Comment je vis mon internat - retour d’expérience

Publié le 04 Aug 2023 à 09:51

Comment je vis mon internat à Caen

L’une des choses sur laquelle il est important d’insister dans ce type de témoignage est sans aucun doute la richesse de notre spécialité, finalement attendue puisque notre spécialité en regroupe trois.

Certains préfèreront peut-être l’endocrinologie et ses pathologies rares, parfois technique sur leur prise en charge. D’autres se tourneront vers le diabète dont la littérature est quasi-infinie. Il ne faut pas oublier la nutrition qui ouvre également de nombreuses autres compétences, c’est une spécialité qui s’intègre parfaitement avec les deux autres de part sa complémentarité et sa polyvalence tout en ouvrant un champ de spécificité passionnant comme les maladies métaboliques.

Dans notre belle ville de Caen, notre formation se veut générale mais pointilleuse avec un accent sur deux choses que je trouve importantes pour s’épanouir dans n’importe quelle situation : la bonne entente avec une équipe soignante compétente et, surtout, l’éducation thérapeutique avec l’accompagnement du patient. Il n’y a rien de plus satisfaisant que de donner les cartes en main à un patient pour qu’il puisse comprendre et prendre en charge sa maladie, de nouer cette alliance thérapeutique, d’autant plus quand elle porte ses fruits.

C’est cette proximité avec les patients qui m’a paradoxalement poussé vers une FST de Pharmacologie clinique. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi ce patient, chez qui vous étiez confiant sur la suite de la prise en charge, s’est mis à mal tolérer la Metformine ? Ce patient qui avait pris énormément de poids sous acide valproïque et qui déclare une pancréatite alors qu’il retrouvait espoir après avoir perdu du poids sous GLP1, est-ce vraiment son GLP1 qui a amené cette pancréatite ? Est-ce que les patients qui font des décompensations acido-cétosiques sous iSGLT2 ne sont pas ceux qui bénéficient le plus du traitement au niveau cardiologique ?

Notre spécialité nous confronte très rapidement à la juste prescription et ses effets indésirables, le meilleur exemple étant l’hypoglycémie après un ajustement de dose, mais on pourrait parler de l’Amiodarone ou des inhibiteurs de checkpoint.

La Pharmacologie clinique me permet donc d’ajouter la bonne compréhension des médicaments que j’utilise dans cette alliance thérapeutique.

Cette FST (instant publicité), permet par ailleurs de consolider sa lecture critique d’article qui est une partie obligatoire de la pharmacovigilance afin d’en dégager l’imputabilité extrinsèque d’un médicament dans une situation donnée.

La pharmacovigilance peut aboutir par la suite à de la pharmaco-épidémiologie qui n’est autre que de la gestion de big data avec une part majeure de statistique et, si le cœur vous en dit, de programmation. Le but ultime étant de parfaire la connaissance d’un médicament, aboutissant parfois à des mesures drastiques.

Un premier exemple parlant est la récente actualisation de la sécurité des AINS par l’ANSM en cas d’infection avec de nombreux cas de décès déclarés en pharmacovigilance, ces cas aboutiront à une étude plus large de pharmaco épidémiologie et, à terme, à une possible restriction d’accès en vente libre pour ces médicaments.

Voilà la majeure partie de l’activité en Pharmacologie clinique. Bien sûr, d’autres manquent à l’appel comme l’addicto vigilance ou la toxicologie.

En conclusion, discutez avec vos CRPV, ils ne demandent qu’à collaborer et ont des outils dont vous ne soupçonnez même pas l’existence qu’ils mettront à votre disposition pour toutes vos idées d’études ou de thèse. Et si jamais vous voulez vous lancer dans cette aventure, cette FST vous apportera beaucoup dans votre développement personnel comme professionnel. Je cite pour terminer le Pr Alexandre, Cardiologue et PU-PH de Pharmacologie clinique du CRPV* de Caen dont la pertinence m’a toujours émerveillé : « La meilleure prescription, c’est celle qu’on ne fait pas ».

Matthieu Interne 6ème semestre
EDN à Caen

Comment je vis mon internat à Rouen

Ce que j’aime dans la vie d’interne en endocrinologie-diabétologie-nutrition, c’est entre autres la diversité : faire chaque jour, et parfois même chaque heure, des choses nouvelles qui n’ont rien à voir, apprendre un peu plus à chaque fois dans des milieux divers et variés avec des équipes différentes ayant chacune des choses à nous apporter.

J’adore le fait de me dire que j’ai le choix sur la pratique que j’aurai plus tard tant sur le contenu que sur la forme et que si l’hospitalier ne m’apportait finalement pas tout ce que j’espérais nous avons cette chance de pouvoir changer d’activité.

Je trouve mes difficultés dans les gardes aux urgences où je ne me sens vraiment pas à l’aise même si je comprends leur caractère obligatoire et la formation que cela pourrait nous apporter, ainsi que dans le rythme de travail que l’internat impose avec une pression que l’on se met à soi-même pour être à la hauteur des attentes de chacun.

Je suis référente des internes de notre spécialité dans ma ville, c’est un rôle qui peut être ingrat et dans lequel on peut se sentir vraiment seul parfois, mais je m’y plais cependant. Cela me permet d’être informée au jour le jour, d’avoir la sensation de changer un peu la donne pour mes co-internes qui en auraient besoin en leur proposant une écoute attentive et en les aidant à faire évoluer les choses, en partageant leurs « combats », en essayant de créer des moments de convivialité… Je ne sais pas si cela change tant de choses que cela pour eux mais personnellement cela me permet de trouver cette place qui me fait défaut et de diminuer ce syndrome de l’imposteur qui ne me quitte jamais vraiment

Mon moteur : essayer d’apporter une touche de bienveillance la plus importante possible avec chacun de mes patients. Mon plus beau cadeau de fi n d’entretien c’est quand ils me demandent si j’exerce sur place et s’ils peuvent faire le reste de leur suivi avec moi. À ce moment je me dis que je suis au bon endroit, que je ne ferais autre chose pour rien au monde et que ce que je fais en vaut vraiment la peine.

Fanny Interne 5ème semestre
EDN à Rouen

Comment je vis mon internat en nutrition

J’ai eu la chance de pouvoir faire mon internat dans un service spécialisé en nutrition, ce qui m’a permis de voir de nombreux aspects de cette spécialité.

Sur le versant obésité

L’activité en HDJ était très intéressante, principalement à destination de patients en pré-chirurgie ou post-chirurgie bariatrique à trois mois, six mois et jusqu’à cinq ans après l’opération. Les consultations pour les suivis médicaux d’obésité sévère, récusés ou non intéressés par la chirurgie étaient également très formatrices. En somme, il s’agit d’une approche très en lien avec le diabète forcément, ainsi qu’avec les autres facteurs de risques cardio-vasculaires comme la dyslipidémie, l’hypertension artérielle ou le SAOS.

J’ai pu aborder également l’aspect pédiatrique qui n’est pas commun dans notre spécialité. Les consultations d’enfants atteints d’obésité (qu’elle soit primaire ou secondaire à une maladie génétique par exemple), avec un temps en compagnie des parents puis en présence de l’enfant, sont des expériences nouvelles et enrichissantes.

Sur le versant dénutrition

La diversité de pratique est impressionnante. Il existe d’une part les consultations bien sûr, pour les patientes anorexiques, les patients avec une pathologie chronique sévère résultant d’une dénutrition, ou les patients dénutris nécessitant une reprise de poids préalable avant une opération chirurgicale, mais également les avis téléphoniques (d’où le nom d’équipe mobile de nutrition) concernant les dénutritions modérés à sévères dans tous les services des hôpitaux (notamment chirurgie digestive, gastro-entérologie, cancérologie, hématologie, endocrinologie…) et les prises en charge en hospitalisation. De l’entrée de l’hospitalisation jusqu’à la sortie, en passant par les staff hebdomadaires multidisciplinaires (en compagnie des psychiatres, diététiciennes, IDE, socio-esthéticiennes, etc.), et les réunions parentales, il est possible de suivre le cheminement des patients atteints d’anorexie, de dénutrition ou d’autres TCA, adulte comme enfant.

En somme, un stage formateur et intéressant, alternant consultations, avis et hospitalisation.

Samy
Interne EDN

Service de nutrition

Article paru dans la revue « Génération Endocrinologie Diabétologie Nutrition »  / GENERATION S ENDOC N°01

 

 

 

 

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