3ème cycle et Covid-19 : Quelles conséquences ?

Publié le 13 May 2022 à 13:31

COVID-19

Les premiers cas COVID-19 sont apparus en France début mars 2020 mais nul ne se doutait de l'évolution massive et de l’ampleur de cette épidémie sur le territoire français et de ses conséquences actuelles pour la vie des Français. En effet, les mois de mars/avril dans les calendriers habituels des UFR, ARS et syndicats locaux sont principalement dédiés à l'organisation de la répartition des terrains de stage du semestre d'été. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Des plans blancs ont été dessinés dans les hôpitaux, des activités de consultations non urgentes, des blocs programmés supprimés et les internes ont dû changer leurs activités quotidiennes et participer sur la base du volontariat au fonctionnement de lignes de régulation COVID, de gardes aux urgences, d’unités d’hospitalisation COVID et bien d’autres nouvelles activités en lien avec la crise sanitaire.

Mais qu’en est-il du cursus de formation initiale d’interne ?
Une instruction ministérielle puis un erratum de celle-ci 24 heures après, soit le jeudi 19 mars 2020 a été publiée dans le Journal Officiel pour faire le point sur les dispositions relatives aux internes COVID-19.

Les internes sont amenés à participer aux soins des patients et à la gestion de la crise sanitaire au sein des équipes médicales et soignantes. En conséquence, les internes peuvent être réaffectés dans d’autres services, avec l'autorisation de leurs responsables de terrain de stage dans le même établissement et dans les autres établissements. Ils seront rémunérés à l’identique. Dans cette instruction, il est clairement établi que les internes doivent avoir accès aux mesures de protection, le cas échéant être redirigés vers un autre service ou établissement en mesure de répondre à cette obligation. Les internes en éviction (Internes atteints d’une pathologie chronique ou internes enceintes) ainsi que les internes disponibles doivent participer à la régulation et à la coordination. Les situations de risque d’épuisement professionnel physique et mental doivent être remontées aux référents de la subdivision et aux Cellules d’urgence médico- psychologique. Le droit au remplacement pour les internes à risque d’épuisement doit être invoqué si nécessaire.

Concernant les stages, une situation inédite face à l’ampleur de la crise sanitaire :

  • Dans la plupart des subdivisions, les commissions de subdivision étant la Commission d'Évaluation des Besoins en Formation (CEBF) et la Commission de répartition finale à l’ARS organisées par l'ARS et UFR ont été reportées à une date ultérieure non connue compte tenu de la crise sanitaire en cours. Aucun amphithéâtre dématérialisé ou en présentiel de choix de stage n’a eu lieu à travers les subdivisions. Il conviendra de réévaluer les besoins compte tenu des nouvelles capacités d'hospitalisation et de l'évolution de l'offre de soins pour y affecter des internes en procédant aux différents arbitrages entre services et établissements de santé dans chaque région en collaboration avec les structures représentantes d’internes.
  • Les affectations de stage seront reportées d’un mois renouvelable pour les internes, sauf prise de poste hospitalier en mai 2020 pour les futurs assistants ou chefs de cliniques étant d’actuels internes. Les stages à l’étranger pour le prochain semestre sont tout simplement annulés. Les stages hors subdivisions qui ne se déroulent pas à l’étranger et la disponibilité sont maintenus avec une date d’accès décalée d’un mois renouvelable.
  • Concernant la réforme du 3ème cycle, le départ de la procédure d’appariement des docteurs juniors pourra être décalé à juin 2020 et l’affectation finale des docteurs juniors devra être terminée à la 3ème semaine de juillet. Nous n’avons à ce jour toujours pas obtenu gain de cause concernant notre demande de délai supplémentaire pour le passage de la thèse, qui devra selon les ministères, être soutenue pour les futurs docteurs juniors de novembre 2020 au maximum avant le 31 octobre 2020. Décision semblant complètement illusoire, nous espérons donc un changement de position rapide en réponse à nos multiples appels réguliers sur la question.

Si, à ce jour, dans les établissements de santé, dans les ARS et au gouvernement, la priorité est donnée pour l’instant à la gestion de la crise COVID-19, les questions de la formation des internes, qui sont au front de façon solidaire et volontaire, doivent être aussi écoutées et entendues. Des solutions plus pertinentes notamment pour le passage des thèses dans le cadre de la R3C devront être trouvées, afin de ne léser aucun interne.


Lien utile vers l’instruction complète
version erratum actualisée

TÉMOIGNAGE

Malade et confinée
“Comme si j’'avais un dû par rapport aux autres

Lucie*, interne en 5e semestre, a été dépistée positive au COVID le 19 mars dernier. Elle raconte son confinement.

« Mon service n’est pas très exposé au COVID-19 mais j’ai fait plusieurs gardes aux Urgences. Le 19 mars, je présentais de légers symptômes. Je fus immédiatement confinée dans l’attente des résultats qui se sont révélés positifs. Au début, je n’ai pas bien vécu ce confinement car j’avais l’impression d’être mise à l’écart. J’étais frustrée car je me sentais capable de travailler et d’aider mes collègues. Mes cointernes ont tous très bien réagi, ils se sont montrés solidaires en m’assurant s’être partagés la charge de travail. Ils me disaient de ne pas culpabiliser. Une amie interne me livrait les courses. Je reprends le travail lundi 30 et je suis vraiment impatiente car je me suis sentie éloignée tout ce temps, c’est comme si j’avais un dû auprès des autres internes restés à travailler. ».
*Le prénom a été modifié

Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°24

Publié le 1652441476000