Rencontre avec Aviscène, interne en MG et YouTubeur
« J’essaye de rester le plus proche de la vérité, sans en faire trop, ni enjoliver, ni condescendance. »
H.- Interne en 3e semestre de MG à Lille, vous partagez depuis deux ans votre quotidien, vos rencontres et vos coups de gueule sur votre chaîne YouTube nommée Aviscène. Pourquoi ce pseudo ?
Aviscène.- Pour deux risons. Je me retrouve beaucoup dans les idées du médecin perse Avicenne et c’est un jeu de mots entre le format en « AVI » des vidéos que j’enregistre et la scène que j’ai pratiquée dans des one-man-show avant de faire médecine.
H.- A qui vous adressez-vous dans vos vidéos ?
A.- J’aimerais parler à tout le monde mais, actuellement, ce sont en grande majorité des étudiants, des internes ou des personnes du monde médical qui me suivent. Pour capter le grand public, je suis en train de changer mes vidéos de format avec des reportages, des rencontres.
H.- Quelle est votre vidéo la plus vue ?
A.- (rires) Celle avec Marine Lorphelin. Elle a été visionnée près de 124 000 fois, un record pour ma chaîne !
H.- Vous semblez être intimidé lors de cette vidéo…
A.- Ah oui ? D’autres personnes m’ont fait ce commentaire alors que, franchement, j’étais plutôt à l’aise.
H.- Vous enregistrez parfois vos vidéos directement de retour d’une garde. Est-ce pour garder un teint naturel « postgarde » ?
A.- Non ! (rires) Je n’ai jamais cherché à travailler mon apparence.
Je me présente comme je suis, rasé ou non, avec une tenue dépareillée ou avec des cernes. Je me concentre sur ce que j’ai à dire.
H.- Votre dernière vidéo (au moment de cette interview) « Ma réponse de médecin ingrat à certains députés » est un coup de gueule contre la coercition à l’installation dans les déserts médicaux. Est-ce que vous considérez votre liberté d’expression comme totale ou vous imposez-vous des garde-fous ?
A.- Bien sûr que je m’impose une sorte d’autocensure surtout en ce qui concerne notre obligation à la confidentialité. Il y a beaucoup de choses que je ne dis pas ! Pour autant, j’essaye de rester le plus proche de la vérité, sans en faire trop, ni enjoliver, ni condescendance.
H.- Comment trouvez-vous le temps de faire vivre votre chaîne YouTube ?
A.- Je suis à fond tout le temps ! Je tiens aussi une chronique dans un journal, je fais des vidéos pour moi… Entre le boulot à l’hôpital, les gardes et ma thèse, je n’ai plus de temps libre mais c’est un choix que j’assume. Je pourrais me poser devant Netflix mais j’ai toujours plein de projets en cours ou en devenir.
Elle a été visionnée près de 124 000 fois, un record pour ma chaîne !
H.- Quels retours avez-vous de la part de vos co-internes ?
A.- Les retours sont plutôt positifs, y compris par des chefs de service qui me suivent sur YouTube ou sur les réseaux sociaux. J’ai aussi des avis « toxiques », surtout sur Twitter. Il faut savoir prendre du recul et ne pas répondre.
H.- Où vous voyez-vous dans 5 ans ?
A.- C’est loin ! Après l’internat, je n’ai pas envie de m’installer tout de suite, j’aimerais faire des remplacements un peu partout en France, cela me permettrait de mieux connaître les régions car je n’ai pas eu le temps de beaucoup bouger.
Propos recueillis par Vanessa Pageot
Retrouvez la chaîne d’Aviscène sur https://www.youtube.com/channel/UCGmofCPlLo0W4L7HNfrHgEg
Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°22