Covid, fatigue de la pandémie, "vivre avec" le virus : vers quelle société ?

Publié le 31 Oct 2022 à 11:18

 

Alors que les gouvernements de nombreux pays occidentaux n'ont jamais vraiment mené de politique de santé publique digne de ce nom vis-à-vis du Covid, émerge depuis quelques temps maintenant toute une rhétorique autour du "vivre avec" le virus. L'idée partant du fait que le virus est là pour longtemps et qu'il faudrait donc apprendre à "vivre avec" et s'adapter. Sur le papier pourquoi pas. Effectivement, le virus semble encore là pour un moment. Mais les versions de ce "vivre avec" qui sont mises en avant ne sont pas des politiques de santé publique. Elles consistent en un abandon pur et simple de toute mesure pour réduire les risques, de toute mesure pour diminuer les contaminations, elles consistent en la ségrégation des personnes malades/handicapées en ne leurs permettant plus l'accès à l'espace public sans risque pour leur santé. Comme le dit Dr Tedros (Directeur Général de l'Organisation Mondiale de la Santé), ci-dessous nous sommes peut être lassé du virus, mais lui n'est pas lassé de nous : "We’re all tired of this virus, and tired of the pandemic. But the virus is not tired of us. Omicron remains the dominant variant, with the BA.5 sub-variant representing more than 90 % of sequences shared in the last month" (1).

Toutes les tentatives des "rassuristes" tels que sont appelés les différents "camps" aujourd'hui visant à rassurer sur la gravité du virus, nier le Covid long, nier les séquelles sur les malades chroniques ne sont pas, à notre sens, de bonnes mesures en termes de politique de santé.

"Vivre avec le virus" sans prendre de mesures de réduction des contaminations, cela conduit à accepter sans rien y faire, les centaines de milliers de morts, les millions de malades du Covid long, les centaines de milliers de malades/handicapé-es qui ont vu leurs états empirer… Nous sommes pleinement d'accord avec l'OMS sur ce point : "There is a lot of talk about learning to live with the #COVID19 virus. But we cannot live with 15,000 deaths a week We cannot live with mounting hospitalizations and deaths. We cannot live with inequitable access to vaccines and other tools" (2).

["Il y a beaucoup de parole sur le fait d'apprendre à vivre avec le virus du COVID-19. Mais nous ne pouvons vivre avec 15 000 décès par semaine. Nous ne pouvons vivre avec des montagnes d'hospitalisations et de décès. Nous ne pouvons vivre avec un accès inéquitable aux vaccins et aux autres outils"].

Vivre avec le covid cela devrait être ceci, comme le disait Antoine Flahaut sur Twitter (3), et non l'abandon de toute politique : "Stratégie en 5 points : K Plan “Ventilation” national ; K Masque FFP2 en lieux clos dès que le virus circule au-dessus d’un seuil ; K Promotion des tests et isolement des positifs ; K Schéma vaccinal complet pour adultes et enfants ; K Médicaments efficaces pour les vulnérables." Nous avons cruellement besoin d'une politique forte en matière de santé pour faire face à la pandémie. Nous appelons les pouvoirs publics à agir et à prendre les mesures qui s'imposent et non à accepter l'inacceptable.

Nous demandons donc : > Un accès simplifié aux médicaments prophylactiques et aux traitements. Dans ce cadre, pour que l'Europe se mobilise pour un accès à d'autres traitements que le Paxlovid, comme les anticorps monoclonaux (et notamment le bamlanivimab et l’etesevimab contre les variants actuels BA.4 et 5) auxquels nous n'avons pas accès ici (4).

> Un plan ventilation/qualité de l'air pour tous les lieux clos et en particulier les écoles et lycées qui ont été rouverts sans mesure et sans ce qui avait été annoncé en termes de qualité de l'air par Emmanuel Macron.

> Une réflexion sur des indicateurs fiables utilisables à la fois en santé publique et pour le suivi des patient-es. En effet le taux d'incidence n'est plus fiable devant le faible taux de dépistage effectué actuellement.

>La mise à disposition gratuite de FFP2 pour tous-tes.

> L'obligation du port du masque en lieux clos dès le passage d'un tel niveau dans les indicateurs mis en place.

Des financements pour la recherche plus importante notamment en direction d'un vaccin multi variants pour les coronaviru

La levée des brevets sur les vaccins afin de permettre un accès plus large aux vaccins dans le monde

> Une politique de santé publique sur la vaccination par l'explication et la pédagogie et non la coercition sur le vaccin pour le Covid mais aussi tous les vaccins au vue de l'apparition de maladies quasi disparues, mais qui réapparaissent devant des taux de vaccination trop faibles

> La promotion du port du masque chirurgical à minima en lieux clos dès que des symptômes d'infection apparaissent, pour les maladies se transmettant via les postillons ou bien par l'air.

Sources
(1) https://twitter.com/WHO/status/1559897543781277699?t=XZDi5R-iGz9lolmDzGQ39g&s=19
(2) https://twitter.com/WHO/status/1559897964054822912?t=Y4FE509Cwcb8Jxt9juRPAg&s=19
(3) https://twitter.com/FLAHAULT/status/1558389566066802689?t=u07Agk55i0zJ4rGj9rvsjA&s=19
(4) https://www.letemps.ch/sciences/un-traitement-efficace-contre-covid-severes-reserve-aux-etatsunis

Le SNJMG

Article paru dans la revue “Le Bulletin des Jeunes Médecins Généralistes” / SNJMG N°34

 

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