Histoire de la médecine - La place des femmes en médecine

Publié le 04 May 2023 à 11:52

Dates clés

En 1866, Nadedja Souslova est la première femme médecin d’une université mixte d’Europe.
En 1868, les jeunes fi lles sont autorisées à étudier la médecine.
En 1870, Elisabeth Garrett est la première femme médecin en Angleterre.
En 1875, Madeleine Brès est la première femme médecin en France.
En 1886, Augusta Klumpke est la première femme à devenir interne des hôpitaux de Paris.
En 1903, Marie Curie est la première femme à recevoir le prix Nobel.
En 1907, est créée la première école d’infirmières à l’hôpital de la Salpêtrière.

Première femme française médecin

Madeleine Brès

Madeleine Gebelin est née en 1842 dans le Gard en France, d’une mère femme au foyer et d’un père charron. Dès son plus jeune âge, elle découvre le milieu hospitalier en accompagnant son père sur des chantiers. C’est à l’Hôpital de Nîmes qu’est née sa vocation médicale.

En 1858 à l’âge de 15 ans, elle se marie avec Adrien Brès et devient mère.

En 1866, elle demande au Pr Wurtz, doyen de la Faculté de Médecine, l’autorisation de s’inscrire pour obtenir le diplôme de docteur en médecine. Loin d’être opposé à l’idée d’accueillir des étudiantes femmes, il lui conseille d’abord de préparer les baccalauréats nécessaires. Rappelons qu’à la fi n du XIXe siècle, toutes les obtentions de diplôme devaient avoir le consentement du mari.

Après accord de son mari, à l’âge de 26 ans en 1869, elle obtient son baccalauréat en tant que candidate libre. Elle parvient ensuite à s’inscrire en Faculté de Médecine de Paris grâce à l’intervention de l’impératrice Eugénie et au soutien de Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique. Elle fait alors partie des quatre premières étudiantes de l’histoire de l’université en France. Durant la guerre franco-prussienne, en 1870, Madeleine Brès va faire le travail d’hommes partis à la guerre et sur proposition du Pr Broca, va remplir les fonctions d’interne provisoire à la Pitié. Mère de trois enfants et devenue veuve, elle demande à concourir à l’externat puis à l’internat ce qui lui sera refusé par le conseil de surveillance de l’AP-HP. Elle reprend alors ses études doctorales grâce à des aides financières de la part de la baronne James de Rothschild et le conseil général du Gard.

En 1875 à l'âge de 33 ans et après beaucoup de persévérance, elle soutient sa thèse de doctorat « De la mamelle et de l'allaitement » et reçue la mention « extrêmement bien ».

Madeleine Brès devient ainsi la première femme française médecin de la Faculté de médecine de Paris : « Doyenne des Femmes-Médecins de France ».

En 1882, les femmes sont admises à prendre part au concours de l’externat.

En 1885, les femmes élèves externes sont admises à prendre part au concours de l’internat.

En 1880, elle fonde aux Batignolles une crèche modèle et rencontre Louis Magnier de la Source avec lequel elle vivra librement quelques années et aura un quatrième enfant. Elle se dévouera, en tant que précurseur, à la médecine de la femme et de l’enfant pendant 50 ans.

Il y a 100 ans en 1921 et à l’âge de 79 ans, Madeleine Brès meurt à Paris, seule, aveugle, pauvre et oubliée. Affirmant sa liberté tant dans sa vie privée que professionnelle, elle devient un modèle pour chaque féministe militant pour le droit de vivre aussi librement qu’elle.

Clichés sur la femme médecin

Malgré tous les obstacles qui se dressaient devant elle, Madeleine Brès a ouvert la voie aux femmes dans un milieu particulièrement misogyne. À cette époque, nous pouvions entendre des discussions telles que :

Pour faire une femme médecin, il faut lui faire perdre la sensibilité, la timidité, la pudeur, l’endurcir par la vue des choses les plus horribles et les plus effrayantes […] Lorsque la femme en serait arrivée là, je me le demande, que resterait-il de la femme ? Dr Montanier, 1868

La femme ne peut prétendre à parcourir sérieusement la carrière médicale (…) qu'à la condition de cesser d'être femme : de par les lois physiologiques, la femme médecin est un être douteux, hermaphrodite ou sans sexe, en tout cas un monstre. Libre maintenant à celles que tentera cette distinction de chercher à l'acquérir. Et quand elles seront enceintes comment s'approcheront-elles de leurs malades avec leur gros ventre ?

Son nom restera dans les mémoires, comme celui de la première femme ayant bravé un interdit à une époque où les études médicales étaient strictement réservées aux hommes, les femmes s’étant contentées jusque-là du métier de sage-femmes ou d’infirmières.

Démographie

En 1930, les femmes ne représentent que 4 % des praticiens. En 2020, parmi les médecins généralistes de moins de 40 ans, les femmes représentent 65 %. Dans les autres spécialités médicales, elle est de 62 % et chez les spécialistes chirurgicaux de 48 %.

Les projections démographiques estiment à 60 % le nombre de médecins femmes dans le futur. Malgré cette évolution, nous faisons le constat d’un sexisme persistant en médecine. Par exemple, concernant les postes à responsabilité, les écarts entre femmes et hommes docteur en médecine restent présents : 1 chefs de service sur 63 sont des femmes, 3 chefs de pole sur 11 sont des femmes et 3 doyennes de facultés sur 47 doyens sont des femmes.

(source : https://remplafrance.com/
blog/femmes-medecins-france#1) Pour aller plus loin

Littérature

«L’allaitement artificiel et le biberon » - Madeleine Brès
«Les pionnières de la médecine » - Bibliographie sélective [Juin 2021]
https://www.bnf.fr/fr/les-pionnieres-de-la-medecine-bibliographie-selective-juin-2021

Musée d’Histoire de la Médecine – 12 rue de l’École de la Médecine, 75006 Paris

Lucie HOUDOU
Interne en oncologie-radiothérapie

Article paru dans la revue « Association pour l'Enseignement et la
Recherche des Internes en Oncologie » / AERIO N° 5

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Publié le 1683193979000