
Eloïse.– : Salut Anthony, tu es l'heureux élu pour la section « Ailleurs en France » dans cette deuxième édition du Digest'Times. Est-ce que pour commencer tu peux nous faire une présentation rapide de toi ?
Anthony.– : Bonjour Éloïse, tout d'abord merci de m'avoir proposé cet entretien. Je m'appelle Anthony, j'ai 27 ans et je suis interne en 8e semestre de chirurgie digestive. Je réalise mon internat au CHU de Clermont-Ferrand, entre les volcans endormis, le Saint Nectaire et la ferveur de l'ASM !
Eloïse.– : Tu venais de Clermont-Ferrand pendant ton externat ?
Anthony.– : Du tout, j'ai réalisé mon externat à la Faculté de Limoges (plébiscitée par Eva Longoria).
Eloïse.– : Que penses-tu du CHU de Clermont ? En termes de locaux, infrastructure, plateau technique ?
Anthony.– : C'est un CHU en plusieurs sites. Pour les sites principaux il existe le CHU Gabriel Montpied, qui associe des locaux modernes à des locaux plus vieillissant, qui comprend les urgences adultes, l'essentiel des spécialités chirurgicales (hors digestif, pédiatrique, CMF et gynéco-obstétrique) et médicales (hors dermato, hémato, mère-enfant, pôle digestif). Le site Estaing, plus moderne (une dizaine d'années) comprend toutes ces spécialités, dont le pôle digestif, qui associe hépato-gastro-entérologie, oncologie digestive, chirurgie digestive et une réanimation digestive.
Le plateau technique est celui attendu dans un CHU : chirurgie robotique, bloc hybride avec radiologie interventionnelle et plateau d'embolisation, plusieurs réanimations médico-chirurgicales, etc.
Eloïse.– : Le CHU est localisé en centre ville ? Il y a un internat sur place ?
Anthony.– : Les 2 sites principaux sont à 10 minutes en tramway du centre-ville. Accessibles facilement en transport en commun.
L'internat se situe sur le site de Gabriel Montpied, il faut compter 20 à 30 minutes de transports en commun pour joindre les 2 sites, beaucoup moins en vélo.
Eloïse.– : Comment est organisé votre service de chirurgie digestive ? Vous avez quel type d'activité, le nombre de salle de bloc, le nombre d'unités… ?
Anthony.– : En ce qui concerne l'organisation, nous avons donc 2 sites :
• Le CHU Estaing (ou NHE ou CHGE) où est le service de chirurgie programmée, la réanimation digestive, et où sont prises en charge les urgences des services de ce CHU.
• Le CHU Gabriel Montpied (ou GM), où sont les urgences adultes et où est réalisée l'essentiel de l'activité d'urgence, avec un service d'hospitalisation post-op associé.
Cela représente donc 3 à 4 salles de chirurgie programmée sur Estaing, 1 salle d'urgence à Gabriel Montpied, et 4 salles en comptant les périphéries qui sont accessibles facilement depuis Clermont.
Pour ce qui est du service, nous sommes donc entre 10 et 12 internes au CHU qui sont répartis dans 2 ailes du service du CHU ESTAING : Chirurgie A et Chirurgie B, avec 28 lits par secteur (plus hébergements). Entre 4 et 6 internes par secteur qui changent au bout de 3 mois. Chaque interne alterne des semaines de service et de bloc au CHU ESTAING, ainsi que des semaines au CHU Gabriel Montpied pour les urgences et le service post-urgence.

En pratique, cela fait une semaine sur 4 de service et une semaine sur 8 d'urgence, le reste étant pour le bloc opératoire programmé et la consultation.
S'y ajoute 3 lignes d'astreintes et garde :
• Garde au CHU Estaing : appel du service, consultation d'interne, avis dans le CHU ESTAING, reprise au bloc opératoire, urgence du CHU ESTAING, transplantation. Repos de garde respectés.
• Astreinte au CHU Gabriel Montpied : 1 par semaine en moyenne avec 1 WE par mois (Vendredi/dimanche ou samedi). Les repos d'astreinte sont globalement respectés sauf rares situation de sous-effectif majeur.
• Astreinte transplantation : partir en prélèvement avec en chef, l'interne de garde d'Estaing faisant l'explantation du receveur et la greffe sur le CHU de Clermont-Ferrand. Cela représente environ 20 greffes par an.
Eloïse.– : Quelle est la journée type d'un interne ? Comment vous organisez-vous ?
Anthony.– : Il existe donc 4 journées types avec pour point commun un staff quotidien le matin à 8h, reprenant les dossiers des urgences et les dossiers compliqués du service, et un staff de programmation onco-chirurgical le lundi soir à 18h où sont présentés les dossiers oncologiques programmés.
Interne de service à Estaing : Visite le matin après le staff, gère l'hospitalisation.
Interne de garde à Estaing : Aide au service, gère le téléphone d'avis d'Estaing, consultations pansements, préparation et participation aux staffs.
Interne de Bloc programmé à Estaing : Journée au bloc et entreaide avec ceux de service.
Interne de Gabriel Montpied : Visite du service post urgences, gère l'hospitalisation, les avis d'urgences, et le bloc d'urgence.
Eloïse.– : Quel est le rôle des Dr Junior ?
Anthony.– : Le Docteur Junior a un statut de jeune chef. Il n'est pas sur le roulement des internes mais celui des assistants et CCA. Il prend donc progressivement des gardes de chef en étant doublé par un sénior, consulte sur la plage des assistants et CCA, et réalise au moins un jour par semaine en autonomie périphérie.
Eloïse.– : Avez-vous des périphéries ? Faut-il les privilégier en début ou fin d'internat ?
Anthony.– : En effet nous avons 4 CH périphériques dans le département du puy de dôme qui fonctionnent avec le CHU (40min de voiture maximum, possibilité de s'y rendre en train) : VICHY (35min), THIERS (35min), IS SOIRE (40min), RIOM (20min). Il y est réalisé de la chirurgie ambulatoire (paroi, vésicule, proctologie) mais aussi d'hospitalisation (colectomies cancérologiques ou non, chirurgie pariétale lourde, etc.) ainsi qu'une permanence de chirurgie d'urgence jour et nuit pour la plupart.
Les stages en périphérie sont généralement réalisés en 2e et 4e année d'internat, avec pour objectif de privilégier la formation pratique au bloc opératoire.
Eloïse.– : Sinon la ville de Clermont en tant que telle qu'en penses-tu ? Y a-t-il des activités faciles à réaliser aux alentours ?
Anthony.– : La ville est dynamique, riche en restaurants, bars et boîtes en tout genre. Le rugby et les matchs de l'ASM animent la ville. Le Festival du Court Métrage l'hiver, le festival Europavox l'été, ainsi que l'Opéra, le théâtre, la Coopé, permettent une vie culturelle et musicale variées. Les alentours permettent de s'évader en 15 min de voiture : puys, randonnées, sorties VTT, lacs. Ski à moins d'une heure. Un paradis pour les sportifs et ceux qui aiment s'évader dans la nature, avec la possibilité d'avoir les avantages de la vie de citadin. Il est facile de s'y loger à prix très abordables et dans des quartiers dynamiques.
Eloïse.– : Finalement, conseillerais-tu ce centre pour réaliser un interCHU ?
Anthony.– : Je pense que c'est un centre qui peut être enrichissant en tant que stage interCHU.
C'est un centre avec un volume de recrutement conséquent du fait de sa situation géographique et de son organisation avec les périphéries, une activité qui couvre tous les champs de la chirurgie digestive (greffe hépatique et PMO, chirurgie oncologique sus et sous-mésocolique, cytoréduction, fonctionnelle, MICI, proctologique, bariatrique, pariétale, etc.) et qui présente une expertise en chirurgie robotique et mini invasive. La chirurgie robotique est en effet aujourd'hui devenue pratique courante, avec plusieurs plages par semaine, pour une prise en charge des atteinte œsogastriques (Lewis Santy totalement mini invasif, gastrectomies), hépato-biliaires (hépatectomie majeures, pancréatectomies gauche, DPC), colorectales cancérologique ou non, et trouble de la statique pelvienne (promontofixation, total repair).
C'est aussi un centre qui, malgré la multiplication des strates qui tendent à en diminuer l'accès, persévère pour laisser la main aux internes et leur accorder une formation pratique, d'autant plus qu'ils avancent dans leur parcours, aussi bien en chirurgie d'urgence que programmée.
C'est donc un centre avec un internat exigeant et très formateur, sur le plan chirurgical et médical, qui pousse à l'autonomisation, et permet, en tant qu'interCHU, de se former aussi bien à l'ensemble des surspécialisations possibles qu'à un domaine particulier.

Interview par Eloïse PAPET,
interne au CHU de Rouen