Focus sur Paris

Publié le 1652092816000

 

Alors que je suis en toute fin d’internat, je suis chargée d’écrire un article sur l’internat de pédiatrie à Paris, « en toute objectivité » ! Je vais donc devoir laisser (un peu) de côté mon expérience personnelle pour vous laisser entrevoir de façon la plus impartiale possible ce qu’est l’internat de pédiatrie en Île-de-France. Challenge pas si évident mais accepté !

La maquette parisienne
Pour la formation pratique, 2 stages sont à effectuer en périphérie, c’est-à-dire en dehors des hôpitaux de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (APHP). Aux vues de la proportion de terrains de stage périphériques, cette partie là du contrat ne pose pas de difficulté1.

Sur les 8 semestres, 1 doit être effectué en pédiatrie générale, 1 en néonatologie et 1 en service d’urgences (ou SMUR) ou de réanimation. En pratique, les postes en réanimation étant encore insuffisants, ce dernier semestre peut être validé par 26 gardes faites en réanimation. Il est également possible de faire 2 stages hors filière (le plus souvent en spécialité adulte, en radiologie pédiatrique ou en biologie). Les inter-CHU sont possibles mais il faut l’accord du coordonnateur du DES, et sont plus facilement justifiables s’il s’agit de postes en réanimation du fait de la carence de ces postes en Île-de-France. Sur le plan de la formation théorique, il faut valider la participation à 20 séminaires d’une journée de formation pendant les 4 ans, ainsi que la présentation d’un travail de groupe correspondant à une synthèse sur un sujet pédiatrique lors du symposium d’automne (en 3ème année) et, enfin, participer aux Journées Parisiennes de Pédiatrie (JPP) à deux reprises. À quelques jours de la prise de fonction comme interne, est organisé un séminaire d’accueil, qui permet de présenter le DES, mais aussi de faire quelques mises au point rassurantes avant sa première garde et surtout de rencontrer toute sa promo autour d’un dîner ! Et donc moyennant un mémoire de DES en dernier semestre, vous voilà diplômé ! (Facile...)2

Du côté des stages...
Venir se former à Paris en pédiatrie a un avantage indéniable : la multiplicité des terrains de stages. En effet, avec ses 4 grands CHU (Robert Debré (XIXème arr.), Armand Trousseau (XIIème arr.), Necker Enfants Malades (XVème arr.) et Bicêtre (Kremlin- Bicêtre, 94), mais aussi 5 hôpitaux APHP en banlieue proche, 27 hôpitaux de périphérie, 3 services de spécialité en hôpitaux privés assurant une mission de Service Public et pour novembre 2013, 3 postes chez des praticiens de ville, l’offre de terrain de stage semble illimitée.

1 Site de l’Agence Régionale de Santé : www.ars.iledefrance.sante.fr
2 Site du DES de Pédiatrie Ile-de-France : http://australe.upmc.fr

Cependant, il s’agit également de la ville française formant le plus d’internes avec une augmentation très importante du nombre d’internes par promo (36 en 2008 contre 66 pour 2013). De nombreux terrains de stage ont ainsi été ouverts ces dernières années, principalement au profit des stages de pédiatrie générale et de néonatologie en périphérie.

Cette grande palette de stage permet donc à chacun de se former dans les différents secteurs qu’il souhaite. Pour les futurs pédiatres généralistes, on peut ainsi effectuer facilement 3 ou 4 stages de spécialité en plus de stage de pédiatrie générale. D’un autre côté, les futurs spécialistes peuvent se former dans différentes équipes sans avoir à effectuer d’inter-CHU. Par ailleurs, il y a de nombreux centres de référence au sein des grands services parisiens, dans lesquels la formation est très pointue. Dans tous les stages il est classiquement organisé des cours en début de semestre.

Les inter-CHU sont pour certains d’entre vous le moyen de venir goûter à la vie parisienne le temps d’un semestre. Vous serez très bien accueillis (et pas seulement parce que cela fait plus de week-end de libres) que ce soit dans vos stages ou pour vous faire découvrir de chouettes endroits pour sortir.

Vie pratique
Que l’on soit parisien de souche ou nouvel arrivé, Paris offre à tous un éventail de loisirs plus que large ! Mais c’est aussi une ville où le coût de la vie reste élevé, à commencer par le logement ! Heureusement, avec le salaire de base, les astreintes un week-end sur 3 (plus souvent 1 sur 2 !) et les nombreuses gardes, on s’en sort plutôt bien ! C’est vrai qu’il ne reste pas forcément énormément de temps en dehors du stage, mais avec l’augmentation du nombre d’internes par terrain de stage, cela est vraiment en train de s’améliorer !

Donc sport, musique, théâtre ou autres, vous pouvez continuer (ou commencer !) une activité régulière à Paris3. Du côté des sorties, théâtre, cinéma, expositions, concerts, restaurants, bar, etc., tout est très accessible et il existe un comité d’entreprise de la ville de Paris permettant d’avoir des tarifs privilégiés pour de nombreuses activités4. Donc en plus des grands spots touristiques comme la tour Eiffel et le Louvre, on y boit un verre en terrasse à la Butte aux Cailles ou on assiste à des séances de cinéma en plein air dans le parc de la Villette après une halte à Paris Plage... à consommer sans modération ! Pour les déplacements, là encore c’est assez simple, tous les terrains de stage sont accessibles en transports en commun (du métro au train de banlieue) et il existe des cartes d’abonnement avantageuses et prise en charge à 50 % par la majorité des hôpitaux.

3 Site Ville de Paris : www.paris.fr
4 Site Agospap : www.agospap.com

L’AJP à Paris
Le bureau de l’AJP est essentiellement composé de parisiens (donc non parisiens rejoignez-nous !) et il se charge, en plus des missions nationales de l’association, de l’antenne parisienne5. Ainsi, l’AJP organise des soirées de formation, au rythme d’environ une tous les deux mois, et défend les intérêts des internes lors d’éventuels conflits ou difficultés rencontrées lors des stages ou même plus largement de l’internat. Nous travaillons en collaboration étroite avec le coordonnateur du DES pour améliorer la formation des internes parisiens de pédiatrie. Cette année nous allons également mettre en place des soirées plus informelles de discussion (autour d’un repas !) pour créer un lieu d’échange entre les différentes promos.

La suite...
La grande actualité parisienne est l’ouverture de postes chez le praticien à partir du 6ème semestre, avec une semaine répartie entre 2 ou 3 cabinets proches et la participation à la liste de garde de l’hôpital de proximité (ce qui permet de soulager les petits copains au passage !). On attend beaucoup de cette expérience avant l’ouverture, on l’espère de plus de postes sur Paris mais aussi dans toute la France, comme le souhaitent la majorité d’entre vous6.

La suite, c’est aussi après l’internat. Globalement tout le monde finit par obtenir un poste de chef de clinique s’il le souhaite, avec parfois un délai d’1 à 3 ans après la fin de l’internat. Ce temps permet donc de faire un master 2 (et/ou une thèse de science) et de prendre des dispos pour remplacer par exemple. Pour les postes hospitaliers, ça se corse un peu, les places étant très restreintes, mais elles existent, et comme partout les attributions dépendent énormément de votre parcours.

Donc faire son internat de pédiatrie à Paris c’est une grande chance en termes de formation pratique, mais c’est aussi une ville qui permet de s’épanouir pleinement, même si les échappées vers des espaces moins urbanisés sont toujours les bienvenues ! 

Éloïse Giabicani

Idiomatique
À Paris pas de joli accent chantant, pas d’expression typique (en dehors du verlan très démocratisé), mais en revanche des écueils à éviter :
1 : Inutile de demander une « poche » (ou a fortiori un « pochon ») à la caisse d’un magasin parisien, vous vous heurteriez au regard « lui, il n’est pas d’ici » peu compréhensif de la caissière... essayez avec « sac plastique » !
2 : À Paris, on ne va pas « en ville » ou « au centre »... la ville est partout, donc on va à « Abesses » ou à « Châtelet ».
3 : Après une garde bien chargée quoi de mieux qu’une bonne « chocolatine »... késako ? Eh oui, ici, nous utilisons le bien moins chantant terme de « pain au chocolat ».
4 : Pour des raisons ancestrales ne vous risquez jamais à un « Allez L’OM ! » ou un « Paris on t’... », nos chers supporters n’étant pas toujours gentlemen.
5 Site AJP : www.ajpediatrie.org
6 Cf Lettre AJP n° sondage national sur le stage en pédiatrie ambulatoire.

Article paru dans la revue “Association des Juniors en Pédiatrie” / AJP n°09

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Publié le 1652092816000