Audrey FONTAINE, Vice-présidente Affaires Internationales, ISNI Déléguée de l’AMM à la 70ème Assemblée Mondiale de la santé
L’ISNI s’est rendu à l’Assemblée Mondiale de la Santé (WHA) à Genève en mai 2017 et à l’assemblée générale de l’Association Médicale Mondiale (AMM) du 10 au 14 octobre 2017.
World Health Assembly (WHA) Assemblée Mondiale de la Santé (AMS)
En mai 2017 s’est tenue la 70ème Assemblée Mondiale de la Santé. Réunion de l’ensemble des membres de l’OMS, cette assemblée est le principal organe décisionnel de l’OMS. Pendant 15 jours les représentants des 194 pays se regroupent pour discuter et arrêter la politique de l’OMS, nommer le directeur général, examiner et approuver le budget. Sont également présents de nombreux organismes non gouvernementaux : la croix rouge, médecins sans frontières, l’assemblée médicale mondiale.
L’AMM, et notamment sa section jeunes médecins, le JDN, est un contact privilégié de l’ISNI à l’international, et nous avons été conviés à prendre part à la délégation de l’Assemblée Médicale Mondiale pour la 70ème assemblée mondiale de la santé.
De nombreux sujets ont été évoqués, que ce soit en comité principal, ou en évènements parallèles organisés par les pays membres. Parmi les évènements les plus marquants, il faut noter une conférence passionnante sur la couverture sanitaire universelle avec 3 directeurs généraux de l’OMS présents, une conférence sur les attaques sur les professionnels de santé et la campagne #NotATarget, et bien entendu l’élection du nouveau Directeur Général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, d’Ethiopie.
Ce fut fascinant et un peu intimidant de se retrouver dans une telle assemblée, mais également extrêmement stimulant. Nous remercions vivement l’assemblée médicale mondiale et espérons que l’ISNI pourra faire à nouveau partie de la délégation l’an prochain.
World Medical Association (WMA) Assemblée Médicale Mondiale (AMM)
L’Assemblée Médicale Mondiale est une organisation internationale de médecins, qui regroupe 111 associations médicales nationales. Son objectif est d’assurer l’indépendance des médecins et les plus hautes normes possibles en matière d’éthique, de soins et d’enseignement médical. L’organisation élabore sous la forme de déclarations, de résolutions ou de prises de position des recommandations éthiques pour les médecins. L’AMM entretient des relations officielles avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les agences gouvernementales et non gouvernementales, les associations médicales régionales, etc.
Les point les plus marquants de l’assemblée générale 2017 ont été : la prise de fonction du Dr Yoshitake Yokokura, 68ème président de l’AMM, l’élection de l’israelien Pr. Leonide Eildelman au poste de président-elect (il deviendra le 69ème président l’année prochaine), et l’adoption de la version révision de la déclaration de Genève. La déclaration de Genève est une version mise à jour du serment d’Hippocrate. La révision actuelle souligne notamment l’importance de l’éthique médicale, des recommandations de bonnes pratiques et attire l’attention sur le bien être des médecins et leurs responsabilités. Un grand pas en avant pour la médecine !
Les jeunes docteurs de la délégation de l’assemblée médicale mondiale (AMM=WMA) au briefing d’introduction de l’Assemblée Mondiale de la Santé (WHA), au Graduate Institute, Genève, le 21/05/17
Interview Dr Sascha REIFF, Président de l'EJD
Le Dr Sascha REIFF est le président de l’European Junior Doctor, un des partenaires privilégiés de l’ISNI sur le plan international.
Audrey FONTAINE.- Peux-tu nous expliquer ce qu’est l’EJD (European Junior Doctors Permanent working group), et comment vous fonctionnez ?
Sacha REIFF.- L’EJD est une organisation non gouvernementale à but non lucratif enregistrée à Bruxelles en tant qu’organisation médicale européenne. Ses membres sont des associations médicales nationales qui représentent les jeunes médecins dans leurs pays respectifs. A l’heure actuelle, il y a 20 membres à part entière : Autriche, Croatie, République Tchèque, Espagne, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pays Bas, Norvège, Portugal, Slovénie, Suède, Grande Bretagne et un membre associé (Turquie).
A.F.- Comment a été créé l’EJD ?
S.R.- L’EJD a été officiellement créé à Bad-Nauheim, en Allemagne en mai 1976 et s’appelait à l’origine Groupe de travail permanent des médecins juniors européens (PWG). Il a été créé en réponse aux premières directives sur les professions de santé émises par la Communauté économique européenne. Les trois principales raisons de sa mise en place ont été de permettre la mobilité des jeunes médecins dans toute l’Europe à des fins éducatives, de créer une voix européenne pour les jeunes médecins et de partager des informations sur les systèmes d’éducation médicale des pays membres.
A.F.- Quels sont les objectifs de l’EJD ? Quel est votre champ d’action ?
S.R.- Les objectifs de l’EJD sont de défendre les intérêts des jeunes médecins en Europe, d’améliorer les relations entre ses organisations membres et de réduire le fossé entre les jeunes médecins de toute l’Europe. L’EJD travaille par l’intermédiaire de ses organisations membres nationales et par son bureau à Bruxelles pour permettre le partage des meilleures pratiques, améliorer la qualité de l’éducation et de la formation, améliorer la mobilité et améliorer les conditions de travail des jeunes médecins en Europe.
A.F.- Combien d’internes représentezvous ?
S.R.- L’EJD représente tous les jeunes médecins à travers l’Europe, qui sont représentés par ses organisations membres nationales. Au dernier dénombrement, il s’agissait d’environ 300 000 personnes.
A.F.- Quels sont les sujets d’actualité sur lesquels votre organisation travaille ?
S.R.- L’EJD évalue actuellement l’impact que la proposition de directive de la Commission sur l’adoption d’un nouveau règlement pour les professions aura sur les jeunes médecins, et la position de l’EJD à ce propos. A travers ses différents groupes de travail, l’EJD travaille également sur :
- le rôle des jeunes médecins dans la délivrance de soins de santé aux réfugiés et aux sans-papiers,
- le burnout des jeunes médecins et la promotion des stratégies pour prévenir, reconnaître et traiter tôt si nécessaire,
- des modules de formation en leadership médical dans le domaine de l’enseignement médical de deuxième et troisième cycles,
- le renforcement de la position de l’EJD sur les obligations contractuelles en termes de mobilité médicale, et les potentielles amendes après la fin de l’internat.
Propos recueillis et traduits par Audrey Fontaine
Interview Dr Caline MATTAR, Présidente du JDN
Le Dr Caline MATTAR est présidente du réseau jeunes médecins de l’assemblée médicale mondiale, le JDN, un des partenaires privilégiés de l’ISNI sur le plan international.
Audrey FONTAINE.- Pourrais-tu nous expliquer ce qu’est le JDN (Junior Doctors Network) ? Et comment vous fonctionnez ?
Caline MATTAR.- Le JDN, «Junior Doctors Network» est une plate-forme internationale pour les jeunes médecins au sein de l’Association Médicale Mondiale. Le JDN regroupe des membres des quatre coins du monde, qui s’intéressent à la santé mondiale, mais aussi à tous les sujets d’intérêt pour les jeunes médecins.
A.F.- Comment le JDN a-t-il été créé ?
C.M.- Le JDN a été créé en 2010, par un groupe de jeunes médecins anciens de l’IFMSA (International Federation for Medical Students Associations) qui ont très vite réalisé qu’il n’y avait pas vraiment de plate-forme/organisation où les jeunes médecins peuvent s’impliquer au niveau international. Le JDN a été voté à l’assemblée générale de l’AMM à Montevideo en octobre 2011 où s’est tenue la première réunion.
A.F.- Quels sont les objectifs du JDN et son champ d’action ?
C.M.- Le JDN a pour mission de donner aux jeunes médecins les moyens de travailler ensemble pour un monde plus sain à travers le plaidoyer, l’éducation et la collaboration internationale.
A.F.- Combien de personnes (jeunes médecins) représentez-vous ?
C.M.- C’est difficile de répondre à cette question, comme celle concernant le nombre de membres.
A.F.- Quels sont les sujets actuellement traités par le JDN ?
C.M.- Actuellement, on s’intéresse aux conditions et heures de travail ainsi que la santé mentale des jeunes médecins, le changement climatique et ses conséquences sur la santé, la résistance aux antibiotiques et les échanges internationaux pour les internes et résidents. Chaque année, les membres du JDN ont l’opportunité de proposer de nouveaux sujets.
6ème semaine de grève de la faim pour les internes polonais !
Depuis 2016 les internes en médecine polonais demandent au gouvernement d’augmenter les dépenses consacrées à la santé, la Pologne ayant l’un des plus faibles taux d’Europe avec seulement 4,4% de son PIB (contre 11,1% pour la France) . Après 2 grèves, de nombreux rendez-vous avec les politiciens, une rencontre avec le president, et malgré une forte mobilisation sur les réseaux sociaux, les internes ne se faisant toujours pas entendre ont du prendre la décision d‘entamer une grève de la faim, et le mouvement de protestation s’est étendu à plusieurs hôpitaux des grandes villes du pays. Les revendications des jeunes médecins sont :
- une augmentation des dépenses de santé à 6,8% en 2021 et à 9% en 2027
- augmentation de salaire des internes. À noter qu’à ce jour ils ne touchent qu’entre 510 et 630€/mois, ce qui couvre à peine le loyer d’un petit appartement à Varsovie. Plusieurs internes sont même obligés de prendre un deuxième emploi pour subvenir à leurs besoins...
- une amélioration de la qualité de la formation
- un meilleur accès à la spécialisation
- une réforme du processus de recrutement Au cours des dernières négociations, le gouvernement polonais aurait proposé une augmentation des dépenses de santé à 6% du PIB en 2025, mais cette solution n’est pas satisfaisante pour les jeunes médecins qui ont à coeur le futur de leur pays et la santé des concitoyens. Les internes polonais ont reçus de nombreux soutiens : European Junior Doctors, British Medical Association, World Medical Association, Comité Permanent des médecins Européens, … Pourtant le gouvernement reste sourd à leurs demandes. Et une sixième semaine de grève de la faim se profile... L’ISNI transmet tout son soutien à ses collègues polonais. La situation ne peut plus durer !
Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°18