
Le TACFA est une association nationale proposant des conférences en ligne aux externes en médecine, gratuites, accessibles à tous quelle que soit la faculté d'origine, et relues par les universitaires de la spécialité.
Cette association est soutenue par l'UNESS, la Conférence des Doyens et la Coordination Nationale des Collèges d'Enseignants en Médecine.
La médecine du travail y est représentée depuis 2022 grâce à la participation de Florence DOLY (Strasbourg), Cédric JULIEN (Montpellier), Matthias NOCENTI (Toulouse) et nous avons le plaisir d'être rejoints par Olivia GORLIER, interne à Marseille, depuis l'été 2024.
Nous accueillerons avec plaisir les internes qui seraient partants pour nous rejoindre, quelle que soit leur ancienneté dans la spécialité !
À votre tour de tester vos connaissances d'après la R2C ;)
Madame B, 39 ans, est agent de piste-manutentionnaire dans un aéroport depuis 7 ans.
Elle travaille en équipe de nuit. Ses tâches consistent à transporter, charger et décharger les bagages et marchandises dans les soutes. Elle est également chargée de la sécurisation de l'embarquement et du débarquement des passagers. Elle est amenée à conduire des véhicules aéroportuaires et piloter les passerelles d'embarquement.
Vous la recevez en visite de médecine du travail à sa demande. Elle vous informe de sa grossesse, à 12 semaines d'aménorrhée. Il s'agit d'une première grossesse.
Elle ne décrit pas d'antécédents médicaux connus en dehors d'une obésité modérée avec un IMC calculé à 34 kg/m2.
Question 1
À propos des expositions professionnelles suivantes, lesquelles seront à l'origine d'un risque pour le fœtus au cours de la grossesse de cette patiente ? 5 réponses sont attendues.
A. Les horaires de nuit.
B. Les mouvements répétés d'extension et flexion de poignet lors des manutentions.
C. Le risque de toxoplasmose par contact avec les voyageurs.
D. Le risque d'accident lié aux multiples véhicules intervenant de façon simultanée autour de l'avion.
E. L'exposition au bruit des réacteurs.
F. La manutention de charges lourdes.
G. L'exposition aux rayonnements solaires (UV).
H. L'exposition aux rayonnements cosmiques.
I. La station debout prolongée.
Qustion 2
À propos des aménagements et préconisations dans le cadre de la grossesse de Madame B, quelles propositions sont exactes ?
4 réponses sont attendues.
A. Le port d'un casque antibruit permet l'éviction du risque fœtal lié au bruit.
B. En l'absence d'immunisation antérieure, sa vaccination contre la rubéole est recommandée en raison du contact régulier avec les voyageurs.
C. Son affectation temporaire sur un poste sans manutention est une mesure de prévention tertiaire. D. Certains postes de travail sont interdits aux femmes enceintes.
E. Son affectation temporaire sur un poste en horaire de jour ne peut pas s'accompagner d'une réduction de salaire.
F. Son affectation temporaire sur un autre poste nécessite la transmission à l'employeur par le médecin du travail d'un certificat attestant de sa grossesse.
G. Les rendez-vous médicaux de suivi de grossesse devront être réalisés en dehors des horaires de travail.
H. Elle sera dans l'obligation de prendre son congé prénatal au moins 3 semaines avant la date estimée de l'accouchement.
I. Elle devra être revue par le médecin du travail dans les 8 jours précédant la reprise du poste.
J. La périodicité de son suivi médical individuel en santé au travail est fixée par le médecin du travail.
Question 3
Madame B est affectée temporairement sur un poste de gestion d'équipe comportant principalement des tâches de planification et d'encadrement, principalement administratives.
Elle revient vous voir en visite médicale, inquiète sur son devenir professionnel. Le bilan sanguin réalisé au 1er trimestre retrouvait une glycémie à jeun à 1,40 g/L contrôlée une seconde fois à 1,47 g/L.
Les règles hygiéno-diététiques n'ayant pas permis la normalisation de la glycémie, une insulinothérapie a été initiée.
Elle a peu après présenté une perte de connaissance précédée d'une sensation de malaise se manifestant par une asthénie intense, des céphalées et une importante transpiration. Cet épisode était résolutif après resucrage parentéral.
Elle craint que ceci ne l'empêche de conduire des véhicules aéroportuaires et n'entraîne l'inaptitude à son ancien poste.
Quelle(s) réponse(s) est(sont) pertinente(s) dans le cas présent ?
A. Elle sera inapte à la conduite de véhicule aéroportuaire.
B. Elle sera apte à la conduite de véhicule aéroportuaire.
C. La grossesse est un facteur transitoire de décompensation glycémique.
D. Il sera nécessaire de réévaluer ce diabète lors de la reprise post-congé maternité.
E. Toutes les autres propositions sont fausses.
Question 4
À propos de la compatibilité entre diabète de type 2 et conduite de véhicule, quelle(s) proposition(s) est(sont) exacte(s) ?
A. Le traitement du diabète et sa tolérance seront pris en compte pour la décision d'aptitude.
B. L'observance du traitement sera prise en compte pour la décision d'aptitude.
C. La reconnaissance des symptômes d'hypoglycémie par le patient sera prise en compte pour la décision d'aptitude.
D. Le médecin du travail doit conserver une copie du permis de conduire des salariés postés sur des activités de conduite de véhicule.
E. Un avis d'inaptitude émis par le médecin du travail empêche l'embauche sur un poste avec conduite de véhicule dans une autre entreprise.
Correction
Question 1
Réponses attendues : A, D, E, F, I
Les mouvements répétés du poignet majorent le risque de canal carpien, d'autant plus dans un contexte de grossesse, mais pas de risque fœtal connu. Les rayonnements UV sont un risque pour la salariée mais pas spécifiquement pour sa grossesse.
Les rayonnements cosmiques concernent le personnel de bord, pas le personnel au sol.
Les réservoirs et mode de transmission de la toxoplasmose ne sont pas en faveur d'un risque sur ce type de poste.
Pour la D, à la limite du hors-programme, certaines complications de la grossesse comme l'hématome rétro-placentaire post-trauma abdo au T3 peuvent suivre un traumatisme. La coactivité peut majorer le risque accidentel, risque non spécifique de la grossesse.
Question 2
Réponses attendues : D, E, H, J
Les risques fœtaux liés au bruit sont notamment liés au passage des ondes mécaniques à travers la paroi abdominale et le liquide amniotique, surtout pour les fréquences graves. Le port de protections auditives ne permettra pas l'éviction de ce risque.
Pour la rubéole, il s'agit d'un vaccin vivant contre-indiqué chez la femme enceinte. Le poste n'est par ailleurs pas particulièrement exposant.
L'occupation d'un autre poste sur le temps de la grossesse serait une mesure de prévention primaire visant à éviter la survenue de complications lors de cette grossesse.
Les avis du médecin du travail sont soumis au secret médical, le médecin du travail ne peut informer l'employeur de la grossesse.
La visite de reprise aura lieu dans les 8 jours SUIVANT la reprise.
Question 3
Réponses attendues : C, D
Il s'agit d'un diabète dans un contexte de grossesse majorant le déséquilibre glycémique. L'hypoglycémie pourrait être liée à l'initiation du traitement par insuline. S'il s'agit d'un diabète de type 2 découvert au cours de la grossesse, il pourrait persister mais l'insulinothérapie pourrait être remplacée par un traitement antidiabétique oral moins à risque d'hypoglycémie à l'issue de la grossesse.
Il reste encore plusieurs mois avant son retour au poste, pour une pathologie évoluant actuellement dans un contexte transitoire favorable aux décompensations voire complications et dont la prise en charge sera modifiée après l'accouchement. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur son aptitude.
Question 4
Réponses attendues : A, B, C
Sur un poste de sécurité, nous pouvons être amenés à rechercher un risque de perte de connaissance brutale. Dans le cas d'un diabète, les traitements à risque d'hypoglycémie comme l'insulinothérapie, les sulfamides hypoglycémiants ou les glinides sont à rechercher. La capacité du patient à identifier les prodromes du malaise hypoglycémique et sa connaissance de la conduite à tenir, ainsi que son environnement de conduite seront à prendre en compte.
Le médecin du travail émet un avis MÉDICAL d'aptitude à UN POSTE de travail. Une aptitude médicale n'est pas un certificat de compétence : C'est à l'employeur de s'assurer que le salarié a les compétences requises pour occuper son poste de travail. Si on caricature, un boulanger pourrait très bien être reconnu médicalement apte à un poste de pilote de ligne si la compagnie l'embauche et qu'il ne présente pas de pathologie contre-indiquant le poste.
Le médecin du travail prend sa décision en se basant sur l'environnement de travail lié au poste spécifique occupé par le salarié, pas sur son métier dans sa globalité. Selon la pathologie, un salarié pourra très bien être apte au même métier sur un poste comportant des conditions de travail différentes (voire au même poste si plusieurs années après, la pathologie a finalement évolué favorablement).
Le contenu de ce cas clinique ne reflète en rien la position ni du jury national des EDN, ni du conseil scientifique de médecine du centre national des concours d'internats, ni des collèges d'enseignants, ni de la conférence des doyens des facultés de médecine. Ces instances n'approuvent ni ne désapprouvent le contenu de ce cas clinique. Ce cas clinique ne préjuge pas des réponses à apporter lors d'une future session du concours, selon le principe constant de souveraineté des jurys.

