Actualités : Être ou devenir cardio-pédiatre

Publié le 06 mai 2022 à 13:35

 

En France la cardio-pédiatrie n’est pas une spécialité individualisée : elle est une surspécialité reconnue à la fois par les sociétés savantes de cardiologie et de pédiatrie.

Historiquement les premiers cardiopédiatres en France étaient principalement de formation cardiologique ce qui explique que le « groupe national des cardio-pédiatres » soit affilié à la « Société Française de Cardiologie » (Filiale de Cardiologie Pédiatrique et Congénitale).

Actuellement, la majorité des cardiopédiatres en exercice ou en formation sont issus de la spécialité pédiatrique. Cette évolution a accompagné le déplacement des activités cardio-pédiatriques vers la période périnatale et les premiers mois de vie, période où se concentre une grande part de la prise en charge des cardiopathies congénitales :

- Diagnostic pré et post natal ;
- Chirurgie des malformations cardiaques graves, suivi postopératoire.

Mais l’activité cardio-pédiatrique s’étend bien au-delà de la période néonatale et de la petite enfance : le nombre d’adultes atteints de cardiopathies congénitales (le plus souvent opérées dans l’enfance) est croissant et dépasse le nombre d’enfants porteurs de malformations cardiaques.

Le champ de la cardio-pédiatrie s’étend donc aux adultes dont le suivi et la prise en charge nécessitent des compétences particulières que les cardiologues n’ont pas acquises au cours de leur cursus de formation.

Selon le mode d’exercice (hospitalier ou en ville) et le type de centre, le cardiopédiatre peut avoir des activités polyvalentes (en général centrées sur la consultation de diagnostic et suivi des cardiopathies où l’échocardiographie a une place essentielle) ou très spécialisées telles que la cardiologie prénatale, la cardiologie néonatale, les cardiopathies congénitales de l’adulte, l’imagerie (échographie, IRM, angioscanner), le cathétérisme diagnostique et interventionnel, la rythmologie, la réanimation, etc.

Le choix de se spécialiser en cardio-pédiatrie est guidé par l’intérêt porté à la pathologie cardiaque de l’enfant et par l’attrait que peut exercer la pratique et l’interprétation des examens cardiologiques comme l’ECG et l’échocardiographie, véritables outils complètement intégrés à la pratique clinique.

La possibilité de réaliser des gestes thérapeutiques lors du cathétérisme cardiaque donne à cette spécialité une dimension de prise en charge globale du patient, allant du diagnostic d’une malformation jusqu’à sa correction. Un autre motif d’attrait pour cette spécialité est l’extraordinaire efficacité des traitements médicaux et chirurgicaux des cardiopathies de l’enfant. Ces traitements, dont les progrès ont été considérables en quelques décennies, représentent une source de grande satisfaction pour les médecins qui ont choisi de soigner les enfants atteints de cardiopathie, même s’il existe encore de rares situations d’échec ou sans espoir.

Le choix de la cardio-pédiatrie est souvent non prémédité : nombre de collègues, comme moi, ont eu envie de faire ce métier grâce à un « patron » ou un « maitre », passionné et passionnant, qui leur a fait découvrir cette spécialité. Après 30 ans de pratique de la plupart des aspects de la cardio-pédiatrie, je peux témoigner que cette discipline est toujours passionnante : il est aussi agréable de constater que bien souvent des relations attachantes se développent avec l’enfant et sa famille en particulier lorsque la cardiopathie réclame un suivi prolongé.

La cardio-pédiatrie n’est pas qu’une spécialité technique : elle a une grande dimension humaine qui se manifeste au quotidien par une relation de confiance avec l’enfant et ses parents, sans laquelle ce métier perdrait beaucoup de son intérêt.

Pr Alain Chantepie
Service Pédiatrie,
CHRU Hôpital Clocheville (Tours)

Article paru dans la revue “Association des Juniors en Pédiatrie” / AJP n°04

Publié le 1651836949000