ENTOG : exchange 2019 in Poland

Publié le 17 May 2022 à 03:04


Chaque année 2 internes de 37 pays membres de l’ENTOG (European Network of Trainees in Obstetrics and Gynaecology) sont invités à se rendre dans un pays hôte et à découvrir le fonctionnement de l’internat de Gynécologie-Obstétrique local. Cette année, j’ai eu la chance de participer à l’ENTOG Exchange qui a eu lieu du 3 au 8 juin 2019 en Pologne.

J’ai pu découvrir la ville d’Olsztyn qui est une ville de 170 000 habitants entourée de grands lacs et de forêts située au Nord-Est de la Pologne. J’ai été accueillie pour mon séjour chez Lukasz, interne en 4e année de Gynécologie-Obstétrique. Il m’a appris que l’internat de GO en Pologne était similaire au nôtre. Les étudiants polonais réalisent 6 ans d’étude médicales puis 5 ans d’internat à la fin duquel ils passent un examen national non classant leur permettant d’obtenir leurs diplômes et de pratiquer. Pour eux, pas d’assistanat ni de clinicat à la sortie de l’internat !

Pour réaliser leurs internats, les néo-internes choisissent une ville universitaire et passe l’intégralité de leur cursus sur place, dans le même service. Pour valider leurs maquettes, les internes doivent également réaliser des semaines de formation dans d’autres services (endocrinologie, chirurgie digestive, pédiatrie…).

En Pologne comme en France, les jeunes internes de GO commencent par être formés en salle de naissance et aux urgences, puis ils ont progressivement accès au bloc opératoire. En raison de la faible rémunération, la plupart des internes polonais doivent travailler en plus de l’internat dans le secteur privé (gardes, sortie ambulance, consultations…) pour arrondir les fins de mois.

Les internes polonais ont chacun un tuteur attribué parmi les médecins du service. Celui-ci est chargé d’encadré l’interne, de le guider et de suivre ses progrès. Ainsi, lors de mon passage, une interne de première année était en stage depuis 7 mois dans le service mais n’avais toujours pas commencé les gardes car son tuteur ne la trouvait pas encore prête pour cet exercice. Autre différence importante, le congé maternité pour les internes est de 1 an, dès le premier enfant.

Lors de mon premier jour dans le service d’Olsztyn je me suis rendue en salle de naissance. J’ai découvert que le taux de césarienne dans le pays était de 40-50 %. Ceci me semble en partie liée au recours systématique à la césarienne pour les fœtus en présentation podalique et une grande partie des grossesse géméllaires. L’instrument de prédilection dans cette maternité est sans aucun doute la ventouse. Aucun médecin présent ne se sert de spatules, et un forceps serait a priori disponible, mais personne ne s’en sert depuis des années

Le second jour, je me suis rendue au bloc opératoire. Ici, peu de différences avec nos pratiques françaises. Les gynécologues polonais réalisent la majorité de leurs actes par cœlioscopie et en ambulatoire. J’ai seulement noté un attrait pour l’abord direct de la cavité, alors qu’en France la plupart nous utilisons préférentiellement l’aiguille de Veress ou l’open cœlioscopie.

La plus grande surprise pour moi a été d’apprendre qu’en Pologne, les gynécologues ne réalisent pas la chirurgie du sein, qui est réservée aux chirurgiens plasticiens.

J’ai également découvert que dans ce pays Européen, l’IVG est illégale. Une IMG peut seulement être pratiquée dans 3 cas : grossesse issue d’un viol, risque pour la vie de la mère ou malformation grave du fœtus. Même dans ces cas-là, il est difficile pour les femmes de trouver un médecin acceptant de réaliser cet acte, la majorité des praticiens y étant opposé. Cela entraîne un trafic illégal de cytotec et une fuite des femmes dans les pays voisins autorisant l’IVG pour réaliser une aspiration endoutérine.

Au-delà des aspects médicaux, ce séjour s’est révélé une très belle aventure humaine. J’ai pu échanger longuement avec les internes polonais et découvrir leurs sens de l’humour et leurs spécialités culinaires qui sont toutes deux inoubliables. Je ne peux que vous encourager à tenter cette expérience !

Claire CARDAILLAC
Interne à Nantes
et Vice-Présidente de l’AGOF
Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°17

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