Actualités : Une année pas comme les autres : Année recherche

Publié le 10 déc. 2024 à 07:11
Article paru dans la revue « AGOF / Le Cordon Rouge » / Agof N°26

Bonjour tout le monde ! Pensez-vous qu'il est possible de concilier deux passions qui paraissent opposées ? Qu'est-ce que neurosciences et gynécologie-obstétrique ont à faire l'un avec l'autre ? La réponse dans les paragraphes suivants !

Durant mes études de médecine, j'avais choisi de réaliser un master 1 en neurosciences. En effet, j'ai toujours trouvé ce domaine fascinant surtout en ce qui concerne la cognition et les domaines du fonctionnement mental humain. Puis finalement, la médecine prenant de plus en plus de place, j'ai découvert les maladies neuro inflammatoires et réalisé un stage d'un mois en service dédié. Pour moi c'était un coup de cœur théorique mais la pratique clinique m'impressionnait. C'est donc un autre stage qui m'a donné mon orientation professionnelle sur un autre gros coup de cœur qui a pris le pas sur le premier : la gynécologie-obstétrique. La salle de naissances m'attirait comme un aimant, les modifications du corps liées à la grossesse et les pathologies de la grossesse m'ont vite motivées à virer vers cette belle spécialité.

Donc après cette première réponse, comment cela s'est-il construit ? L'important comme dans tout projet professionnel est de communiquer et de bien s'entourer. En parler aux collègues qui sont déjà passés par là et à vos encadrants de spécialité. Le plus tôt sera le mieux. Une parole ne vaut pas un engagement mais plus vous aurez abordé le sujet tôt, plus on vous prendra au sérieux et vous maximisez vos chances d'obtenir un projet cohérent. Rappelez-vous que vos aînés ont de toute façon un plus gros réseau que vous ! Donc j'en ai parlé à un de mes chefs de clinique qui m'a orientée vers une équipe qu'il avait beaucoup appréciée pour son encadrement et sa pédagogie de qualité. Ensuite, après quelques recherches, j'ai confirmé avec le directeur d'équipe au laboratoire et c'était parti pour la constitution du dossier ! Autre conseil pratique : n'hésitez pas à prendre un entretien en présentiel avec l'équipe et au mieux du mieux avec les étudiants de l'équipe. Les doctorant(e)s sauront mieux que quiconque vous renseigner sur la réalité de la vie au labo et le côté pratique (horaires ? Qualité d'encadrement ?), en tout respect tout honneur.

Ensuite, le financement peut s'obtenir dans différents cadres. Soit vous partez sur une année de mise en disponibilité pour votre projet de recherche (et là, autofinancement, remplacements, etc.), soit vous candidatez pour une bourse d'année recherche (accordée au niveau régional par l'ARS) ou sur une bourse liée au laboratoire lui-même (Fondation pour la Recherche Médicale par exemple, mais vous dépendrez alors de la structure d'accueil et il faut en discuter en amont avec le chef d'quipe selon ses démarches en cours).

Une fois votre dossier sélectionné, bingo ! Vous pouvez envisager votre agenda en fonction du planning très différent durant une année de recherche. La partie théorique dépend de la faculté dont dépend votre master. Pour être informé au mieux il faut dès que possible se rapprocher du ou de la responsable pédagogique et puis pourquoi pas prendre un premier contact avec les étudiants du master (souvent très organisés, friands de la vie étudiante, la vraie, ils ont de mon expérience un esprit très communautaire). Pour le stage, n'hésitez pas à vous tenir au courant et vous incruster dans les réunions d'équipe selon vos disponibilités, c'est toujours apprécié. Sur les détails d'organisation, « sur-communiquez ». Ne vous faites pas avoir en vous laissant entraîner entres gardes et/ou autres obligations car vos expériences en dépendent. En effet, le contrat d'année recherche vous permet voire vous encourage à poursuivre votre activité de gardes dans le service du chef qui a validé votre dossier, sauf refus de la part du directeur d'équipe qui sera votre tuteur scientifique.

Après vous avoir raconté tous ces détails, une question subsiste : qu'est-ce que j'en retiens et qu'est-ce que cela m'a apporté ? Dans les points positifs, j'insisterai sur la pédagogie dont j'ai bénéficié. Les membres de l'équipe, du plus junior au plus expérimenté, se sont toujours montrés présents et motivés pour m'enseigner leurs techniques et leur savoir. On était beaucoup derrière moi dans l'apprentissage, ce qui à mon niveau de formation (DJ) m'a assez perturbée je l'avoue. J'ai pu développer aussi ma fibre scientifique depuis l'esprit critique sur mes résultats ou les articles que je lisais, à l'élaboration d'hypothèses. On allait creuser dans les articles pour chercher la technique la plus efficace et utile pour nos expériences. On se base finalement beaucoup sur l'expérience et les protocoles établis.

Dans les points négatifs, je retiens le côté chargé du stage que j'ai effectué. En effet, il était parfois compliqué de concilier mon planning médical, personnel avec les obligations du labo malgré un accord de principe pour les gardes. C'est vraiment un point saillant à discuter très en détails avant de se lancer (à moins de ne pas être un gros hyperactif ou d'abandonner les gardes pendant un an). Ensuite, le côté répétitif des expériences pour obtenir des résultats fiables et interprétables peut en décourager plus d'un(e). La science est faite d'erreurs et de répétitions et même si on sait qu'on ne va pas révolutionner l'ébullition de l'eau, on est parfois pris de court.

Pour autant, est-ce que je recommande d'effectuer un projet d'année recherche ? Plutôt oui, mais sa qualité dépend vraiment de vos encadrants et de leur disponibilité. Un projet anticipé construit et d'autant mieux vécu qu'il correspond à vos attentes et à celles de l'équipe qui prendra le temps de vous former, voire du projet de carrière qui se dessiner après cela. Donc le meilleur conseil que je puisse donner est d'anticiper vos démarches un maximum et de bien vous entourer !

Morgane GOETZ-FU

 

Publié le 10 déc. 2024 à 07:11