Actualités : Interview d'une sage-femme - Quels sont les changements à la suite de la réforme du 3ème cycle dans le binôme internes / sage-femme ?

Publié le 12 mars 2024 à 16:08
Article paru dans la revue « AGOF / Le Cordon Rouge » / AGOF N°25


Qu'en est-il de la réforme des études de maïeutique ?

Dans le monde complexe et exigeant de la salle de naissance, l'évolution des pratiques médicales et des dynamiques d'équipe jouent un rôle crucial dans la qualité des soins dispensée aux patientes. L'introduction du statut de docteur junior en novembre 2020 a apporté un changement significatif dans la formation des médecins en phase de consolidation, suscitant des réflexions de la part des professionnels de la santé.

Nous avons eu l'opportunité de discuter avec Marion Jacquemin, sage-femme depuis 11 ans, qui a suivi sa formation à Rennes et travaille actuellement à Saint-Nazaire. Forte de son expérience singulière en tant que sage-femme ayant traversé de près la réforme du troisième cycle, elle apporte un éclairage précieux sur l'influence du statut de docteur junior dans l'environnement de la salle de naissance.

Avant de commencer pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Marion Jacquemin, sage-femme depuis 11 ans, j'ai suivi ma formation à Rennes et j'exerce actuellement à Saint-Nazaire depuis mes débuts.

Marion, comment percevez-vous l'autonomie des docteurs juniors par rapport aux anciens internes en salle de naissance ?

De mon point de vue de sage-femme, je remarque vraiment une évolution dans l'autonomie des docteurs juniors depuis l'introduction de ce statut. Ils deviennent vite capables de prendre des initiatives et de gérer des situations compliquées seuls, et c'est parce qu'ils sont plongés dedans grâce à leur nouveau statut. Ça se traduit vraiment par une plus grande assurance de leur part. En tout cas c'est mon ressenti ! Je me souviens des internes qui étaient paniqués à l'idée de débuter leur assistanat ou clinicat. Ils se sentaient un peu perdus et stressés, face à des situations qu'ils n'avaient jamais vraiment affronté seuls. Avec cette réforme, je pense que la transition entre l'interne et le statut de chef est bien plus fluide et moins stressante.

Est-ce que vous, en tant que sage-femme, vous avez plus tendance à confier des tâches que vous auriez eu plutôt tendance à adresser initialement à un sénior auparavant ?

Absolument. J'appelle le docteur junior, quel que soit la situation, et ce sera à lui d'appeler son chef s'il sent que la situation lui échappe. Chose que je ne faisais pas forcément avant la réforme. Cela rend le fonctionnement de la salle de naissance beaucoup plus fluide.

Étonnant que seulement un statut puisse changer votre regard sur l'interne de dernière année. Rien ne dit qu'un interne de phase de consolidation avant la réforme était moins compétent que les docteurs juniors actuels.

Je pense que le titre de "docteur" y est pour beaucoup. C'est un terme qui a un impact symbolique. Ils ont passé leur thèse. Cela rassure ! Dans ma tête je ne fais plus autant de distinction entre le chef et le docteur junior. Cela ne remet pas en cause la confiance que j'avais dans les vieux internes avant la réforme.

En parlant de changements positifs liés à la réforme pour les docteurs juniors, avez-vous déjà envisagé des ajustements similaires dans la formation des sages-femmes ? Pensez-vous que l'approche actuelle pourrait bénéficier d'une plus grande autonomie et responsabilisation, à l'image de ce que vous observez chez les docteurs juniors ?

Oui, c'est une réflexion intéressante ! Je pense effectivement qu'il y a des parallèles à faire avec la formation des sages-femmes. Actuellement, les études de sage-femme sont souvent très maternantes, avec une forte supervision. Peut-être que nous pourrions encourager une approche plus centrée sur l'autonomie progressive. Cela pourrait être bénéfique et offrir une transition plus fluide vers l'autonomisation.

Merci à Marion pour sa participation et son point de vue intéressant !

Joris POQUET

Publié le 1710256114000