Détecter les attitudes racistes dans les espaces de soins

Publié le 06 sept. 2024 à 11:50
Article paru dans la revue « SNJMG / Jeune MG » / SNJMG N°39

Respectueux
vos soignant-es semblent prendre en compte les enjeux de racisme quand…

• On vous demande : « Pouvez-vous me dire comment prononcer correctement votre nom? ».
• On vous pose surtout des questions ouvertes.
• On ne vous interroge que sur les problématiques liées à votre santé, sans être influencé•e par votre appartenance culturelle.
• On vous propose en début de suivi, de faire remonter, s'il y a un problème ou une maladresse sur des enjeux de racisme.
• Vous vous sentez libre d'évoquer des enjeux liés à votre culture/ethnie sans crainte d'être jugé•e.
• On vous demande : « Que voulez-vous partager avec moi sur votre parcours ? ».

Vigilance
votre soignant-e à des biais racistes quand il/elle…

• Écorche systématiquement votre nom en salle d'attente.
• Se permet des réflexions ou des propos inappropriés sur votre corps, votre culture, votre religion.
• Présuppose souvent que vous avez eu une enfance difficile.
• Vous demande d'où vous venez dès le début de la consultation.
• Ne sait pas vous informer sur les spécificités de votre santé du fait des caractéristiques physiques liées à votre ethnie, culture. 
• Vous dit : « Chez vous, c'est bon mais c'est gras, il va falloir checker le cholestérol ! ».

Alerte
est-ce que cela vous décourage d'aller vers le soin quand…

• Votre soignant-e sous-entend que vous êtes sous emprise parce que vous êtes converti•e à l'islam.
• Vous avez un « white passing » et votre soignant-e fait des réflexions racistes en votre présence.
• Votre soignant•e s'adresse à vous très lentement comme si vous ne compreniez pas le français.
• Votre soignant•e vous demande votre avis sur des sujets de société liés à votre apparence ethnique / culturelle / religieuse.
• Votre soignant•e présuppose de votre précarité à votre nom ou à votre accent, et vérifie que vous avez les moyens de payer. 
• Vous êtes nu•e et votre soignant•e vous dit : « Quels muscles ! Beaucoup d'africains sont de grands athlètes ».

Danger
ce que vous vivez est violent quand…

• Votre soignant•e s'imagine des situations de violences conjugales en fonction de votre religion pré-supposée ou avérée.
• On minimise votre vécu et vos ressentis lorsque vous déposez des témoignages de racisme de la part du corps médical.
• Vous ne comprenez rien à la consultation car votre médecin ne parle pas votre langue et n'a pas cherché de solution pour que vous compreniez.
• Votre soignant•e réduit votre désir d'avoir une grande famille à des raisons d'assistanat financiers.
• Votre soignant•e examine votre enfant dénudé•e dans une autre pièce, sans votre consentement, ni le sien.
• On vous fait subir des actes chirurgicaux sans votre accord, pour vous empêcher d'avoir d'autres enfants.
• Votre soignant•e nie vos ressentis concernant des douleurs physiques et/ou psychologiques, jusqu'à vous mettre en danger de mort.

Outil créé pour l'événement : « Prise en compte des enjeux de racisme dans les espaces de soins : perspectives féministes » 14/10/2023 ASSOCIATION POUR LE SOIN QUEER ET FEMINISTE • https://www.asqf.care 

RACISTOMED
racisme envers les soignant•es*

Respectueux
 vos collègues ne vous distinguent pas des autres…

• Tu ne te sens pas jugée quand tu arrives au travail voilée.
• Tu peux parler librement de ton pays d'origine à tes collègues, sans que cela ne suscite de remarques dégradantes.
• Tes collègues te respectent, on ne te demande pas d'emblée, sans te connaître « D'où tu viens ? » dans le sens « Quel est ton pays d'origine ? ».
• Tu te sens bien intégrée dans l'équipe.

Vigilance
vos collègues ont des biais racistes…

• Tu es une médecin racisée et après t'être présentée et avoir examiné le patient, celui-ci te remercie : « C'est très gentil mademoiselle l'aide-soignante » et te demande avant que tu ne partes s'il va voir le médecin.
• Nouvel-le interne dans le service, ton senior te demande ton origine, tu réponds : « de Chine », il s'étonne que tu parles bien français.
• Étudiant-e infirmier-e, on t'a laissé aller voir une patiente parce que : « elle est arabe et toi aussi, ça vous fera du lien ».
• Tu manges ton déjeuner en salle de pause, des collègues t'interpellent : « Encore des plats qui sentent très fort ! ».
• Lorsque tu parles de racisme en santé, (exemple : syndrome méditerranéen) mais que tes collègues te disent « En général, c'est de l'humour, le réel racisme est rare, nous soignons tout le monde ».
• Étant une infirmière racisée, un collègue te demande avec insistance si tu es célibataire, car il aime les femmes « exotiques ».
• Des soignant•es souhaitent que leurs collègues racisées ou de confession supposée musulmane réalisent la plupart des gardes en jours fériés.

Danger // Alerte
ce que vous vivez est violent…

• Une ASH (agent de service hospitalier) noire arrive en salle de pause, on entend des cris de singe et des rires.
• En tant que soignant•e de formation étrangère, on doute régulièrement de tes compétences.
• Tu entends un médecin tentant d'imiter « l'accent antillais » en se moquant.
• Le médecin chef du service dit « hystéro-bamboulienne » pour distinguer les femmes noires des femmes maghrébines.
• On te fait des remarques sur tes cheveux en les touchant sans te demander.

Crédit : Assemblée Pour des Soins Antiracistes et Populaires (ASAP) Santé pour Tous•tes et Tant Que Je Serai Noire (TQJSN)

 

Publié le 06 sept. 2024 à 11:50