Pourquoi choisir l’ostéoarticulaire ?
En essayant d’être objectif, sans rentrer dans des préférences personnelles, je pense qu’un des grands atouts de l’imagerie ostéoarticulaire est sa versatilité. En effet, l’imagerie ostéoarticulaire couvre un grand nombre de pathologies d’étiologies diverses qui se présentent dans des scénarios cliniques variés (e.g., un sportif avec une douleur de l’épaule aussi bien qu’un patient avec un sarcome de la cuisse ont besoin d’une imagerie ostéoarticulaire). Beaucoup de pathologies ostéoarticulaires sont très fréquentes (e.g., rupture méniscale, tendinopathie de la coiffe des rotateurs, hernie discale) et le volume de cette activité atteint sans difficulté 40-50 % de l’activité d’un cabinet de radiologie générale. Ceci génère une activité clinique riche et variée, qui requiert l’utilisation de la totalité des méthodes d’imagerie disponibles. L’activité interventionnelle thérapeutique est aussi un point fort de l’imagerie ostéoarticulaire, commençant de manière simple par des procédures de niveau 1 (e.g., infiltrations, ponctions-lavages), mais pouvant aller très loin en complexité avec des ablations tumorales ou encore des ostéosynthèses scanoguidées. Un radiologue ostéoarticulaire sera donc très utile dans un service de radiologie générale, sera un élément central dans la prise en charge des sportifs et indispensable pour le diagnostic et traitement des pathologies inflammatoires ou tumorales. Il y en a vraiment pour tous les goûts.
Quelles seront les grandes lignes du programme de consolidation ?
Le programme de la phase de consolidation est basé sur 3 axes :
- Les compétences techniques, notamment sur les gestes interventionnels de niveau 1 et les particularités de l’application du scanner et de l’IRM pour le diagnostic des pathologies ostéoarticulaires, ainsi que leurs indications ;
- La radio-anatomie articulaire et péri-articulaire, élément fondamental de l’imagerie ostéoarticulaire ;
- La maîtrise des éléments importants pour le diagnostic des principales pathologies dégénératives, traumatiques, microtraumatiques, inflammatoires et tumorales.
Quelles seront les futures techniques d’imagerie en diagnostic et interventionnel ?
Du coté diagnostique dans un avenir proche nous verrons arriver des outils basés sur l’intelligence artificielle qui vont faciliter la pratique en réduisant les activités fastidieuses et sans intérêt intellectuel que font encore partie du quotidien des radiologues ostéoarticulaires. Des outils permettant une meilleure gestion et une évaluation plus rapide des radiographies réalisées aux urgences, permettant l’accès rapide aux informations cliniques disponibles dans les dossiers des patients commencent à être commercialisés. L’intelligence artificielle est aussi derrière l’application de nouvelles techniques pour la caractérisation des tissus, comme l’analyse par texture, qui vont aussi faciliter le diagnostic de certaines pathologies ostéoarticulaires. Par ailleurs, l’arrivée des techniques avancées pour l’imagerie cinématique des articulations (e.g., le scanner 4D, l’IRM en temps réel) permettront d’aller encore plus loin dans le diagnostic de certaines pathologies dont le mouvement et les contraintes mécaniques sont la base de la physiopathologie.
Du coté interventionnel, nous allons probablement assister à une augmentation des indications des techniques de traitement percutané, avec des nouveaux gestes et des nouveaux outils pour permettre la conversion des procédures chirurgicales classiques en des gestes micro- invasifs. Avec la chirurgie échoguidée, les ablations tumorales et les ostéosynthèses scanoguidées, la frontière entre la chirurgie et la radiologie interventionnelle n’aura jamais été aussi floue. L’expansion de l’activité interventionnelle ostéoarticulaire passe également par le développement des systèmes de guidage et balistique d’aiguille plus efficaces facilitant l’accès à certaines procédures.
En quoi consistera le métier de demain dans votre surspécialité ?
Bien qu’il soit difficile de prévoir l’évolution d’un métier aussi malléable et changeant que la radiologie, dans ce contexte d’ubérisation généralisée de la médecine, je pense que nous allons voir un recentrage de notre activité sur le patient. Un accès direct au patient pour récolter des informations cliniques pertinentes, un bilan diagnostique et un traitement individualisés, centrés sur une prise en charge globale du malade sont la seule solution face à cette dérive actuelle de la médecine avec une approche mécanique et standardisée. Le radiologue ostéoarticulaire ne pourra plus se restreindre à proposer des diagnostics basés sur l’analyse d’un jeu d’images. Il lui sera demandé de décider quel est le bilan d’imagerie nécessaire pour arriver au diagnostic, identifier quelle anomalie est la plus susceptible d’être à l’origine des symptômes du patient, guider le patient vers la prise en charge la plus adaptée et éventuellement participer au traitement.
Quels sont les débouchés de votre surspécialité (public, privé, mixte, universitaire) ?
Sincèrement, toutes les options sont possibles. La demande pour des radiologues ostéoarticulaires est croissante, et ça ne risque pas de s’arranger avec le vieillissement global de la population dans les pays développés. Donc, les règles du marché s’appliquent, la demande crée une offre, qui pour l’instant est assez favorable aux nouveaux radiologues ostéoarticulaires. Ensuite le choix va dépendre du type d’activité ostéoarticulaire recherché, ce qui peut être très variable en fonction de la région. Par exemple à certains endroits l’imagerie des sportifs se fait dans le secteur privé, donc pour une personne qui s’y intéresse ça sera probablement la bonne solution. Inversement, certaines procédures interventionnelles complexes (e.g., ablations tumorales, procédures nécessitant une anesthésie générale) sont plus fréquemment réalisées dans le secteur public. L’accès à des options mixtes a également été facilité et nous assistons actuellement à une tendance de flexibilisation des statuts hospitaliers permettant une activité mi-temps public et privé attractive.
Finalement, l’activité universitaire, trop souvent négligée par les internes français car le parcours est réputé difficile et long. Une erreur, si l’on demande mon avis. L’activité universitaire ostéoarticulaire en France est de haut niveau, attirant des étudiants et internes de partout dans le globe, comme ça a été mon cas il y un certain temps. Un groupe d’universitaires bienveillants prêts à assurer un suivi rapproché des personnes intéressés par cette voie (petit conflit d’intérêt sur ce passage ), qui offre non seulement la garantie d’un épanouissement intellectuel, mais aussi une liberté de gestion de sa vie professionnelle rarement retrouvée dans les autres options.
Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°43