Quel a été votre parcours avant la thèse ?
Dans quelle ville avez-vous fait votre externat ?
Externat à la faculté Paris Sud (Orsay et Le KremlinBicêtre) et à la faculté de Nice.
L’internat ?
A Paris
Avez-vous toujours voulu faire de la gynécologieobstétrique ?
Oui, depuis la première fois que j’ai vu un accouchement puis une hystérectomie d’hémostase quand j’étais externe à l’hôpital Antoine Béclère à Clamart.
Pourquoi avoir choisi cette spécialité ?
J’ai choisi cette spécialité car elle est médicochirurgicale et très polyvalente. Elle laisse la possibilité de se sur-spécialiser aussi bien en chirurgie oncologique, uro-gynécologie, fertilité, médecine foeto-maternelle, gynécologie médicale ou faire de l’échographie. L’obstétrique est une spécialité dans laquelle on a des relations fortes avec les patientes et leur famille. Les gardes sont toujours différentes, il n’y a pas de routine. En ce qui concerne la médecine foetomaternelle, suivre des grossesses à risque permet de garder un lien avec les autres spécialités et la médecine fœtale présente un aspect éthique et des enjeux qui sont extrêmement intéressants.
Avez-vous effectué un stage en inter-CHU et où ?
Juste pendant mon externat à Nice
Qu’est-ce qui vous intéressait dans une expérience à l’étranger ?
J’ai toujours voulu aller vivre à l’étranger pour découvrir une nouvelle façon de vivre et de travailler. Cette expérience est riche aussi bien sur le plan humain, que professionnel. Cela apporte de s’ouvrir sur d’autres cultures, de découvrir d’autres pratiques, d’autres points de vue et de parler anglais, aussi bien pour moi que pour mon mari et mes enfants. Ce qui est agréable, c’est de sentir intégré à la vie québécoise et en même temps de profiter du Canada comme un touriste.
Comment est financée votre/vos années au Canada ?
Elle est financée par une bourse canadienne : la bourse en jumelage de fonds de la fondation Sainte-Justine (40 000 dollars par an pendant 2 ans). Je n’ai pas réussi à obtenir de bourse française.
Est-ce qu’un domaine de la spécialité vous intéresse plus particulièrement ?
Oui, la médecine fœto-maternelle.
Qu’est-ce qu’être « fellow » ?
Un fellow est l’équivalent d’un chef de clinique. En Amérique du Nord, les internes qui souhaitent se surspécialiser et rester dans un milieu universitaire font un fellowship. Pendant le fellowship, on change de stage toutes les 4 semaines (6 mois de consultations et de visites en grossesse à risque, 6 mois d’échographie et 1 mois en médecine interne obstétricale, anesthésie, génétique, hématologie obstétricale, néonatalogie, échographie cardiaque fœtale…).
Les différences avec le clinicat sont : plus de temps alloué à la recherche (6 mois sur 2 ans), moins de responsabilité (un sénior est présent à l’hôpital pendant les gardes de nuit en cas de prise en charge difficile ou d’activité importante). Il y a plus d’activité académique (présentations et cours à préparer) et moins d’activité clinique (salle d’accouchement et urgences gynécologiques). En revanche, nous sommes appelés pour apprendre à réaliser les procédures intéressantes (biopsies choriales, foeticides, cordocentèses… dans le cadre de la médecine fœtale).
Comment s’organise votre semaine de travail ?
Selon le stage, on commence à 7h30 ou 8h et on finit vers 17h. On a une garde de 24h par semaine avec repos de sécurité.
Avez-vous une charge universitaire ? des cours à faire ? si oui, à quel public ?
Nous devons faire des cours aux résidents et aux externes, ainsi que des présentations (en moyenne une par mois).
Est-ce que vous parlez en anglais ou en français aux patients, à vos collègues ?
90% des patientes sont francophones et 10% anglophones. Mes collègues sont tous francophones, sauf quelques chercheurs.
Est-ce que prendre en charge des femmes qui n’ont pas la même langue maternelle que vous, vous semble poser problème ?
Non, aucun problème, car au Canada, il y a 2 langues officielles : le français et l’anglais, et les québécois sont tous plus ou moins bilingues. S’ils ne le sont pas, ils sont tolérants si l’on fait quelques fautes ou si on a un fort accent. L’essentiel, c’est de se comprendre.
Quelle suite envisagez-vous ?
Revenir en France faire un clinicat pendant 2 ans à Paris (hôpital Saint-Antoine, puis hôpital Trousseau).
Comptez-vous revenir en France ?
Oui pour faire mon clinicat, mais je pense repartir à l’étranger après, au Canada ou ailleurs.
Est-ce que rester au Canada pour y travailler plus longtemps vous semble possible / facile ? (équivalence de diplôme…)
Oui, c’est possible au Québec depuis qu’il y a l’entente France-Québec. Les médecins français thésés peuvent exercer au Québec. Mais il faut tout d’abord avoir un poste, puis obtenir un permis de travail restrictif de 5 ans dans le même hôpital. Si l’on n’a jamais exercé au Québec, il faut d’abord être « observateur » dans un CHU pendant 3 mois, et cela coûte 1000 dollars par semaine. Obtenir son diplôme, s’installer en prenant une assurance nécessite quand même d’avoir quelques économies.
Qu’est-ce que ces années à l’étranger vous auront apporté de plus intéressant pour votre pratique ?
Ces 2 années m’ont appris à reconsidérer mes pratiques, à toujours me questionner sur les différentes prises en charge que je rencontre. Lorsqu’on ne se trouve pas dans son milieu habituel, on est beaucoup plus en éveil et plus apte à réfléchir et discuter de nos pratiques respectives. Le fellowship donne envie d’échanger et de partager ses connaissances. En Amérique du Nord, la recherche est vraiment prépondérante et le fellowship permet d’en profiter plus facilement qu’en France.
Avez-vous des conseils à donner à des internes de notre spécialité qui seraient intéressés par vivre un stage au Canada ?
Je recommande le fellowship à tous les internes qui ont envie de se sur-spécialiser (en médecine fœtomaternelle, onco-gynécologie ou médecine de la reproduction) et de faire de la recherche. C’est possible de le coupler avec une année de maitrise ou une année de mobilité dans le cadre d’une thèse de sciences. Je conseille de prendre contact avec le département, de s’organiser un an et demi à l’avance et d’avoir de l’argent de côté pour l’installation (vêtements d’hiver, emménagement), les frais de scolarité (3500 dollars par an pour les français) les frais administratifs et d’immigration (environ 1000 dollars).
Par Emeline MAISONNEUVE
Médecine Fœto-maternelle
Gynécologie-Obstétrique
Hôpital Sainte-Justine Montréal
Exemple de projet en cours:
- Stage de cœlioscopie au CICE, à Clermont-Ferrand, axé sur la prise en charge des cancers gynécologiques, négociations en cours pour organiser une prise en charge complète des frais, pour une dizaine d’internes adhérents AGOF.
Dates pressenties : septembre ou octobre, à suivre sur le site…
Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°03