Informations syndicales : Le combat de trop

Publié le 13 May 2022 à 23:29

Quittant à la date prévue le syndicat, Jean Marty a adressé ce courriel aux membres du Conseil d'administration pour expliquer les raisons de la newsletter très largement reprise dans la presse et les média en continu : l’éloge de la transgression syndicale.

J. MARTY*

Quand je suis rentré au CA du SYNGOF, le secrétaire général était André MISLER. Il était PH de l'hôpital de Saint Dizier et affilié à la CSMF. Il cautionnait en notre nom le plan périnatalité qui déclassait les maternités privées. Ce mal a été irrémédiable. Les membres du collège applaudissaient. Après avoir cassé du médecin libéral avec eux, leur administration hospitalière les a cassés eux aussi.
Dénigré par les mêmes que vous avez suivis pour me condamner, parce que j'étais l'éminence grise de Guy Marie COUSIN, j'ai obtenu qu'un libéral préside le SYNGOF et que nous quittions la CSMF, que nous utilisions une alliance contre nature avec MG pour obtenir le 2ème collège et qu'ainsi nous devenions représentatifs.
Nous avons été disponibles pour que Bertrand signe la convention de l'OPTAM CO, profitant de ce que la CSMF faisait du chantage pour défendre encore une fois les radiologues.
Entre temps, c'est en menaçant de grèves de tout type et que nous n'avons jamais vraiment faites, que nous avons obtenu la revalorisation des dotations des maternités privées au profit des sages femmes de nos salles de naissance et fait doubler notre tarif de l'accouchement et de la péridurale. Nous avons pu reconstruire une protection assurancielle, obtenir l'aide à l'assurance. Incomplètement malheureusement.
J'ai tellement ressenti que j'aurais pu être un de ceux qui sont menacés de ruine que je ne pouvais partir sans essayer encore de les sauver. Ils sont broyés dans l'étau dont un des mors est une expertise souvent mal faite et l'autre le plafonnement de l'assurance. Il n'y a pas pour moi de justification à un manque de solidarité pour ses confrères accablés. Et ne vous croyez pas vous-mêmes à l'abri : le deuxième étage de l'assurance au-dessus du plafond ne fonctionne pas. Des voyous du Ministère nous ont fait taire en nous disant qu'ils étaient d'accord.
Je ne rappelle pas tout cela pour écrire un nouveau roman de Don quichotte mais pour vous dire que c'est par la transgression que le SYNGOF a trouvé un crédit auprès de nos confrères.
La lumière est là où elle est. Cela nous autorise à oser rentrer sous les projecteurs de l'IVG pour dire aux femmes que leur santé de femme n'est pas que l'IVG. Sans praticien serein face à leur RCP, elles n'auront pas de soins de qualité car les meilleurs des médecins n'iront pas prendre les risques des maternités.
Au lieu de proclamer cela avec moi, corriger même le discours, vous avez préféré me clouer au pilori dans le sillage du Collège. Vous pensez que sa reconnaissance vous protège ? Pour information le Président m'a dit qu'il ne savait pas la gravité de notre problème de responsabilité. Les bras m'en sont tombés. Effectivement il y a rupture entre vous et moi. Les intérêts des PUPH qui dirigent le collège ne sont pas les nôtres. Qu'ils le veuillent ou non, ils sont dépendants pour toute leur vie pratique des directeurs d'hôpitaux et ceux-ci veulent notre disparition économique.
Parce que je ne vous en avais pas parlé me dites-vous… Peut-on préparer un coup en dépassant le cercle des 3 ou 4 dirigeants du syndicat ? Bien sûr que non. Je pense que cette démarche a plus déstabilisé le gouvernement que vous ne l'imaginez et pendant que je m'exposais aux coups et en donnais, Bertrand qui était à l'abri en Guyane, est maintenant en situation d'obtenir des résultats.

Ceux qui craignaient pour la réputation du syndicat, étant eux-mêmes plus ou moins retraités, doivent œuvrer à son rétablissement en démissionnant et ainsi rajeunir ses instances dirigeantes. Un syndicat de jeunes, dirigé par des jeunes, c'est ce qu'il y a de mieux pour écrire de nouvelles pages des combats syndicaux, sans passif.
C'est aux jeunes d'assumer les responsabilités qui les engagent.
Je remercie ceux qui ont continué à me soutenir dans ces prises de risques et je pense à eux et à Nadine. Sans oublier les leçons de l'Histoire, les structures doivent changer de style et c'est conscient de cela que j'ai choisi avec votre accord Bertrand pour me succéder. Je ne suis pas de ceux qui démissionnent cinquante fois pour revenir. Je termine aujourd'hui cette phase de transition à la date annoncée. Je retrouverai avec plaisir les confrères au sujet de GYNELOG et GYNERISQ tant que mes compétences techniques dans ces domaines paraîtront utiles. Ce n'est pas pour rien que j'avais refusé d'être président d'honneur du SYNGOF. Mon nom peut en être effacé.
Le pourcentage de syndiqués pour une spécialité est inégalé. Grace à eux les caisses du SYNDICAT sont pleines pour agir. Je souhaite à Antoine GRAVIER bien du courage et de la détermination pour le maintenir à flot si ce nouvel esprit rend inutile l'adhésion à un syndicat qui s'alignera avec prudence.

Transgressivement vôtre,
Jean

Article paru dans la revue “Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France” / SYNGOF n°116

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