Wonder maman

Publié le 11 May 2022 à 13:57


Gardes ou petits pots ? Soirée festive ou tétée toutes les trois heures ? Concilier l’internat avec une maternité n’est pas mission impossible pour Eléonore Tron. Interne en Santé publique à Bordeaux, elle a trouvé son équilibre entre internat, vie de couple, rôle de maman, vie syndicale et… cerise sur le gâteau… rédaction de sa thèse. Tout cela dans un même espace temps !

PORTRAIT :
Ce samedi matin, Eléonore arrive à l’internat avec discrétion ou plutôt avec un certain détachement. Interne en Santé publique (4e semestre) à Bordeaux, à l’hôpital d’instruction des armées de Robert Picqué, elle est – aussi – maman d’un petit garçon de neuf mois, Augustin. La maternité pendant son internat est-elle un choix ? Elle cite un chef de service comme réponse : « Ce n’est jamais le bon moment donc c’est toujours le bon moment ! ». Et de rajouter : « Je ne me voyais pas maman trop tard. Après l’internat, il y a le master 2, puis le post-internat, finalement la sélection ne s’arrête jamais ». Un conjoint ingénieur informatique, loin du cercle médical lui permet de relativiser cee éternelle course au meilleur poste. L’arrivée de son bébé n’a fait que la rassurer dans ses choix d’un équilibre entre vie perso et vie pro à 27 ans. Elle avoue tout de même avoir été anxieuse lors de l’annonce de sa grossesse à son chef de service, « ce n’est pas toujours bien reçu… mais il était très content pour moi et m’a tout de suite félicité ! ». En Santé publique, Eléonore se sait « privilégiée » sans gardes ni horaires décalés. Elle connait certaines internes se « refusant » le droit d’être maman dans un environnement contraint de stages qui ne permet pas toujours de vivre une grossesse sereine.

Ce n’est jamais le bon moment donc c’est toujours le bon moment !

UN BILLARD COMME TABLE À LANGER
Pause billard. Pas pour jouer mais pour changer Augustin. Une table à langer pratique. « J’ai l’habitude de le changer là où je me trouve : sur une table d’amphi, sur un bureau ou même sur une chair de prof ! », raconte-elle un peu malicieuse, ne s’embarrassant pas avec les conventions. En redescendant vers la piscine de l’internat, elle croise trois internes, dont les yeux trahissent la nuit courte d’une garde ou… d’une soirée. « Cela m’est arrivé de me demander si je ne passais pas à côté de ma vie d’étudiante quand je vois mes co-internes s’amuser ». Une pensée brève puisqu’elle reparle immédiatement de son projet de famille à plus long terme. Comment ont réagi ses amis internes à l’annonce de sa grossesse ? « Ils étaient surpris, mais ils étaient tous heureux pour moi. Et c’est vrai qu’en Santé publique je ne suis pas la seule, nous sommes quatre internes à être devenus parents fin 2016 début 2017 ! ».

INVESTIE À FOND DANS LA VIE SYNDICALE
Son apparence douce cache un enthousiasme communicant. Elle ne sait pas faire les choses à moitié. Présidente de l’Association des internes des hôpitaux de Bordeaux en novembre 2015, elle ne lève pas le pied alors qu’elle est enceinte au printemps 2016, au contraire. « Je crois que je n’ai jamais été aussi active que pendant ma grossesse ! ». ant au jour J, Eléonore souhaitait un accouchement dans l’intimité. Elle opte pour une clinique, sans internes en gynéco-obstétrique, avec un suivi par une sage-femme qu’elle ne connaissait pas. Un mois plus tard, elle quie l’AIHB pour… prendre la vice-présidence de l’ISNI ! « Cela peut paraître paradoxal mais c’est plus facile à gérer pour moi car beaucoup des réunions se font par visio, je peux donc les faire de chez moi tout en allaitant ou en m’occupant de mon bébé ». Elle amène son bébé en AG à Paris, en manif pour la grève ou en congrès. « J’ai eu de la chance mon accouchement tombait entre deux stages me permeant de ne pas perdre un semestre. J’ai également bénéficié de beaucoup de bienveillance durant mon stage à l’ARS. Nos études sont déjà longues, je ne voulais pas perdre un semestre ni m’enfermer dans mon rôle unique de mère ».

UNE THÈSE ENTRE DEUX PETITS POTS
Toujours positive, Eléonore confie que les six premiers mois de sa nouvelle vie ont été « compliqués », son bébé refusant le biberon, même avec du lait maternel tiré. Heureusement, sa belle-mère, qui habite à côté de son lieu de stage, se propose de garder Augustin quatre jours par semaine, le dernier jour étant assuré par le père d’Eléonore. Ce choix familial est pour le couple le plus avantageux financièrement mais aussi en flexibilité. Seule ombre au tableau : son master 2 avec une formation théorique de 6 mois à partir de septembre, à Rennes. La première fois où la famille sera séparée. « Je vais chercher une assistante maternelle sur place et mon compagnon viendra nous rejoindre le week-end ». Car le plus dur, dans ce trio de casque es maman-interne-syndicaliste est l’organisation de tous les jours. Avec, si possible, un peu de temps pour soi qu’elle consacre à sa thèse : « J’essaye de profiter de mes soirées pour rédiger ma thèse pendant que mon conjoint s’occupe d’Augustin mais ce n’est pas évident. Heureusement mon conjoint est très présent, il m’a toujours soutenue. Aujourd’hui, je pense déjà à un second enfant mais je souhaite d’abord finir mon internat ».

J 'essaye de profiter de mes soirées pour rédiger ma thèse pendant que mon conjoint s 'occupe d 'Augustin

INFOS PRATIQUES
Congé maternité : le même que celui prévu par le code du travail soit 16 semaines pour une grossesse simple avec une rémunération garantie à 100 %.
Les gardes : Elles sont arrêtées à partir du troisième mois de grossesse. 

La validation des stages :

- Stage en surnombre validant d’une durée de 4 mois minimum pour garder son classement.
- Stage en surnombre non validant qui ne valide pas le semestre mais avec la possibilité d’intégrer un stage indépendanmment du classement. 

Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°17

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