Cardioradiologie ou radiocardiologieou imagerie cardiaque : une histoire de cœur!

Publié le 11 Jul 2022 à 10:57

Un mot sur la cardioradiologie, plus particulièrement sur l’imagerie cardiaque
Cardioradiologie ou radiocardiologie sont des mots que j’ai du mal à utiliser étant donné qu’à mon sens il met forcément en avant l’une ou l’autre des spécialités selon l’ordre dans lequel ils sont employés. L’imagerie cardiaque est un terme plus général, moins connoté, que j’emploierai ici. Elle est en pleine croissance. Nous avons pu constater l’évolution des indications du coroscanner, utilisé au départ pour le dépistage des patients à risque faible ou intermédiaire, qui se retrouve aujourd’hui avec une place centrale dans le contexte d’urgence par l’utilisation grandissante du scanner double énergie. Il en est de même pour l’IRM, dont les indications sont largement étendues. Puis sans parler de l’échocardiographie (ETT) qui reste l’imagerie de première intention, facilement accessible et permettant l’analyse de nombreux paramètres quantitatifs non mesurables via les autres modalités d’imagerie. Tout ce descriptif pour dire que l’imagerie cardiaque mêle plusieurs modalités, statiques, dynamiques, et qu’il existe de nombreuses perspectives (par exemple, le scanner à comptage photonique dans l’étude de la coronaropathie).

Il m’a été demandé de centrer cet article sur l’échocardiographie, étant donné que j’ai obtenu le DIU, c’est donc ce que je vais essayer de faire.

Tout d’abord recentrons-nous sur la place de l’échographie d’une manière générale
En tant qu’interne de radiologie, l’échographie fait partie intégrante de notre métier, puisque l’on est amené à l’utiliser à tous les étages (abdomino-pelvien, ostéo-articulaire, vasculaire, …). Certaines spécialités médicales ont même accès à l’échographie via d’autres DU-DIU.

Maintenant intéressons-nous à l’échocardiographie
La particularité est sa réalisation par les cardiologues, principalement en raison de l’accès dans le contexte d’urgences, de la programmation des consultations de suivi. Mais je suis certaine que vous avez déjà été appelé en garde par l’interne des urgences ou même en journée par un interne de service pour réaliser une échocardiographie

Leur appel est totalement légitime puisque nous réalisons toutes les échographies.

Et vous, à ce moment-là, vous ne vous êtes pas demandé « pourquoi je ne fais pas d’ETT ? Pourquoi je ne suis pas formé à l’ETT  ? Pourquoi est-ce réservé aux cardiologues  ?  ». Si c’est le cas, vous lisez le bon article et j’espère que vous trouverez les réponses à vos interrogations.

Qu’est-ce que le DIU d’échocardiographie ? Lequel ai-je obtenu ?
Comme tous les diplômes inter-universitaires, il est accessible à tout moment de sa formation (interne, assistant, chef de clinique, PH, …). Celui-ci est ouvert aux spécialités  : cardiologie, radiologie, anesthésie-réanimation.
Il a pour but de vous apporter un support théorique et pratique afin que vous soyez à l’aise dans votre pratique courante.

Lequel ai-je obtenu ? Comment se déroulet-il ?
De mon côté, j’ai opté pour le DIU d’échocardiographie et d’imagerie vasculaire non invasive du Professeur Lafitte à Bordeaux. Il est articulé sur 2 années similaires, avec une partie théorique sous forme de support audio et vidéo (plateforme internet e-learning), de QCM d’entraînement à chaque module puis d’une partie pratique (carnet de stage à remplir).
À cela, s’ajoute un séminaire chaque année en présentiel où il est prévu un échange avec les intervenants, une séance sur simulateur. L’examen sanctionnant est réalisé sous la forme de QCM dont la moitié en boucles vidéos auquel il faut obtenir la moyenne.

Pourquoi avoir choisi de faire ce DIU ?
J’ai décidé de valider ce DIU pour plusieurs raisons  : Š
• Tout d’abord, j’ai un intérêt pour l’imagerie cardiaque toutes les modalités confondues et avoir une expérience sur l’ensemble permet à mon sens d’appréhender au mieux sa surspécialité. Š
• Deuxièmement, nous ne sommes pas formés par nos paires radiologues à celle-ci d’où la nécessité de faire le DIU - dernièrement, c’est un examen dynamique, auprès du patient, que j’affectionne particulièrement.

Qu’en est-il de l’interaction avec les cardiologues ?
Tout s’est bien déroulé et tout se déroule encore bien. Mon point de vue est que toute idée qui diffère des habitudes doit être amenée de manière fluide et réfléchie. L’interaction est bonne si l’intention est bonne. En montrant vos arguments, votre objectif, votre motivation, sans esprit conquérant, dans le but de travailler ensemble, tout se passera bien.
Il en est de même en sens inverse, pour les cardiologues qui souhaitent faire de l’imagerie cardiaque et pour lesquels une option dédiée a été intégrée dans leur formation depuis la réforme.

Et pour la pratique future ?
Ayant abordé l’accès à l’échographie par d’autres spécialités, l’intégration d’une option « imagerie cardiaque » dans la formation des cardiologues, pourquoi ne pourrionsnous pas réaliser des ETT  ?
Nous réalisons des échographies en urgence pour invagination, appendicite, insuffisance rénale aiguë, il en est de même pour l’ETT. Nous réalisons des échographies programmées pour toute sorte de symptomatologie, il en est de même pour les ETT.
Le fonctionnement est similaire, il suffit de les intégrer dans la pratique quotidienne et il devient alors possible de prendre une vacation d’échocardiographie programmée, de faire des ETT aux urgences comme on ferait une échographie abdominale pour une cholécystite.
Dans le cadre d’une activité libérale, sachez qu’avoir le DIU d’échocardiographie intéresse les recruteurs.

Des conseils pour les motivés ?
Si vous êtes intéressés par l’imagerie cardiaque, en tant que radiologue, vous avez la possibilité d’être performant dans toutes les modalités (échographie, scanner, IRM), un moyen d’avoir une activité variée.

Une petite note si vous souhaitez affiner vos connaissance en échocardiographie, je vous conseille le livre intitulé « échocardiographie en pratique  » d’Ariel Cohen.

Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°45

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