Actualités : Enquête Santé mentale 2024

Publié le 06 févr. 2025 à 10:01
Article paru dans la revue « ISNAR - L'antidote . » / L'ANTIDOTE N°41

Menée conjointement par l'ANEMF, l'ISNAR-IMG et l'ISNI

Nous sommes maintenant internes, nous avons entendu parler de ces enquêtes sur notre santé mentale menées par nos syndicats et associations… Soit nous y avons répondu, soit nous avons été choquées des résultats. C'est le genre de sujet qui nous prend aux tripes, c'est notre vécu. Quand on lit ces résultats, ce ne sont pas simplement des chiffres, c'est nos vies d'étudiantes : nos soirées de révisions avec l'angoisse du concours, la culpabilité de prendre du temps pour soi et de ne pas réviser, les cheffes maltraitantes, les nuits passées à réviser ou en garde, l'épuisement, notre caractère irritable avec nos amies et notre famille, leur incompréhension...

Pour nous internes, c'est au moins la deuxième enquête avec des résultats catastrophiques que l'on lit, toujours dans l'indifférence générale. On continue de nous traiter d'ingrates corporatistes malgré notre implication au détriment souvent de notre santé mentale.
Les médecins traitants manquent partout sur le territoire, on nous menace d'obligation à l'installation dans des lieux où nous serons isolées et en difficulté. Un collègue arrêté pour burn-out, on se doit de reprendre ces gardes quand bien même on dépasse largement notre temps de travail. Nos journées de formation passées en service parce que “tu comprends il n'y a personne d'autre pour la visite sinon” et notre travail universitaire c'est le soir, la nuit et les weekends. Malgré tout, pour les enseignantes nous restons simplement, invariablement en retard pour rendre nos traces écrites.
Ces chiffres sur notre santé mentale, il faut les lire, les répéter, nous ne pouvons plus invisibiliser ces maux. Car oui, en médecine générale onest parfois mieux loties que d'autres spécialités mais les résultats sur la santé mentale des internes de médecine générale restent les mêmes. On note seulement une différence pour les Violences Sexistes et Sexuelles où les chiffres sont plus élevés, la proportion de femmes y étant plus importante.

-Les Actus de l'ISNAR-IMG

Une soignante déprimée soigne mal !

Une soignante morte ne soigne plus !

Comme vous allez lire plus loin dans ce magazine, la devise des médecins militaires c'est “être et durer”, comme l'a dit le docteur Gadenne. Cela vaut aussi pour nous, il nous faut durer dans le temps pour soigner plus longtemps. Protégeons-nous pour nous et nos patientes.

Comment en sommes-nous arrivées là ? Nous le savons, notre métier même dans les meilleures conditions du monde présente déjà des facteurs de risques psycho-sociaux. C'est-à dire des contraintes qui peuvent affecter notre condition psychique.

Il existe 6 catégories de risques avec au moins 4 intrinsèques à la condition de médecin : l'intensité du travail (avec du travail de nuit inhérent à la permanence des soins), l'exigence émotionnelle (propre à notre métier au contact de la maladie et de la mort) et les rapports sociaux au travail dégradés. Mais aussi en rapport avec notre statut d'interne comme l'insécurité de la situation de travail avec nos changements de stage et de lieu de vie, tous les 6 mois.

N'oublions pas les 2 autres facteurs de risques du fait de conditions de travail dégradées dans un système de soin en souffrance. À savoir le manque d'autonomie face à ce système hospitalier ainsi que le conflit de valeurs entre ce que l'on devrait faire pour soigner et le manque de moyen qui nous l'empêche.

Au-delà d'une santé mentale plus que précaire, cette enquête a permis de mettre en lumière les multiples maltraitances auxquelles nous faisons face pendant nos études : moqueries, surnoms méprisants, être rabaissées, humiliées mais aussi les Violences Sexistes et Sexuelles… Notons une baisse des humiliations rapportées dans l'enquête 2024, à 14 % d'étudiantes victimes versus 23 % dans les résultats de 2021.

Briser le silence et parler est la première étape pour éduquer et améliorer nos conditions !

Notre profession se féminisant nous sommes d'autant plus exposées au VSS notamment sur nos lieux de travail. En effet, deux tiers des VSS au cours de nos études ont lieu à l'hôpital et par des médecins thèses pour la moitié, ou entre étudiantes à 30 % (que ce soit interne sur étudiantes ou entre internes ou entre étudiantes). La hiérarchie inhérente à nos études entraîne une relation d'autorité et de pouvoir : il est de notre devoir de placer la bientraitance au centre de tout échange ! En effet, nous sommes les victimes mais aussi les potentielles futurs ou actuels agresseurs.

-Les Actus de l'ISNAR-IMG

Dans les commentaires libres certaines se sont exprimées en nous témoignant des outrages sexistes, homophobes, racistes et islamophobes. Cela ne peut plus durer !

Soyons les acteur·rices du changement ! Ne restons pas témoins. Brisons la chaîne de la maltraitance, des humiliations et des Violences Sexistes et Sexuelles : nous ne les laisserons plus se perpétrer ! Prenons soin de nous et faisons respecter la loi sur le temps de travail. Demandons plus d'argent pour la santé, pour plus de personnel. Plus de moyens pour le système de soins ! En santé on ne fait pas mieux avec moins et on ne joue pas avec la vie de nos concitoyennes !

Retrouvez l'intégralité de notre dernière enquête Santé Mentale menée en collaboration avec ANEFM, l'ISNARIMG et l'ISNI, avec les résultats de tous tes les étudiantes et internes, le détail des risques psychosociaux, les autres résultats (VSS, TCA, Alcool) ainsi que nos propositions.

Sur notre site internet :
www.isnar-img.com supérieure les enquêtes nationales
Vous y trouverez aussi notre enquête sur le temps de travail des internes de 2023.

Le bureau national de l'ISNAR-IMG est toujours à la recherche de nouveaux elles membres et notamment une Chargée de Mission Risques Psycho-Sociaux, poste clé pour faire évoluer ces sujets en formant et informant les internes.

Si vous avez besoin d'aide n'hésitez pas à consulter votre médecin, les médecins doivent aussi avoir des médecins. 

N'hésitez pas à appeler le numéro suivant :

Numéro national de prévention du suicide : 3114

Retrouvez les réseaux locaux d'aides sur notre site “Structures d'aides pour les internes”

https://www.isnar-img.com/wp-content/uploads/2107-RPS-Structures-daides-pour-les internes.pdf

Rédigé par 
Ariane ROUBI

Publié le 1738832490000