Histoire de la médecine

Publié le 22 Feb 2024 à 18:06
Article paru dans la revue « AERIO / RIO » / RIO N°6


Le développement des soins palliatifs

Dates clés

En 1662, Sir Thomas Browne dans son ouvrage “The Works of the Learned Sr Thomas Brown” discute du soulagement de la douleur à la fin de la vie.

En 1948, Fondation de la Société Saint Jean l’Evangéliste par l’Abbé Ferrand en France qui est considérée comme la première structure de soins palliatifs dans le monde.

En 1967, ouverture de St. Christopher’s Hospice à Londres fondée par Cicely Saunders.

En 1986, l’OMS défi nit pour la première fois les soins palliatifs et leur donne une reconnaissance officielle.

En 1990, adoption de la « Chartre de la personne en fin de vie ».

En 2002, l’OMS intègre de manière précoce les soins de soutien dans le parcours de soins des maladies graves.

En 2005, « Loi relative aux droits des malades et à la fin de vie ».

En 2014, l’Assemblée mondiale de la santé fait appel aux États membres pour intégrer les soins palliatifs dans leurs systèmes de santé.

En 2016, « Loi Claeys-Leonetti  ».

Les pionniers

Cicely Saunders (UK) 1919-2005

Reconnue comme pionnière des soins palliatifs, Cicely Saunders a mené une carrière remarquable, passant d'infirmière à travailleuse sociale, puis se tournant vers la médecine en 1952. S'engageant à l'hôpital Saint-Luc en Angleterre, elle a eu l'occasion d'interagir directement avec des patients atteints de cancer et de tuberculose en fin de vie. Ces expériences ont abouti à sa conception innovante de la "douleur totale", une souffrance pluridimensionnelle englobant des aspects moraux, physiques, sociaux, psychologiques et spirituels. Sa vision holistique n'était pas sa seule avancée. Elle a également instauré une utilisation méthodique des opioïdes pour le contrôle de la douleur, révolutionnant ainsi la prise en charge de la douleur en fin de vie.

tion innovante de la "douleur totale", une souffrance pluridimensionnelle englobant des aspects moraux, physiques, sociaux, psychologiques et spirituels. Sa vision holistique n'était pas sa seule avancée. Elle a également instauré une utilisation méthodique des opioïdes pour le contrôle de la douleur, révolutionnant ainsi la prise en charge de la douleur en fin de vie.

Dr Elisabeth Kubler Ross (USA) 1926 - 2004

Psychiatre et enseignante, elle a joué un rôle clé dans la transformation de la façon dont nous accompagnons les mourants. Dans son enseignement, elle a intégré la mort comme une étape essentielle du cycle de la vie, initiant ses étudiants à l'importance de l'écoute et de l'empathie dans le soin des patients. Avec une trentaine de publications à son actif, Kubler Ross s'est imposée comme une figure marquante de la littérature médicale. Dans l'un de ses ouvrages majeurs, "Les derniers instants  de la vie", elle a introduit une théorie inédite : les étapes du deuil personnel que traversent les patients en fin de vie. Ce processus comprend cinq phases : déni, colère, marchandage, dépression et acceptation.

Dr Balfour Mount (Canada) 1939

Formé en chirurgie, le Dr Mount s'est redirigé vers la question de la fin de vie au début des années 70, suite à la découverte des travaux d'E. Kubler Ross. À la suite d'une étude sur la situation des patients en fin de vie à Montréal, il a constaté que ces derniers étaient souvent négligés, en grande souffrance, et que les soignants manquaient de réponses adaptées.

Suite à une visite au St Christopher’s Hospice à Londres, qui l'a fortement marqué, il retourne au Canada et fonde une unité de soins palliatifs au sein de l'Hôpital Royal Victoria, qui incluait dès le départ une équipe pluridisciplinaire, un service d'accompagnement au deuil, et un soutien aux patients à domicile.

Le terme "hospice" étant déjà utilisé en français pour désigner les maisons de repos pour personnes âgées, le Dr Mount a choisi le terme "pallier" pour désigner son approche des soins. C'est ainsi que le concept de "soins palliatifs" a fait son entrée dans le langage courant.

Loi Leonetti

22 avril 2005 2 février 2016 • Droit au refus de traitement.
• Légalisation des directives anticipées.
• Interdiction de l'acharnement thérapeutique.
• Mise en place de la sédation en fi n de vie. • Toute personne en phase terminale ou avancée d'une maladie grave et incurable, dont la souff rance ne peut être apaisée, a le droit de demander une sédation profonde et continue jusqu'à son décès.
• Valorisation des directives anticipées qui deviennent contraignantes.
• Obligation de respecter la volonté du patient même en l'absence de directives anticipées.

Au final, l’histoire des soins palliatifs est une histoire d'humanité, d'empathie et d'innovation.

Lucie HOUDOU
Interne en oncologie-radiothérapie

Références

  • https://www.soinspalliatifs.be/les-pionniers.html
  • https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000446240/
  • https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000031970253/
  • Histoire des arts : le portrait de louis pasteur

    Immunothérapie, nom féminin : traitement destiné à augmenter ou à provoquer l’immunité de l’organisme par l’injection d’anticorps ou d’antigènes.

    Dictionnaire Le Robert

    Albert Edelfelt est un peintre né à Porvoo, Finlande, en 1854 et décédé dans la même ville en 1905. Il connait plusieurs courants artistiques  au cours de sa vie : la peinture d’histoire, le réalisme et le plein-airisme, le patriotisme et quelques touches d’impressionnisme. En 1880, il se lie d’amitié avec Jean-Baptiste Pasteur, fils de Louis Pasteur. Jean-Baptiste le présente à son père en 1881. Rapidement, Albert Edelfelt devient non seulement ami mais aussi peintre de la famille.

    En 1885, Edelfelt réalise une huile sur toile de Louis Pasteur à l’aube de la découverte du vaccin antirabique, intitulé sobrement Louis Pasteur. Le tableau est racheté par l’État français en 1886 et exposé au Musée d’Orsay depuis 1986.

    La scène se divise en plusieurs plans. Le premier est composé de Louis Pasteur scrutant un morceau de moelle de lapin, entouré de ses objets de travail dans son laboratoire de l’École Normale Supérieure, rue d’Ulm.

    Le deuxième met en avant une armoire remplie de fioles et autres objets en verre. Le troisième montre une table très simplement esquissée. Les lignes de construction du tableau sont plutôt verticales, soulignant l’érudition du chercheur. Elles sont traversées par une ligne oblique au niveau de la table de travail, faisant intrusion dans le calme de la scène. La gamme chromatique est réduite, dans les tons de marron, de blanc et de rouge. La lumière qui perce de la fenêtre met l’accent sur le bocal de moelle rabique tenue par Pasteur ainsi que sur ses différents outils de travail, le tout dans un léger effet de clair-obscur. Ce jeu de lumière et de lignes de force permet de mettre l’accent sur la puissance de la découverte. Ce tableau est classiquement qualifié de portrait réaliste, mais sa composition et l’importance accordée au contexte pourrait tout autant en faire une nature morte.

    On voit ici plusieurs éléments symboliques de la découverte médicale  : les instruments de laboratoire, le microscope, le livre de sciences sur lequel est placée la main gauche de Pasteur et l’échantillon biologique tenu dans sa main droite. Dans une lettre adressée à sa mère, Edelfelt précise que ce morceau de moelle épinière de lapin n’est «  pas encore bien compris, mais aura une importance dans le futur  ». En effet, à ce moment-là, le vaccin antirabique n’est pas encore connu du grand public.

    À partir de 1880, Louis Pasteur effectue plusieurs expériences visant à immuniser contre la rage, zoonose virale transmissible à l’homme. Il parvient premièrement à stabiliser le virus chez le lapin. Il va ensuite atténuer la virulence en suspendant des moelles de lapins dans des flacons exposés à l’air sec. C’est cette étape qui est représentée dans le tableau d’Edelfelt. Le 6 juillet 1885, il inocule le premier vaccin antirabique à Joseph Meister, un enfant de neuf ans, mordu par un chien enragé. Il reçoit au total treize injections de moelle rabique de moins en moins atténuées. Joseph Meister survit. C’est le premier être humain à avoir été vacciné.

    Ce tableau est présenté au Salon de 1886, accompagné de "Pasteur et sa petite fille" de Léon Bonnat et "Le laboratoire de Pasteur" de Lucien Laurent-Gsell. Le tableau d’Edelfelt connait un grand succès. Le peintre finlandais reçoit une médaille d’or et une médaille d’honneur à l’Exposition universelle de 1889 et est nommé par la même occasion chevalier de la légion d’honneur à seulement 35 ans.

    Jeanne DUVAL

    Références

    • Art & Médecine, Alexis Drahos, éd. Citadelles & Mazenod, p. 222-223
    • Albert Edelfelt, Lumières de Finlande, chap. Des tableaux vivants, ressemblants et novateurs, Joséphine Bindé, éd. Beaux-Arts Magazine Hors-Série, p. 42-45
    • https://www.pasteur.fr/fr/institut-pasteur/notre-histoire/troisieme-epoque-1877-1887

     

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    Publié le 1708621619000