. Ainsi, mes vacances en maïeutique sont dédiées pour mon stage master, ce qui permet d’effectuer quasiment 3-4 semaines de stage. Pour les semaines restantes, l’école me laisse la possibilité de m’absenter des cours afin de me rendre au laboratoire pour pouvoir travailler.

De la même façon, il n’est pas évident d’effectuer une année sans vacances et de s’organiser entre cours-stages de master et coursstages de maïeutique.

> Qu’est-ce que tu fais pendant ton stage ?
J’effectue une étude sur l’impact des pesticides sur l’appareil reproducteur. L’expérience animale a déjà été effectuée avant mon arrivée. Je suis donc là pour étudier les lames d’histologie au microscope, les prendre en photo, les analyser et donner des résultats. Par la suite, j’ai en objectif secondaire l’étude de lames d’immunohistologie, mais seulement si le temps me le permet. Pour cette étude, il y a plus de manipulations, ce qui peut être intéressant également!

J’appartiens donc à une équipe au sein d’un laboratoire et c’est vraiment génial! Je suis très bien intégrée, soutenue et surtout aiguillée ce qui est très important.

En parallèle de cette étude, j’effectue des recherches bibliographiques pour appuyer mon mémoire. On apprend énormément de choses très intéressantes et le sujet que j’étudie est en lien avec mon cursus de maïeutique. J’ai la chance d’étudier l’appareil reproducteur donc les testicules, les ovaires, les follicules etc, ce qui est en lien direct avec la profession de sagefemme.

Mes connaissances acquises en maïeutique sont très précieuses et celles que j’acquière pendant mon stage et les cours de master sont très enrichissantes et m’aident parfois à voir les choses différemment dans ma future profession. Le cursus de master BISA complète aussi énormément le cursus de maïeutique, c’est très instructif.

> Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite faire un double cursus ?
Une grande motivation, une organisation et surtout le soutien de son équipe pédagogique et de son entourage. Ce n’est pas un double cursus évident, le repos n’existe que très peu. Mais il en vaut réellement la peine, on a aujourd’hui la possibilité en tant que sage-femme d’effectuer de la recherche et c’est une grande avancée à ne pas négliger!

Vous serez confronté·e tous les jours à de la recherche dans les services (prélèvement de méconium, prélèvement de sang de cordon, …) sans forcément y voir l’intérêt. Ce double cursus permet de réellement comprendre les enjeux et le rôle qu’a la sage-femme dans la recherche et principalement en tant qu’acteur·ice principal·e dans les services. Elle permet le lien entre les patientes et les équipes de recherche.

Malgré la difficulté, je conseille d’effectuer ce double cursus si vous en avez la possibilité, au delà de la recherche, il permet aussi l’enseignement par la suite ce qui est également intéressant.

J’apprends énormément de choses, aussi bien personnellement que professionnellement, j’adore ce que je fais et malgré les coups de mou, il faut garder la motivation car cela en vaut réellement la peine !

Léa HERNOUT,
Etudiantes sage-femme en 4ème année à Amiens

Apolline MADEC,
Vice-Présidente en charge de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Article paru dans la revue “L’Engagement” / ANESF n°41

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